▲▼ Même les grands lecteurs sortent de leur tanière quand il s'agit de Quidditch
D'aussi loin qu'elle pu s'en souvenir - depuis sa découverte du monde sorcier en vérité - Elza avait toujours aimé le Quidditch. Les sports Moldus ne l'avaient jamais vraiment intéressée, elle préférait mille fois se réfugier dans un moelleux fauteuil pour lire un livre plutôt que de taper dans un ballon de football, sans même parler de se trouver au milieu d'une foule hurlante de fan hystériques. Non, vraiment, très peu pour elle.
L'idée merveilleuse du balais volant n'avait pourtant pas manqué de la fasciner lorsqu'elle en avait découvert l'existence. Pour une fillette qui découvrait la magie, voler devenait ainsi une réalité, plutôt que de demeurer au simple état du rêve. Son premier cours de vol avait fait éclore une véritable passion en elle, qui perdurait encore aujourd'hui. Elle n'aurait pu vivre décemment sans Quidditch.
Arrivée à l'âge adulte, les choses étaient bien plus complexes que du temps de Poudlard. Elle ne possédait pas le niveau d'un joueur professionnel, il lui était donc impossible de continuer ainsi la pratique. Elle devait se contenter de voir des matchs, malgré l'inconfort des gradins remplis de spectateurs plus ou moins sympathiques. La plupart du temps, elle se contentait de s'asseoir à sa place, enfermée dans un mutisme à toute épreuve, et, le match terminé, repartait aussi vite.
Cette fois-ci, les faits risquaient de se compliquer. Lorsqu'elle avait quitté son domicile dans l'optique de passer une agréable après-midi à regarder un match de Quidditch, rien ne lui annonçait qu'un homme se serait assis à sa place. Pourtant, d'après les numéros de sièges et de rangées, c'était bien le cas. Déterminée, elle s'avançait à grand pas vers l'homme qui comptait ainsi lui ravir son plaisir, son ticket à la main.
Il ne semblait pas vraiment faire attention à l'Auror qui s'approchait de lui. Plongé dans sa lecture, les yeux passant furieusement de mots en mots, elle pouvait comprendre cette attention qu'il prêtait à l'ouvrage, puisqu'elle avait elle aussi tendance à oublier son environnement lorsqu'il s'agissait de lire.
- Monsieur ?
Rien ne lui répondit, si ce n'était le vent frais qui soufflait sur les gradins, poussant Elza à rajuster les pans de sa cape. Elle ne perdit pas patience, le pauvre bougre s'était sûrement juste trompé de siège sans y prêter attention, accaparé par son livre - ce qu'elle ne pouvait lui reprocher. Il n'y avait pas de quoi en faire un esclandre, il suffisait de prendre son mal en patience et d'attirer le regard du bonhomme.
Elza finit par se pencher vers celui-ci. Avec un sourire un peu rouillé qu'elle voulait avenant, elle porta le regard sur le crane recouvert de cheveux bruns de son interlocuteur, seule partie visible de sa tête, avant de reprendre la parole.
- Monsieur ? Excusez-moi, mais je pense que vous vous êtes trompé de place.
Même les grands lecteurs sortent de leur tanière quand il s'agit de Quidditch
Jonah Brooks & Elza Rowle
Le Quidditch, le meilleur des sports du monde. Rien ne vaut un bon match. Et pour une fois que j'avais mon samedi libre je n'avais pas hésité une seule seconde avant d'acheter des places pour un spectaculaire match. Je ne savais même pas quelles étaient les équipes qui devaient s'affronter mais en quittant mon appartement cet après-midi là j'avais un grand sourire étendu sur les lèvres. A peine je m'assis sur ma place attribuée que je fus prit d'assaut par une tonne de souvenirs. Je me souvins de mon année en tant que batteur dans l'équipe de Gryffondor. Ça avait sûrement été une de mes meilleures années à Poudlard. Je soupirais, mélancolique, avant d'attraper le livre que j'avais pris avec moi. Il manquait encore une bonne demi-heure au début du match et j'avais apporté de quoi m'occuper.
Je me plongeais dans la lecture du dernier manuscrit que j'avais reçu, un policier palpitant, oubliant complètement le monde extérieur. C'était toujours comme ça quand je commençais à lire quelque chose j'en oubliais tout le reste. Les livres avaient toujours été mon échappatoire à la vie réelle, si pleine de gens, de personne avec qui on devait parler. Je devais lire depuis une bonne dizaine de minutes lorsque je vis une ombre s'allonger sur les pages blanches de mon livre. Une personne venait de se planter en face de moi. Je décidais de ne pas faire attention à elle, me disant qu'il ne s'agissait que de quelqu'un qui cherchait à passer. Je l'entendis alors prononcer des mots mais j'étais bien trop loin de ces gradins pour entendre ce qu'elle disait. Ce ne fut qu'à sa deuxième tentative qu'elle attira enfin mon attention.
- Monsieur ? Excusez-moi, mais je pense que vous vous êtes trompé de place
Je regardais la femme blonde aux yeux enchanteurs et au sourire forcé debout face à moi avec un air hébété avant de réaliser ce qu'elle venait de me dire. Je cherchais alors précipitamment mon billet dans la poche de ma veste. Je réussis enfin à le trouver et je l'arborais avec fierté sous les yeux de mon interlocutrice. C'est alors que je réalisais que je m'étais assis à la place J56 au lieu de la J55.
- Oh oui effectivement, dis-je à voix basse. Vous m'en voyez désolé mademoiselle, je ne voulais pas vous importuner.
Et sur ces mots je me levais et me retrouvais dangereusement collé à elle. Je fus immédiatement gêné et je sentis mes joues devenir pourpre. Je m'empressais de me décaler mais je me pris les pieds dans mon sac et manquais de tomber. Je me rattrapais à la dernière seconde sur un des sièges. Avant de m'assoir je me tournais une nouvelle fois vers la blonde avant d'annoncer :
▲▼ Même les grands lecteurs sortent de leur tanière quand il s'agit de Quidditch Non, vraiment, cet homme n'a pas l'air bien méchant. Au contraire, il semble désolé et bien embêté de lui avoir piqué sa place. Ce dont elle ne lui tient pas rigueur, l'erreur est humaine, chacun pouvait se tromper. Il n'y arien de grave, tant qu'il lui laisse reprendre sa place, qu'elle ne se retrouve pas dans l'allée, à regarder ce match debout. Ce visage relevé vers elle l'interpelle, lui donne une étrange impression de déjà-vu, comme si elle le connaissait, l'avait déjà vu quelque part, sans pour autant parvenir à remettre un nom sur ce faciès.
- Oh oui effectivement. Vous m'en voyez désolé mademoiselle, je ne voulais pas vous importuner.
Et le voilà qui se lève, chancelle contre elle, rougit, se prend les pieds dans quelque chose. Le sourire d'Elza, légèrement crispée par leur proximité, ne quitte pas ses lèvres, attendant patiemment qu'il s'installe à sa place, juste à côté de la sienne. L'erreur est des plus faciles, dans ce cas-ci.
- Je m'appelle Jonah Brooks.
Un sourire plus franc étire la bouche de l'Auror, qui comprend enfin ce sentiment qui l'a saisit depuis qu'elle observe le visage du voleur de place. Elle n'aurait jamais cru revoir des camarades de Poudlard, surtout ces quelques visages perdus au milieu de la foule d'élèves, qui n'avaient pas forcément été des plus proches avec elle, seulement des connaissances. Sans être de grands amis, ils s'étaient tous deux côtoyé du temps de leur scolarité, avait passé du temps ensemble.
- Elza Rowle. Enfin, à l'époque, je m'appelais Archdeacon.
Rappel désespérant de l'eau qui a coulé sous les ponts, de son mariage fait et défait, de son amour mort, de cette peine qui étreint son coeur à chaque fois que quelqu'un prononce son nom de famille. Rowle, ce patronyme qui la suit, dont elle a refusé de se défaire, dernier vestige de de feu son mari.
- Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, nous étions dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor en même temps !
Ou peut-être se trompe-t-elle, devient folle et imagine des choses qui n'ont pas lieu d'être. Alors elle se plait à prier silencieusement, en espérant ne pas débiter des paroles sans queue ni tête à une personne qu'elle n'a jamais croisé auparavant. Ce serait gênant.
Même les grands lecteurs sortent de leur tanière quand il s'agit de Quidditch
Jonah Brooks & Elza Rowle
Le visage de la femme s'illumina en entendant mon nom. Effectivement après l'avoir un peu mieux regardée ses yeux bleus et ces cheveux blonds presque platine m'étaient un quelque peu familier.
- Elza Rowle. Enfin, à l'époque, je m'appelais Archdeacon, répondit-elle en souriant, un sourire bien plus sincère que le premier qu'elle m'avait offert.
Je souris à mon tour. Je me souvenais de cette jeune fille, nous étions compagnons de Poudlard. Sans jamais être très proches, ça nous arrivait de discuter et je l'avais toujours plutôt appréciée. La chose que je me souvenais le mieux c'est que j'avais toujours été incapable de me souvenir de son nom de famille. Heureusement le nom de son mari était bien plus simple.
- Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, nous étions dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor en même temps ! continua Elza dans sa lancée enthousiaste.
A ces mots, mon sourire s'entendit encore plus. Comment oublier ce bon temps.
- Bien sûr que je me souviens ! lançais-je à mon tour non sans moi d'enthousiasme. On était la meilleure des équipes. C'était vraiment le bon temps, fins-je un quelque peu mélancolique.
Puis je réalisais que j'avais encore mon livre sur mes genoux et je me penchais pour le ranger. Il nous restait encore un peu de temps avant que le match ne commence et je me dis que c'était vraiment une chance que j'avais volé la place de Elza, ça m'avait permis de retrouver une ancienne compagne d'aventure.
- Je vois que comme moi vous n'avez pas perdu votre passion pour ce sport merveilleux, repris-je avec un énième sourire.
Même si la vouvoyer était un quelque peu dérangeant, elle s'était adressée à moi comme ça dans un premier temps alors je n'osais pas la déranger en la tutoyant. Elle me paraissait un quelque peu stricte et j'étais bien trop timide pour oser quoi que ce soit qui aurait pu la froisser. C'est alors que le changement de nom me revint à l'esprit.
- Alors comme ça vous aussi vous vous êtes mariées, lançais-je pour continuer notre conversation.
J'espérais que son mariage se passait un peu mieux que le mien. Je soupirais discrètement en repensant à Isla qui avait emporté avec elle mon trésor le plus précieux, ma fille Eleanor.