Nouvel an 2006 : Jeu de masques

Pour la fête du nouvel an, Pansy ne pouvait faire les choses à moitié. Elle adorait les fêtes, Pansy. En plus de ça ce soir, c'était une fête masquée, ce qui promettait d'être amusant. Elle connaissait déjà la tenue de son amie Héra, puisqu'elles s'étaient préparées ensemble. La robe rouge lui allait à ravir. Pour sa part, la Parkinson avait opté pour une tenue propre à son ancien surnom de princesse de Serpentard. Faite sur mesure par la meilleure couturière de la région, la robe verte émeraude de Pansy avait été pour elle un vrai coup de coeur. Sur le tissu transparent qui moulait et révélait l'intégralité du haut de son corps, un subtil feuillage de tissu vert recouvrait sa poitrine avec une certaine sensualité. Elle se trouvait séduisante dans cette robe sophistiquée, qui n'était en rien vulgaire sinon très élégante. Pour accompagner avec ceci et ses traditionnels talons cachés sous les voiles émeraudes, elle avait déniché un masque vénitien en argent, où étaient incrustés ça et là des petites pierres semblables à des diamants. Il ne manquait plus qu'elle attache autour de son cou une chaîne d'argent et elle serait fin prête. Pour l'occasion, elle avait fait le choix de relever ses cheveux en un chignon, tout en laissant quelque mèches encadrer son visage. Si quelqu'un la reconnaissait, c'est qu'il était très doué.
Le lendemain après avoir reçu sa lettre, Pansy avait reçu une seconde invitation chez elle. L'écriture soignée l'avait intriguée du début jusqu'à la fin et elle n'avait su cacher un sourire victorieux lorsque le parchemin lui révéla que c'était Théodore Nott, son ancien camarade de classe qu'elle avait retrouvé un soir dans un bar, qui demandait à être son cavalier. Elle avait accepté sans rechigner. Le brun avait bien changé depuis l'époque de l'école et elle ne pouvait désormais que le compter parmi les plus beaux sorciers de Grande Bretagne. Cependant, alors qu'il lui avait suggéré de venir la chercher à son domicile pour arriver ensemble à la fête, tout comme le faisait n'importe quel gentleman de sang pur, elle avait été obligée de refuser puisqu'elle devait arriver avec son amie. Hors de question de la laisser arriver seule, elle qui n'avait pas eu de nouvelles de son cavalier.
Théo et elle avaient donc convenu d'un commun accord qu'ils se retrouveraient sur place. Et sur place, la jeune femme y était. Cocktail en main, elle attendait, observant de loin la fille Greengrass qui semblait avoir finalement retrouvé son homme. Le brun n'avait pas intérêt à être trop en retard, elle détestait attendre.

acidbrain

Le sourire de l'alchimiste ne fit qu'accroître celui qu'Héra avait déjà. L'éloge qu'elle lui avait fait semblait satisfaire le jeune homme qui n'en avait pourtant nullement besoin. Tout le monde savait à quel point il était prétentieux. Comme beaucoup de choses à son sujet c'était par le biais de ragots qu'elle en avait prit connaissance mais cela s'était confirmé lors de leurs quelques rencontres. Ça avait toujours été sur le ton de la plaisanterie, mais il lui avait déjà montré à maintes reprises combien il s'estimait. Il n'était pas impossible qu'une part de ses remarques ne servent que de blague mais cela n'empêchait qu'il croit le reste véridique.

" - Merci. Je dois dire que tu n'es pas mal non plus. Ravissante ...

Héra détourna le regard pour cacher sa gêne. Elle n'avait pas l'habitude de sortir ni même de se préparer plus que pour son quotidien et recevait donc assez peu souvent ce genre de compliment.

- Merci ... Se contenta-t-elle de murmurer.

Elle ne savait que dire ne comment réagir mais Drago reprit la conversation en l'interrogeant, ce qui la soulagea.

- Alors ? Tu es venue voir si tu t'amuserais plus du côté de la luxure ?

- Luxure ou pas, ça n'aurait pas été bien difficile que je m'amuse plus qu'il y a cinq minutes.

L'abandon d'Alexander lui avait laissé un gout amer.

- Ta soirée se passe bien ?

Elle se retrouvait seule au milieu de ces couples et groupes d'amis. Pour le coup, elle était incapable de mentir en répondant par la positive mais ne voulait pas non plus lui avouer à quel point elle était désespérée, alors elle se contenta de se taire en haussant les épaules avec désinvolture.

- Ton abruti masqué est parti te chercher un verre donc tu bouscules les gens pour passer le temps ? Ca marche bien ? Dis-moi tout, sur une échelle de 1 à 10 ?

Étouffant un éclat de rire, elle fit mine de répondre sérieusement à sa question.

- Je ne sais pas vraiment ... 7 ? Ça aurait pu être mieux, j'aurais pu tomber sur quelqu'un d'autre.

En vérité, elle était ravie que ce soit lui. Etant donné son ego surdimensionné elle ne voulait pas trop le flatter mais ce n'est pas pour autant qu'elle avait envie de le vexer avec ses taquineries. Elle savait en tous les cas qu'il ne le prendrait pas mal et saurait déceler sa malice.

- Allez, 8, se reprit-elle. Ça aurait également pu être pire.

Observant les alentours elle s'étonna du fait que personne n'accompagne Drago.

- Et toi ? Où est passée ta cavalière ? Demanda-t-elle innocemment.

Celui lui permettrait de savoir s'il était venu avec quelqu'un, et dans ce ces-là de qui il s'agissait.

- Si tu me dis que tu n'as pas invité une meeeerveilleuse femme digne de ta grandeur, se moqua-t-elle, je ne te croirais pas. "

Quand il commença sa tirade sur sa cavalière, Héra pensa dans un premier temps qu'il s'agissait de Pansy. Après tout elle n'avait aucune idée de qui accompagnait son amie et elle en avait déduis assez naturellement que ce serait son compagnon de toujours. Ça se serait révélé pratique : trouver l'un serait revenu à trouver l'autre. Bien vite cependant elle se rendit compte qu'elle se trompait.

" - En fait je suis venu avec une "grande amie" à toi. Devine qui ? Grande, brune, plantureuse... Digne de ma grandeur comme tu dis...

Ça ne sentait pas bon. Elle savait d'avance que connaître l'identité de celle qui représentait toutes ces qualités ne lui plairait pas. Absolument pas.

- Amaryllis.

L'ancienne serdaigle ne put retenir son étonnement, teinté d'un certain dégoût. Comment faisait-il donc pour vouloir passer du temps avec elle ? Aller jusqu'à l'inviter ? Elle ne parvenait pas à comprendre ce qui pouvait l'intéresser chez une femme pareille. Certes, on ne pouvait pas lui enlever sa beauté, mais c'était bien tout ce qu'elle possédait.

- J'ai cru comprendre qu'elle était partie se rafraîchir un peu.

Heureusement qu'elle n'avait pas été dans les parages quand elle avait percuté le Malefoy ou elle se serait contenté de s'excuser et serait partie au plus vite. Sa présence lui était insupportable, d'autant plus si elle les considérait comme un couple.

 - Mais toi, tu n'as toujours pas répondu à ma question et tu ne vas pas t'en sortir comme ça. Sérieusement, on t'a posé un noueux ? Pourquoi je ne vois personne à ton bras ?

Elle grimaça, plutôt embêtée. Devait-elle lui confier la situation délicate dans laquelle elle se trouvait ? C'était tout de même assez gênant. Elle avait honte et aurait préféré mentir mais elle ne voulait pas lui cacher la vérité.

- Ouais .. Ouais on peut dire ça.

C'était pas super glorieux et elle décida de s'expliquer.

- Bon si tu veux j'étais avec quelqu'un qui a décidé de s'en aller, que je devrais aller le chercher si je voulais lui parler. J'ai décrété que j'avais autre chose à faire et que je pourrais bien me passer de lui. Donc ... Ben me voilà.

Elle secoua légèrement la tête comme pour chasser ses paroles.

- Enfin bref, rien de très intéressant. Du coup, peut-être que je te dérange au final et que tu veux aller rejoindre ta ...

Tous les termes qui lui venaient étaient trop insultants pour qu'elle puisse les utiliser. Elle ne voulait pas se montrer méchante ni être trop tendre pour autant.

- Ton illustre cavalière, compléta-t-elle avec ironie après quelques secondes de recherche. "

S'il y avait bien une personne qu'elle ne voulait pas voir, c'était Amaryllis Parkinson. La juge ne lui inspirait aucun bon sentiment et si elle pouvait l'éviter elle ne risquait pas de s'en priver.

Nouvel an!

Codage par Libella sur Graphiorum

Nouvel an 2006 : Jeu de masques

La sorcière n'y croyait pas. Son cavalier était en retard ! Il ne manquait que ça. Elle n'allait pas continuer à l'attendre éternellement et si dans quelques minutes il n'était toujours pas là, elle allait très vite partir en quête de visages familiers ou d'un nouveau cavalier plus digne de ce nom. Alors qu'elle jurait intérieurement contre le Serpentard, une voix masculine retentit à sa droite, la faisant imperceptiblement sursauter.

- Vous attendez quelqu'un miss ?

Enfin ! Ce n'était pas trop tôt ! Oh, bien entendu, elle l'avait reconnu cet énergumène... Mais souhaitant se venger un peu, elle ne le montra pas de suite.

- Il semblerait oui, répondit-elle avec supériorité et jetant un coup d'oeil à l'heure. Mon imbécile de cavalier est en retard... 10 minutes ! Vous vous rendez compte ?

Elle exagérait, elle le savait. Elle aimait bien exagérer Pansy. Mais tout de même, elle n'aimait pas attendre.

- On ne fait pas attendre Pansy Parkinson, il le sait bien. Si je le trouve, je peux vous assurer qu'il ne l'oubliera pas une seconde fois.

Au moins maintenant, le message était passé et elle était sûre qu'il l'avait bien entendue. Qu'il essaye, tout de même, de recommencer la prochaine fois - si prochaine fois il y a - mais cette fois-là, il connaîtra le parfum de la colère de Parkinson.

- J'étais même en train de me dire que je pourrais me trouver un nouveau cavalier... Il doit bien y avoir une centaine d'hommes tout aussi séduisants les uns que les autres dans cette foule... J'en trouverais sûrement un à la hauteur de mes espérances.

Alors qu'elle parlait, elle s'éloignait petit à petit de l'homme, montrant de l'intérêt pour les sorciers un peu plus loin. Mais subitement, elle se retourna vers lui et s'en approcha en arborant son sourire séducteur.

- À moins que vous me fassiez l'honneur de demeurer en ma compagnie ? Vous savez, Nott est un homme charmant, mais ce magnifique costume que vous portez me dit que ce qui se cache derrière ce masque pourrait me surprendre...

La brune s'était permise de lui glisser deux compliments en une phrase, juste histoire de. Elle comptait bien réveiller son cavalier ce soir, elle n'avait pas envie de s'ennuyer. Se mettant sur la pointe des pieds, elle se pencha vers l'oreille du garçon, laissant les pointes de ses mèches chatouiller la partie encore découverte de sa gorge, et lui chuchota :

- Ne me fais pas attendre encore une fois Nott, ou la prochaine fois tu te retrouveras sans cavalière...

Une seconde après, elle était déjà deux pas derrière lui, se mouvant comme un serpent.

- Alors t'attends quoi ? Lui lança-t-elle. On va prendre un verre ?

Bien évidemment, elle avait déjà fini son premier. Il fallait pas lui en vouloir, dix minutes à patienter, c'était long pour la demoiselle qu'elle était !

acidbrain

Drago n'apprécia pas ses insinuations et le lui fit bien savoir. Cela la rassura, son estime d'elle-même n'étant pas au plus haut après l'épisode honteux qu'elle venait de subir. Aussi étonnant cela puisse-t-il sembler c'était l'orgueilleux fils Malefoy qui l'aidait à garder sa confiance en elle.

" - Greengrass, si tu sous-entends encore une fois que tu me déranges je t'oblige à cirer les chaussures à deux noises de celui qui vient de te manquer de respect.

Elle eut un sourire provocateur.

- Oh, parce que tu crois que c'est si facile que ça de m'obliger à faire quoi que ce soit ? Tu serais déçu.

Ce qu'elle disait n'était pas totalement vrai : si on faisait jouer la corde sensible il était assez facile de lui faire faire n'importe quoi, même si elle était consciente qu'on la manipulait. Son cœur trop tendre était sa plus grande faiblesse.

- On dirait que mon "illustre cavalière" n'est pas là, n'est-ce pas ? Fit-il remarquer en reprenant les propos qu'elle avait eu quelques minutes plus tôt.

- Je n'en ai pas l'impression, non.

Affirmation de soulagement. Il n'y avait effectivement pas de raison qu'elle s'en aille, elle aussi pouvait bien rester quelques instants avec le jeune homme qui lui proposa d'ailleurs quelques activités plus ou moins attrayantes.

- Tu danses ? 

Alors là, elle était particulièrement sceptique. Danser, ce n'était pas son truc. Elle n'avait jamais été douée et manquait de pratique. Petite, elle ne s'était rendue qu'à peu de réceptions et ses parents n'avaient pas jugé nécessaire de lui apporter un enseignement rigoureux dans ce domaine. L'idée d'avoir pour cavalier l'espace d'un instant le blondinet ne lui déplaisait pas pour autant et elle se voyait mal refuser ...  

- Ou tu préfères relever un défi issu de mon esprit tordu ?

Son expression béate n'aurait pu échapper à personne. Il lui offrait LA solution parfaite ! Enfin, restait à voir en quoi cela consistait exactement ...

- Si tu savais comme je danse mal, ça fait tellement longtemps en plus ... Tu risquerais de te retrouver avec les pieds en sang tellement je les écraserai. Je préfère encore relever un défi issu de ton esprit tordu.

Dans quoi s'embarquait-elle encore ? Dans un élan de rationalité elle tenta de se rattraper.

- Quoi-que, quoi-que. Je devrais me méfier, non ? Disons que si je ne le sens pas, je me rétracte et on va danser. C'est à tes risques et périls par contre. "

Elle trichait un peu, peut-être même un peu trop. Restait seulement à ce qu'il accepte de lui laisser cette solution de replis ...

" - Greengrass, quel intérêt de te montrer toute l'étendue de mon esprit tordu si tu t'octroies le droit de te rétracter ?!

Certes, présenté comme ça ça n'avait plus une grande utilité. Mais bon, ce n'était pas sa faute à elle non plus si ses idées ne lui disaient rien qui vaille. Il n'avait qu'à pas être si imprévisible. Alors qu'elle essayait mentalement de se convaincre que c'était lui le fautif, il l’entraîna fermement vers la piste de danse. Elle aurait peut-être dû se montrer plus décidée pour le défi, au final ...

Il lui prit la main et elle dut se retenir pour ne pas la retirer immédiatement. Qu'on la touche lui était toujours aussi insupportable mais elle savait tout de même le tolérait lorsque c'était justifié. Cela ne l'empêcha pas de grimacer lorsqu'elle dû se rapprocher de lui et poser son autre main sur son épaule, sentant celle du garçon dans son dos.

- Ce sera donc la danse.

Terrible constat. Elle allait être ridicule, ce serait gé-nial. Il fallait faire quoi déjà ? Soudainement elle se sentait angoissée. C'était à se demander comment elle s'était retrouvée là ...

- Panique pas, je vais t'apprendre. Si tu fais tout ce que je te dis, normalement il n'y aura pas de blessé. Tu me suis ?

- Je peux au moins me contenter d'essayer ... Murmura-t-elle.

- C'est simple, tout est dans la marche. Le pas de base est tout con. Tu alternes le pied droit en avant et le pied gauche en arrière, en rythme, comme ça. Sur une valse y'a trois temps, dont deux temps forts et deux temps faibles. En gros ça veut dire qu'il y a deux pas qu'on va faire plus rapidement que le troisième. On part déjà sur ça ?

Elle l'avait observée avec attention et hocha distraitement la tête, tout à ce qu'elle faisait. Son côté érudit ressortait et elle décida de se montrer appliquée. Un, deux, trois, Un, deux, trois, Un ... Sa robe s'était glissée entre le sol et son pieds et elle avait peut-être légèrement trébuché. Pour limiter les dégâts elle s'était fermement raccrochée à son partenaire.

- Désolé ... Je pense que ça aurait tout de même pu être pire. On recommence ?

Acharnée, elle voulait réussir. Après quelques autres passes elle réussit à faire quelques pas plutôt gracieux et décréta qu'elle ne s'en sortait pas si mal.

- Alors ? La suite ? Demanda-t-elle à Drago irradiant la satisfaction devant sa réussite. "

Elle avait hâte d'en apprendre plus et elle sentait que ses vieilles connaissances refaisaient surface, ses mouvements devenant de plus en plus fluides.

Son nouvel entrain eu pour effet de faire ricaner le Malefoy.

" - Gourmande ! La suite, ça devient nettement plus technique... Alors on continue comme ça en observant les gens, et on te trouve un bon professeur pour prendre la relève. Ah oui, je t'ai pas dit ? Je compte te revendre à un riche héritier qui te traitera mieux que l'autre crétin qui t'a abandonnée. C'est uniquement pour ça que je te forme en fait.

Faussement excédée, elle leva les yeux au ciel. Elle s'amusait et c'est ce qui l'empêchait d'être déçue qu'il ne parfaire pas son apprentissage.

- Mais quelle générosité ...

- Au fait, c'était qui ton cavalier ?

Terriblement gênée, Héra détourna le regard. Elle était déjà honteuse de lui avoir avoué qu'on l'avait laissé seule, mais elle devait en plus lui dire qu'il s'agissait d'Alexander Avery. Ce n'était pas comme s'il l'estimait particulièrement, et c'était peu dire. Prenant une inspiration elle décida de se lancer et advienne que pourra.

- Tu le sauras d'ici une minute, mais tu te moques pas, d'accord ?

Prévention stupide, s'il voulait rire il ne s'en priverait pas.

- Je vais replacer les choses dans leur contexte : Tu sais que j'ai recroisé Avery il y a quelques temps, et qu'il avait pas l'air d'aller bien du tout ... Alors je me suis dit que ça pouvait que le soulager de sortir un peu. J'ai horreur de voir les gens dépérir et j'ai voulu l'aider.

La jeune femme réfléchit aux origines de ce qui causait son mal, pensant à voix haute.

- Il n'a pas dû supporter la guerre, ne s'en est jamais remis et n'a plus su comment vivre après ... Enfin je suppose.

Sa voix devenait évasive. Pour quelle stupide raison avait-elle commencé à parler de ce sujet déjà ? S'en était un qu'elle avait en horreur et détestait évoquer, et c'est pourtant d'elle-même qu'elle s'était engagée dessus. Il lui fallait changer de sujet de conversation au plus vite.

- Alors, est-ce que l'un de ces charmants messieurs te semble être un bon candidat ? Reprit-elle pour détourner la conversation. "

Elle reprenait sur ce qu'il lui avait dit à peine plus tôt pour le taquiner à son tour tout en scrutant la foule.

Le blondinet fit tournoyer sa cavalière qui tentait tant bien que mal qu'on ne perçoive pas les pertes d'équilibre auxquelles elle était sujette de temps à autre avant de lui répondre :

" - Compliqué... Je ne vois personne de plus qualifié que moi pour le poste. Regarde, toutes ces brutes finiraient par te briser en mille morceaux avec leurs grosses paluches ...

Parce que lui, évidemment, il était plus délicat ... Si elle l'avait crû sérieux elle aurait répliqué mais elle savait qu'il ne l'était pas, ou pas dans son entièreté du moins.

- Ouais, c'est une décision difficile.

- Me voilà bien rassurée que tu ne me confies pas à n'importe qui, renchérit-elle ironiquement avec une pointe d'amertume inconsciente.

Elle ne savait pas trop pour quelle raison, mais la situation l'agaçait. C'est un sentiment quelle éprouvait souvent  en compagnie de Drago mais pas de cette manière-ci. C'était la situation plus que lui.

- Et toi ? Je suis sûr que tu caches bien ton jeu sous tes airs et que tu as déjà repéré ta proie. Dis-moi tout, je te dirai si c'est un candidat recommandable. Je t'ai déjà dit que j'étais de bon conseil ?

Se contentant de lever une ultime fois les yeux au ciel, elle eu un rire léger.

- Je rêve, on dirait que je vais faire passer des entretiens d'embauche. Est-ce que je suis censée leur demander leurs CV et différentes qualifications ? Histoire de vérifier s'ils sont aptes à occuper ce post ?

Elle observait les alentours et paressait réfléchir décidant de jouer un peu de ce qu'elle venait de dire.

- Si on part de ce principe, je dois avouer que dans la catégorie des influents, le Ministre est pas trop mal. Bien placé, une certaine maturité ... Et puis il est pas craquant avec son masque vénitien si bien ajusté ? Je suis certaine que même toi tu es vert de jalousie.

En réalité elle n'y croyait absolument pas mais c'était l'occasion de le taquiner, chose qu'elle accentua par la suite de part ses paroles et son sourire narquois.

- Contrairement à certains - et je ne vise personne bien sûr - je ne passe pas mon temps à évaluer toutes les personnes de sexe opposé qui m'entourent pour décider de si oui ou non elles sont susceptibles de devenir mes futures conquêtes, avant de continuer plus bas, au contraire, même, je n'approche de personne et c'est très bien ainsi. "

L'amour, elle avait déjà donné. Ça demandait des concessions, ça faisait mal, mais ça n'apportait pas grand chose. Si ça devait arriver, elle considérait que cela se ferait naturellement et ne voulait pas pousser le destin.

Les remarques de la sorcière furent plutôt bien perçues par leur destinataire puisque celui-ci répliqua sur le même ton.

" - Ouhouhouhh, les reproches ! On jalouse secrètement mon mode de vie débridé Greengrass ? Serait-ce un aveu de tes frustrations les plus enfouies ? Tu envies ma décadence, avoue-le !

Soupir consterné et sourire las.

- Evidemment. Qui ne l'admirerait donc pas ?

Elle n'était en rien sérieuse, mais n'y avait-il pas là un fond de vérité ? Agir comme il le faisait revenait à être libre, principe qui l'avait toujours attirée même si elle le jugeait secondaire. Il y avait aussi d'autres contraintes. Certains de ses liens lui étaient peut-être retirés mais ce n'était que pour être remplacés par d'autres.

- Reconnais que c'est un peu triste. Pourquoi tu n'approches personne ? T'es jeune, dynamique, mignonne... Je trouve ça con de te priver.

Avant d'en dire quoi que ce soit elle eut besoin de quelques minutes de réflexion. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle pouvait répondre comme elle ne s'était jamais posé la question et avait besoin d'y penser pour formuler la moindre explication.

- Pour quoi faire, en fait ? Qu'est-ce que ça m'apporterait ? Combler la solitude ? Ce serait encore pire je pense, ça ferait que l’accroître. Être entourée toujours d'inconnus, je vois pas l'intérêt. De gens intéressés qui ne voient pas ta personne et ne se contente que de ton corps. Ça revient à être un outil qu'on utiliserait en fait.

Elle diabolisait la situation mais croyait en ses paroles. Si cela l'avait elle aussi intéressée, ça aurait été différent, mais si elle ne couchait avec des hommes qu'en se laissant charmer et sans envie particulière ... Oui, c’était se faire manipuler. Et puis elle avait peur. Peur de s'attacher, peur d'aimer à nouveau, peur d'être déçue encore. Se tenir éloignée de ne serait-ce que de l'embryon du moindre sentiment romantique la préservait.

A contrario, elle ne comprenait pas ce qui le poussait lui à agir de la sorte. Elle se permit donc de le questionner.

- Et toi ? Pourquoi ce mode de vie débride au-delà des raisons évidentes ? "

Les rumeurs ne mentaient pas à ce sujet, elle en était persuadée. Restait à savoir pourquoi il agissait de la sorte ...

Il sembla lui aussi songeur avant de lui apporter une réponse.

"- Parce que ça me distrait je suppose. Qui n'aime pas sentir son pouvoir de séduction au niveau optimum ?

C'était peut-être bien l'un des soucis qu'elle ne s'avouait pas. Elle ne voulait pas sentir quelque pouvoir de séduction que ce soit chez les autres ou chez elle. C'était effrayant ça, aussi, la séduction. Plein d'incertitude, une valeur sur laquelle on ne pouvait compter. Elle ne s'était jamais mise en avant et ce n'était pas une idée qui lui plaisait. Nul ne savait jamais ce qui pouvait se produire quand on était sur le devant de la scène et qu'on se risquait à se dévoiler, même pour jouer. Consciemment elle l'évitait autant qu'elle le pouvait.

- C'est pas à 120 ans qu'on pourra s'en assurer Héra... Et puis tu parles d'outil qu'on utiliserait mais là je ne te suis pas... C'est toi qui contrôles ton corps, qui contrôles ton plaisir. Il n'y a pas d'engagement émotionnel dans ma vision des choses donc je ne risque rien.

Là encore c'était autre chose. Pourtant, même s'il n'y avait pas d'engagement, n'y avait-il pas toujours de l'émotion ? Plusieurs heures plus tard des résidus persistaient. Ils étaient infimes, négligeables, et pourtant si douloureux s'ils se faisaient trop nombreux. Pour s'en protéger il fallait être fort et elle se pensait si faible.

- S'il y a un "outil" quelque part dans ces relations, ce n'est pas moi tu peux me croire. Et pourquoi il y aurait un outil d'ailleurs ? Qui te dit qu'elles n'agissent pas en connaissance de cause ? Je ne leur promets jamais rien. Elle savent parfaitement qui je suis et ce que je convoite dès le départ... sauf quand elles ferment les yeux et ne veulent rien savoir, et là ce n'est plus mon problème. Héra, je ne peux rien faire contre la naïveté et les illusions, ce n'est tout simplement pas mon rôle, tu comprends ?

Tu comprends, tu comprends .... En avait-elle envie ?

- Ce que je comprend, c'est que tu puisses penser ainsi. Et puis c'est plus facile ...

Ce n'était pas un reproche mais un constat presque bienveillant. Elle aurait aimé le questionner d'avantage, pouvoir creuser mais il avait déjà esquivé sa question en la considérant à peine et ne faisait que reprendre ses propres propos. Ce n'était pas le moment et elle ne voulait pas le brusquer.

- D'ailleurs, tu t'es trouvé une proie pour ce soir ?

Avant même qu'il ne puisse ouvrir la bouche, elle se ravisa, se remémorant qu'il était venu accompagner.

- Ah non, j'avais oublié Parkinson. Du coup je n'ai absolument plus envie de savoir, ne répond pas. Vraiment.

Tout en parlant elle avait voulu faire un geste évasif de ses mains et avait réalisé qu'ils dansaient toujours. Cela commençait à la lasser d'autant plus qu'ils faisaient encore et encore le même mouvement, inlassablement et de manière tristement répétitive. Ce fut elle qui prit l'initiative de s'écarter de la foule mouvante sans pour autant trop s'éloigner.

- Si ta proposition tiens toujours, je suis prête à relever ton défi maintenant. "

Elle aimer discuter avec lui, c'était agréable, mais l'un des autres avantages de Drago c'est qu'il lui donnait toujours l'opportunité de s'amuser comme elle osait trop peu souvent le faire ...

ft. Tout le monde

Eden jeta un coup d'œil à son reflet dans le miroir et ne se trouva pas si mal que ça. La brune avait choisi une robe de haute couture splendide : le haut était blanc et transparent et se dégradait au noir en descendant vers la taille tandis que la jupe était des plus bouffantes avec de la tulle noire plissée qui descendait vers ses pieds. Elle avait opté pour de très simples escarpins noirs, pour aller avec sa robe et un masque en dentelle blanc, orné de quelques perles. Son maquillage était simple mais efficace. Lorsque la Gazette lui avait confié un article sur le bal du nouvel an, Eden n'avait pas su réprimer une grimace. Elle n'aimait toujours pas les bals et galas officiels, encore moins depuis celui de juillet, même si celui-ci semblait bien plus intéressant. En effet le retour de certains sorciers sur le sol anglais risquait de rendre les évènements bien plus intéressant. Le principal problème de ce bal était que la plupart des familles importantes liées au ministère y était conviée, ce qui signifiait que sa mère et son père aussi. Elle espérait ne pas les croiser.

Ce qui gênait encore plus la brune était qu'elle n'avait pas de cavalier. N'ayant aucun ami garçon ni même de collègue homme, elle avait dû renoncer à ce privilège. Ce sacrifice fut bien pire lorsque, à peine arrivée, elle vit Pansy Parkinson, son ex pire ennemie, accompagnée d'un jeune homme des plus charmant, qui n'était personne d'autre que Théodore Nott en personne. Elle savait d'ailleurs qu'elle aurait très prochainement dû faire une interview et l'idée ne la réjouissait point. Elle secoua la tête, pour chasser les mauvaises pensées, et s'aventura vers le bar où elle se fit servir un verre d'un cocktail étrange mais délicieux. Elle nota dans son calpin quelques éléments de décoration et mit un bon commentaire sur les lucioles qui tournaient autour de la table. Elle était sur le point de parler à quelques personnes présentes mais renonça bien vite, préférant mariner dans sa solitude et dans son aversion pour les bals. Elle avait déjà idée de ses résolutions pour l'année d'après, comme devenir plus sociable, mais elles n'étaient pas encore mises en vigueur. Après tout elle était encore en 2005. Elle commença alors à faire le tour du parc, observant les robes majestueuses des dames et les costumes plus sobres des lords, notant quelques petits commentaires ça et là dans son carnet. Elle était sur le point d'aller se servir un autre verre quand elle aperçut un volant rose poudré d'une robe qui ressemblait plus à une robe de petite fille qu'à la robe d'une adulte. Elle se rendit bien vite compte que cette robe appartenait à sa psychomage, Astrid Olsen. La Taylor avait été bien trop intriguée par cette jeune fille pour laisser s'échapper cette occasion de la revoir en dehors de leur scéance. Elle avança alors vers elle a grandes enjambées en lui offrant un signe de main.

Dès qu'elle aperçue l'expression de son visage, Héra eut envie de retourner sur la piste de danse, et vite. Si elle avait pu annuler ce qu'elle venait de dire elle l'aurait fait sans hésiter. Elle avait fait une grosse, grosse bêtise et elle sentait qu'elle allait le regretter.

" - Tu es sûre ? Parce que maintenant que c'est dit, tu ne peux plus revenir en arrière ...

C'était justement ce qu'elle craignait … Elle n'avait plus qu'à attendre et subir. Son attitude théâtrale ne la faisait même pas rire tant elle angoissait. Bon, si, elle souriait mais ce n'était pas très convainquant.

- Pour reprendre tes termes, tu ne t'approches de personne et "c'est très bien ainsi", c'est ça ?

Oui, précisément. Il n'y avait donc absolument aucune raison de repartir sur ce sujet.

- Alors pourquoi j'ai senti une petite frustration dans ta voix ? Allez Héra, admets-le. Ca te rend grincheuse tout ça et dans quelques mois tu seras vieille avant l'heure. Je ne peux clairement pas te laisser foncer droit dans le mur, impossible... C'est mon côté altruiste.

- Evidemment, murmura-t-elle ironiquement.

- Rassure-toi, je ne vais pas te demander de devenir une chasseuse de mâles invétérée en une soirée mais reconnais qu'en dehors de ça tu te fermes complètement... Tu ne crois pas qu'on peut arriver à un compromis ? Je ne te parle pas d'extrême, pas d'être comme moi ou comme... eh bien, comme tu es toi, là. Entre les deux ça m'irait très bien. Et en prime ça te ferait le plus grand bien Greengrass. On va te faire sortir de ta coquille.

C'était un comble, Drago Malefoy allait essayer de la faire dépasser ses blocages. Elle ne savait pas si elle devait trouver ça drôle ou se mettre à pleurer. Pour le moment elle l'observait parcourir les différents participants de la soirée tout en appréhendant.

- Tu vois ce gars, là-bas au buffet ? Tu vas aller lui parler et te prouver à toi-même tes capacités insoupçonnées de grande séductrice. Le but du jeu c'est qu'il soit charmé, rien de plus. 

Quand il en parlait, ça paraissait simple mais ne l'était en rien. Au contraire, c'était affreux et elle allait se ridiculiser comme rarement elle l'avait fait.

- J'ai dit qu'on revenait pas en arrière ! T'as choisi le défi, voilà ton défi.

- Ouais, on fait tous des erreurs, ne put-elle s'empêcher de rajouter en toute mauvaise foi.

- Donnc, tu vas l'aborder et lui faire la conversation. Parle-lui de ton dernier article, invoque un prétexte, je sais pas et on s'en fout. Te pose pas de questions. Moi je suis un mec et je te dis que tout ce qu'il va voir c'est qu'une jolie fille vient lui parler, et ce qui m'intéresse c'est comment tu l'abordes. Il est tout seul, il regarde le fond de son verre, il s'emmerde, c'est du tout cuit. Aussi simple que ça, pas plus d'effort à faire. Moi je vais rester dans le coin et voir comment tu te débrouilles, ça marche ?

Plus il parlait, plus elle se décomposait. Si elle avait pensé qu'il aurait une idée pareille … Elle se serait bien contentée de la valse ! Dubitative, elle observa l'inconnu qu'il lui avait désigné. Parce qu'en plus, ce n'était même pas elle qui choisissait … Ça aurait pourtant été plus simple ainsi : certains paraissaient désespéramment seuls et n'importe quelle technique d'approche aurait pu paraître ingénieuse. Ne serait-ce que " on est tous les deux seuls et on s’ennuie alors essayons de passer le temps ". Là il s'agissait d'un plutôt beau garçon ce qui n'allait pas lui facilité la tâche ... Même si comme l'avait souligné le blondinet il paraissait pas non plus s'éclater.

- Bon ben à plus tard je suppose ... Salua-t-elle Drago d'un ton morne avant de reprendre avec plus de vivacité devant son rictus, Et fait pas trop le malin ! Je vais trouver un moyen de me venger, n'en doute pas. "

Il était l'heure, elle ne pouvait pas repousser le moment indéfiniment. Reprendre contenance, afficher un beau sourire, et avancer. Voilà, c'était déjà trois bonnes étapes de franchies. La distance entre les deux sorciers s’amoindrissait sans qu'elle ne trouve quoi que ce soit à lui dire d'intéressant.

" - Salut ! Je te dérange pas ?

Son nouvel interlocuteur parut surpris qu'on lui adresse la parole sans refuser le dialogue pour autant.

- Pas du tout.

Un silence qu'elle ne sut combler s'installa entre les deux individus. L'idée de se présenter lui vint finalement. Ce serait toujours mieux que de rester muette et c'était le genre de banalités qu'on pouvait toujours utiliser.

- Je m'appelle Héra Greengrass.

- Etienne Heredia.

S'en suivie une conversation des plus insipides.

- Vous êtes de la famille de Louis, Louis Heredia ?

Il s'agissait d'un grand historien avec lequel elle avait déjà collaboré pour une série d'article. Il était espagnol et apportait un regard nouveau sur les événements anglais.

- C'est mon oncle.

- Intéressant.

Ça ne l'était pas.

Elle aurait pu expliquer comment elle le connaissait et lui aurait pu le lui demander, mais tous deux se turent. Un jolie sourire. Ça sauvait souvent les meubles.

- Vous êtes venue seule ?

Répondre « oui » aurait été assez ridicule dans ces circonstances, mais qu'elle été accompagnée aurait été encore pire. Elle n'avait qu'à légèrement transformer la réalité.

- Avec des amies, mais elles sont allées se chercher à boire. Et vous ? "

Il répondit que lui aussi, bien évidemment. Héra n'en pouvait plus et cherchait Drago du regard. Quand elle le trouva, elle inventa un prétexte bidon pour s'enfuir alors que celui qu'elle venait d'aborder lui proposait justement qu'ils aillent ensembles au buffet prendre un verre. Bien loin d'elle l'idée d'accepter, elle préféra aller rejoindre le responsable de son calvaire.

"- Alors, verdict ? J'y ai mis de la bonne volonté, soit indulgent ...

Et c'était vrai : le fait même d'être allé parler à cet Etienne résultait d'un immense effort, sans exagération aucune bien sûr.

- Ça devait être amusant en tous cas, bien qu'un peu pathétique. "

C'était autant pour elle que pour lui qu'elle faisait cette remarque. Avec un peu de recul elle aurait bien rit d'elle-même et de la situation.