Céleste se demandait bien ce qu'elle faisait là.

Elle pourrait évidemment tout mettre sur le dos d'Adélia, mais cette fois ce n'était en rien sa faute. En effet, la blondinette avait elle-même décidé de se rendre dans ce lieu. Pourquoi ? Elle n'en savait plus rien du tout. Elle s'était dit que ça pourrait lui faire du bien de faire autre chose que lire... et puis elle avait aussi voulu montrer à ses collègues qu'elle n'était pas une poule mouillée. C'était un peu puéril mais elle savait bien qu'Adélia et Amélia s'y rendraient et aucune d'elle ne lui avait proposé d'au moins s'y rendre ensemble. Pourquoi ? Ça non plus elle n'en savait rien. En tout cas, ce qui était plus qu'évident c'est que Céleste regrettait amèrement. Elle n'aimait pas la pénombre et elle n'aimait pas non plus être enfermée. En bref, elle n'aimait pas être ici.

Elle prit cependant le temps de se calmer, inspirant et expirant doucement afin de réguler son rythme cardiaque. Elle ne tenta même pas de forcer la porte, sachant très bien que c'était impossible. Une fois ceci fait, elle entreprit de se retourner et d'observer la pièce. Elle était petite et contenait tout un tas de bibelots, livres et... une pensine. Ce fut cette dernière qui l'attira immédiatement. Elle n'était certainement pas là par hasard. Pourtant, Céleste entreprit d'abord de secouer les livres et de regarder derrière les bibelots à la recherche d'une éventuelle clé même si elle savait que ça ne pourrait pas être aussi facile. Elle trouva une étrange lettre qui confirma sur le coup sa première impression. Il y avait quelque chose à faire avec cette pensine. Elle ne savait simplement pas encore quoi. Quant à la possibilité qu'ils aient cachés des indices dans le sol et le plafond... elle n'en savait trop rien. Ça lui paraissait encore plus étrange que si elle devait trouver le moyen de sortir d'ici en fouillant dans ses souvenirs ou dans ceux de quelqu'un autre. Elle se pencha sur l'objet en pierre en levant un sourcil, ne sachant pas tellement quoi faire de l'étrange liquide argenté. Puis elle leva la tête vers le plafond, la baissa vers le plancher en quête d'éventuels indices, ou peut-être une trappe même si elle était persuadée qu'il s'agissait de quelque chose de bien plus compliqué. Comme si ces sadiques qui enfermaient des gens étaient réellement capables de lui donner un véritable indice...

Céleste décida de se concentrer définitivement sur la pensine. Elle réfléchit une nouvelle fois à la phrase écrite sur la lettre trouvée plus tôt. Peut-être était-ce métaphorique ? Elle n'avait rien vu de particulier ni sur le plafond ni sur le sol... peut-être que le plafond symbolisait son avenir et le sol son passé ? Ou le contraire ? Les murs le présent ? Mais les pensines ne servaient pas à découvrir le futur, simplement à se remémorer des souvenirs. De plus elle ne voyait pas du tout quel genre de souvenirs pourrait l'aider à sortir de là... elle allait sûrement trop loin. Avec un soupir, elle se laissa lourdement tomber sur le fauteuil vert face à la cheminée. Elle réchauffa un instant ses mains près du feu et leva les yeux sur le tableau. Tiens. Elle ne l'avait pas vu celui là. Elle décida de le retourner pour regarder au dos, par simple prévention. Elle avait lu beaucoup de livres où des petits malins s'amusaient à cacher des choses derrière les tableaux.

Rien derrière le tableau. Céleste était très déçue, elle y avait cru pourtant. Elle replaça le tableau calmement en se creusant la tête. Elle avait l'étrange impression qu'il lui manquait quelque chose avant de passer à la pensine. Elle était sûre qu'elle devrait s'en servir à un moment ou un autre mais pas... maintenant. La jeune femme soupira une seconde fois et prit pour cible les bibelots et autres bouquins qu'elle avait déjà fouillé une fois en vitesse. Il y avait tant de choses, elle avait peur de ne jamais trouver la sortie. Elle ne savait même pas ce qu'elle cherchait. Elle s'arma une bonne fois pour toutes de patience et de courage et s'occupa de fouiller la bibliothèque plus en détail. Elle ouvrit tous les livres qui lui passa sous la main, les feuilleta, souleva chaque bibelots, regarda à l'intérieur des coupes, derrière les médailles et prit le temps de retourner chaque maudite figurine de cette maudite collection pour voir si un message ne se cachait pas quelque part. Elle fit ensuite de son mieux pour ignorer la pensine et se concentra sur le bureau où était disposé un désordre pour le moins... étudié. Elle se mit donc à le ranger, ordonnant les différents papiers et y jetant un coup d’œil au passage. Elle avait appris avec le temps qu'il n'y avait rien de mieux que le rangement pour retrouver quelque chose.

Bon, ça commençait à l'énerver. Après avoir retourné la moitié du bureau, elle ne trouvait rien et était toujours au même point. C'est à dire enfermée. Dans ce bureau. Pas très beau en plus.

Elle eut soudain la folle envie de balancer la première chose qui lui tomberait sous la main, ce qu'elle ne fit pas. Céleste était quelqu'un de bien élevé, elle ne cassait pas les affaires des autres et ce même s'ils l'enfermaient dans une pièce avec un vieux tapis extrêmement laid.

Un tapis.

Le sol.

C'était une évidence.

Elle entreprit immédiatement de rouler ce foutu tapis moche pour regarder ce qu'il y avait dessous. Après tout, ce n'était peut-être pas si compliqué et elle avait peut-être tout compris de travers. Peut-être que l'indice était en fait tout ce qu'il y avait de plus concret et qu'il fallait réellement regarder ce qu'il se trouvait au sol. Or, le sol était recouvert d'un tapis. Un tapis, qui lui cachait peut-être une trappe comme elle en avait eu l'impression au début.

Elle se sentit soudainement très stupide, ainsi qu'un peu parano. Si Addie avait été là, elle se serait sûrement moquée d'elle pendant qu'elle roulait le tapis sur lui-même en espérant enfin trouver quelque chose d'intéressant.

Céleste remarqua quelque chose d'étrange sur le parquet. Elle ne fut que pleinement satisfaite lorsqu'elle découvrit une petite fiole, en verre bleu, contenant un liquide ou peut-être un gaz argenté. Elle manqua de la faire tomber une fois en tournoyant comme une idiote dans la pièce en hurlant qu'elle était bientot libre. Ce dont elle n'était pas sûre du tout. Néanmoins, cela lui fit du bien de déterrer cet objet après avoir nettoyé comme une véritable fée du logis cet endroit. Tout ça pour trouver un indice qu'on lui indiquait depuis le début. Ridicule. Elle se calma après avoir failli tout gâcher et cessa de gesticuler dans tous les sens. D'un ongle, elle tapota légèrement sur la fiole afin de voir si le tout bougeait. Pas vraiment.

Ça devait être ça, qui lui manquait.

C'était peut-être... un souvenir après tout ? C'était bien plus logique que si elle avait dû fouiller dans les siens. Elle prit donc son courage à deux mains et versa le contenu du flacon dans la pensive. Elle espérait que sa première découverte allait lui porter chance et qu'il ne fallait pas... avaler cet étrange substance. Ou la laisser s'évaporer. Elle n'en savait rien, n'étant pas une très grande fan des pensines et ne les utilisant que très peu... pour ne pas dire jamais.

Alice au Pays des Merveilles.

Génial.

Et elle faisait quoi elle maintenant ? Super, cette gamine avait de très bons goûts en matière de lecture ! Sauf qu'elle, elle était toujours enfermée et avait utilisée la pensine. Elle qui pensait qu'après ça, ce serait terminé... elle s'était bien trompée.

Elle réfléchit longuement à ses souvenirs du livre. Elle le lisait souvent à l'époque, avec ses sœurs la plupart du temps. C'était une histoire fantastique, aux mille et une interprétations toutes plus intéressantes les unes que les autres. Sauf que là, ça ne l'aidait pas vraiment.

En tout cas, si elle suivait l'exemple d'Alice, elle n'avait plus qu'à attendre qu'un gentil petit lapin blanc apparaisse pour ensuite le suivre dans son terrier et rentrer chez elle. Sauf que voilà, il n'y avait pas de lapin blanc à suivre et il n'y avait avec elle que des livres et des figurines d'animaux. Elle ne se souvenait pas d'avoir vu un exemplaire de l'histoire de Lewis Carroll dans la bibliothèque, mais préféra tout de même vérifier. Elle se mit donc à en chercher un dans la grande bibliothèque, en priant pour ne pas avoir à dénicher un terrier de lapin sur le sol ou le plafond de cet endroit afin de s'y laisser tomber.

Plus ou moins facilement, Céleste mit la main sur le fameux volume relatant les aventures bien connues d'Alice et le feuilleta avec une certaine lassitude. Non pas qu'elle n'était pas contente d'avoir trouvé ce qu'elle cherchait, c'est simplement qu'elle ne voyait toujours pas en quoi un livre pourrait lui être utile pour se sortir de là. Un vieux livre en plus de ça, avec une page cornée. Elle s'arrêta sur cette dernière qui représentait le lapin blanc de l'histoire, avec les yeux rouges en plus. Un peu flippant. Elle se demandait bien pourquoi c'était cette pauvre petite fille qui avait ce livre, même si le souvenir avait sûrement été crée pour le jeu. Ce lapin était bien trop effrayant pour figurer dans un livre pour enfants, ils avaient vu ses yeux ? C'était à n'en point douter, un lapin diabolique. En tout cas, elle était toujours coincée dans cette pièce et l'heure tournait. Elle serait sûrement morte de honte si au bout d'une heure la vieille sorcière venait la délivrer parce qu'elle n'avait pas été foutue de trouver la sortie toute seule.

Alors elle garda le livre en main et se dirigea droit vers l'immense collection de figurines mise à sa disposition. Elle entreprit alors de chercher une figure semblable à celle visible sur la gravure.

Elle fut assez surprise de constater que c'était effectivement là que ses tortionnaires voulaient la diriger et retourna la figurine dans tous les sens jusqu'à trouver...

Une Mornille...

Cette fois elle était clairement perdue.

Une Mornille. Qu'est ce qu'elle allait bien pouvoir faire avec ça ? Se payer une demi Biéraubeurre à la sortie ? En supposant qu'elle sortirait un jour. Elle inspecta un moment la pièce en argent, le texte et la gravure. Un dragon. Bon. Ce n'était certes pas grand chose, mais c'était déjà un début de piste non ? Elle pouvait peut-être trouver dans la collection une deuxième figurine, mais cette fois à l'effigie d'un dragon. De toute façon, elle ne savait pas tellement ce qu'elle pourrait faire avec cette pièce si la figurine de dragon ne donnait rien. Elle se mettrait sûrement dans un coin du bureau, enroulée sur elle-même et sangloterait en attendant qu'on vienne la chercher. Parce qu'elle n'avait vraiment aucune autre idée. Elle fouillerait peut-être par-ci par-là dans l'espoir d'un miracle, mais ne voyait aucun objet susceptible d'être utilisé avec une pièce. Peut-être aussi que dans son désespoir, elle rappellerait la vieille sorcière et essaierait d'acheter sa sortie avec une Mornille. Ce qui ne serait sûrement pas très efficace non plus.

Alors qu'elle observait la figurine de dragon avec beaucoup d’intérêt sans trouver aucun autre indice, un Niffleur sortit de nulle part.

Et Céleste DÉTESTAIT les Niffleur.

Une fois, Addie en avait recueilli un sans lui dire. Elle avait passé une semaine à chercher ses bijoux qui disparaissaient un à un avant de comprendre qu'elle abritait un de ces petits voleurs sans le savoir. Une très bonne expérience, vraiment.

Néanmoins, la créature pouvait peut-être utile pour la sortir d'ici. Après tout, si elle était là, ce n'était pas un hasard. Alors... peut-être que c'était ça son lapin blanc. Qu'il lui suffisait de la suivre pour partir d'ici.

Drôle de lapin blanc tout de même.

Elle s'approcha néanmoins du petit animal, pas trop vite pour ne pas l'effrayer et le fixa dans ses petits yeux noirs. Ça avait vraiment une sale tête, ces machins là. Mais bon, ils avaient un côté attachant quelque part...

Un peu comme Addie quoi.

- Alors... tu comptes m'aider ou me laisser là ?

Peut-être qu'elle avait perdu la tête. Après tout elle était tout de même en train de faire la conversation à un Niffleur. Ou peut-être qu'elle devenait complètement folle et qu'il n'était que le produit de son imagination. Ce qui paraissait un peu tordu, mais pas impossible.

Le membre 'Céleste Grym' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Pile ou Face' :

Alors que la curieuse petite créature la regardait d'un air qui n'annonçait rien de bon pour la suite, elle s'enfuit d'un coup en ayant bien évidemment emporté la Mornille et donc le seul indice qu'il lui restait. Elle n'était pas vraiment d'humeur à partir à la chasse au Niffleur et se contenta donc de s'asseoir de nouveau sur le fauteuil vert. Vraiment très confortable. Après tout elle pouvait très bien rester là à attendre, ça lui allait parfaitement.

Et puis elle a vu quelque chose briller sur le sol, une clé. Une minuscule clé. Les yeux de Céleste s'écarquillèrent d'eux-mêmes alors qu'elle se jeta sur l'objet. Sitôt ramassée, la clé fut introduite dans la serrure de la porte. Trop petite. Bien trop petite. Elle faillit la jeter dans la cheminée tant elle était déçue. Elle inspecta alors la clé de plus près, passant ses doigts le long du métal. Son regard se reporta finalement sur le bureau fouillé un peu plus tôt et elle reprit soudainement espoir. Ça correspondait à la taille des tiroirs, alors peut-être que...

Peut-être que ça les ouvrirait.

Elle mit son idée en pratique, avec cependant un peu moins de hâte que lors de son premier essai et commença à tester la clé sur les tiroirs du bureau.

L'impression de victoire fut de courte durée, puisque même si la clé permettait effectivement d'accéder aux nombreux tiroirs, ces derniers étaient vides. Tous vides. Elle commençait sérieusement à se demander si toute cette histoire n'était pas qu'un énorme canular et si elle n'était pas en train de se faire avoir comme une idiote. Après avoir rageusement retourné la moitié des tiroirs, Céleste remarqua le double-fond de celui qu'elle était justement en train de refermer. Elle le souleva et y découvrit cet étrange miroir. Il lui rappelait quelque chose, elle en était persuadée, mais quoi...

Alors qu'elle cherchait dans sa mémoire, ses yeux se posèrent d'eux-mêmes sur le tableau en face de la bibliothèque. Les deux paysages se ressemblaient énormément, un peu trop pour que ce ne soit qu'une coïncidence. Elle reposa le miroir sur le bureau en prenant garde à ne pas le laisser tomber et s'avança vers le tableau en question. Ce n'était pas celui là qu'elle avait retourné lors de ses nombreuses premières tentatives infructueuses. Mais peut-être que c'était justement celui là qui cachait un indice. Elle le regarda un court moment en jetant quelques coups d’œil au miroir toujours posé sur le bureau et finit par le décrocher pour regarder ce qu'il pouvait éventuellement cacher.

Toute fière d'avoir eu cette idée, Céleste inspecta le dos du tableau, le cadre, le mur, vint jusqu'à secouer l'objet pour voir s'il ne tintait pas et le remit en place, dépitée. Ce n'était pas ça. Pourtant, il s'agissait bien du même paysage et...

Ah...

Oui peut-être...

Céleste se retourna et vit en face du tableau la glace qui renvoyait l'image au petit miroir trouvé dans le bureau. Parfait. Elle ne se débrouillait pas trop mal pour l'instant. Ce n'est qu'après quelques minutes d'inspection qu'elle remarqua la phrase gravée sur le cadre en bois.

"Vivant, tout je dévore. Boire signe ma mort."

Petite, Céleste aimait beaucoup les énigmes. Elle était assez forte pour les résoudre, celle-ci ne lui posa donc pas trop de soucis.

- Le feu.

Elle se positionna ensuite directement devant la cheminée où les flammes crépitaient encore. En voilà une bien plus difficile de devinette, qu'est-ce qu'elle était censée faire maintenant ? Elle regarda un instant le miroir et fronça les sourcils en s'imaginant le jeter dans les flammes. Elle n'était pas sûre qu’abîmer le mobilier la ferait sortir. Mais alors.. qu'est-ce qu'elle était censée faire ?