Allongée sur le flan, vêtue seulement d’un draps fin qui la couvrait à peine, Héra regardait avec tendresse le sorcier reposant auprès d’elle. Leurs vêtements éparpillés au sol étaient les témoins muets des instants privilégiés qu’ils avaient partagés. Du Ministère jusqu’à l’appartement de Drago qu’elle commençait à connaître et d’autant plus apprécier, elle avait contenu un désir qui n’avait fait que croître alors qu’ils fuyaient comme des enfants amusés par leur bêtise. Elle n’avait pas attendu qu’ils atteignent la chambre pour retrouver ses lèvres et toutes leurs promesses, se nourrissant avec avidité de leur goût. Assez longtemps elle avait joué les poupées suivant les danses dans lesquelles il l’entraînait. Désormais elle se sentait prête à partager sa place, la lui voler peut-être. Elle n’était plus capable d’attendre qu’il flanche pour le toucher, le sentir tout contre elle, au-delà même de la barrière de leurs habits.

Leur nuit n’avait encore été chassée par le jour et était pourtant déjà plus belle que la précédente. L’urgence de leurs incertitudes avait été remplacée par une ardeur plus pure, un sentiment rassurant dû à leurs aveux qui n’avaient qu’exacerbés leur passion. Elle s’était perdue dans ses gestes et ses caresses, les avaient approfondies, s’était blottie plus près, se délectant de ses mains sur sa peau, parcourant son corps en tous endroits, surtout ceux qui lui avaient été interdits. Leurs baisers étaient devenus plus pressants et profonds, plus éparses, plus sauvages comme plus doux. Elle sentait toujours son poids sur elle et se rappelait l’avoir enlacé pour qu’il ne s’éloigne jamais. Sur chaque parcelle de son être était imprégnée l’empreinte de son amant et le délice de leur étreinte.

Ses doigts effleuraient avec délicatesse le bras du blond tandis qu’elle ne pouvait détacher ses yeux des siens. Dans la lueur nocturne elle percevait l’esquisse de son visage et ses reliefs, mais surtout ses prunelles grises qui brillaient d’une lueur qu’elle leur avait rarement vu, mais peut-être n’était-ce que le reflet des siennes.

" - Je n’avais aucune envie d’aller à cette fête stupide, murmura Héra en brisant le silence, mais je ne regrette pas s’il le fallait pour te retrouver.

Elle se sentait libre d’être et de parler. La bulle cotonneuse qui la préservait lorsqu’elle était avec le Malefoy lui donnait l’impression d’être dans un univers qui ne connaissait ni conséquence, ni lendemain. Pour la première fois ce fut ce qui l’effraya.

- Promets moi que demain, tout ne changera pas. Je ne veux plus avoir à passer deux mois en te croisant à peine pour que tu finisses par escorter une de mes collègues à la prochaine soirée du Ministère et que je doive vous espionner en me demandant pourquoi ce n’était pas moi. "

Elle était plus honnête qu’elle ne l’avait prémédité et malgré sa quiétude, une pointe d’appréhension naquit au fond d’elle. Malgré toute la confiance qu’elle lui vouait elle craignait que ce rêve irréaliste ne se brise, qu’il la laisse et s’en aille, ou qu’il mente pour ne pas la froisser. Ses angoisses étaient sévères mais pour lui, elle se sentait prête à les dépasser.

" - Parce que je m'en tape pas justement, finit-il par admettre en se retournant vers elle.

La sorcière affronta son regard gris sans dévier. Ça lui faisait peur qu’il sache si bien la ravir, l’effrayer, lui faire mal. Elle avait l’impression que toutes ses émotions naissaient chez lui et qu’elle n’était que le filtre qui les laissait s’exprimer. Pour un peu elle aurait fuit, mais au-delà de ne plus souffrir elle savait que sans lui elle ne ressentirait plus rien. Elle préférait une vie aussi noire que colorée qu’une autre aseptisée. Moins rationnelle, elle savait quoi qu’il en soit qu’exister sans lui lui paraissait désormais impensable. Elle était prisonnière, qu’importe que ça implique de supporter ses humeurs.

- Bon. J'ai peut-être un peu surréagi, je sais pas comment gérer non plus on dirait. Je ne sais pas pourquoi j'ai réagi comme ça. Tu dois me rendre fou Greengrass.

Il avait retiré ce tee-shirt dont il ne savait décidément que faire et était revenu auprès d’elle, l’enlaçant, peau contre peau si on exceptait ce foutu draps qui la couvrait toujours. Instantanément, elle se sentit mieux, de le toucher comme de constater qu’elle avait réussit à le calmer. Elle ne comprenait pas pourquoi elle s’était obstinée à éluder toutes ces années alors que la vérité simplifiait toute les situations. Probablement était-ce parce qu’elle n’avait rencontré personne avec qui elle soit capable d’être aussi honnête que lui.

- Peut-être que si tu t’habitues assez à ma présence ça se calmera, plaisanta-t-elle en passant ses bras autour de lui pour le serrer contre elle.

Leurs peaux l’une contre l’autre, juste séparés par ce foutu draps qui la couvrait toujours, elle se sentait mieux. De toute cette histoire ce n’était pas tant cette colère maîtrisée qui l’effrayait, ni même que le moindre mot mal interprété puisse l’animer, mais plutôt ce que dissimulait ces élans de nervosité. S’il s’emportait ainsi c’était probablement pour enterrer ce qu’il pensait vraiment sous une couche de dédain et elle détestait qu’il préfère prendre cette distance que de lui dire ce qui l’habitait sous la surface. Elle refusa de jouer les moralisatrices en le lui expliquant mais se promit de tout faire pour qu’il soit assez en confiance pour lui parler la prochaine fois.

- Au bout de combien de temps tu ne pourras plus me supporter tu penses ? "

Joueuse, elle le repoussa pour l’allonger à côté d’elle, le surplombant de son buste en s’appuyant sur son torse. Elle rapprocha avec soin son visage en attendant juste le bon moment pour l’embrasser, comme pour clore leur définitivement leur dispute.