Elle allait partir. Ça valait mieux pour tout le monde y compris elle. Visiblement, elle était encore trop instable pour écouter paisiblement de la musique en public.

Et puis on lui tapota l'épaule. Et ce fut Sam qu'elle vit derrière elle. Sam.

Non.

Non.

NON !

Pleurer seule pour une simple chanson était une chose. Pleurer devant des inconnus pour une simple chanson en était une autre. Pleurer devant un habitué du Chaudron Baveur et un ami de sa meilleure amie pour une simple chanson... c'était un pur cauchemar. D'autant plus que ce jeune homme... et bien il l'intriguait. Elle avait demandé son prénom à Adélia pour cette raison. Elle se sentait très étrange lorsqu'elle le voyait à son lieu de travail et devait faire de son mieux pour avoir l'air... naturelle. Alors qu'elle était toujours naturelle puisqu'il n'y avait aucune raison de se comporter différemment. Surtout qu'elle ne lui avait parlé qu'une ou deux fois pour lui demander s'il souhaitait boire autre chose...

Ridicule.

Comme cette situation. En plus, il était tellement gentil avec elle. Et elle et bien elle...

Elle ne savait pas comment se comporter.

- Oui, merci je vais très bien. Oui, merci moi c'est Céleste. Toi c'est Sam non ? Tu viens d'arriver ? C'était très joli ce que ce musicien jouait. Et toi tu vas bien ?

Pathétique. Si elle avait pu se fracasser la tête contre un mur, elle l'aurait fait. C'était décousu mais surtout paniqué. Elle avait décidé de faire comme si de rien n'était, estimant que c'était la meilleure façon de se sortir d'une telle situation. Sauf que voilà, ça n'avait pas du tout l'air de quelque chose de naturel. Au contraire, on aurait dit qu'elle essayait à tout prix d'attirer l'attention du jeune homme sur autre chose que sa tête de zombie. Ce qui était un peu le cas.

- Tu es venu seul ? Tu veux boire quelque chose ?

Génial, et maintenant elle se mettait à faire la serveuse. Incroyable. Elle n'avait pas le souvenir d'avoir un jour été aussi empotée avec les autres. Surtout qu'elle sentait ses joues chauffer, et qu'elle avait l'air d'un parfait petit hamster lorsqu'elle rougissait.

Elle n'aimait pas les hamsters. Elle n'aimait pas non plus dire n'importe quoi, Adélia était bien plus douée qu'elle pour ça.

En vérité... Céleste avait foiré.

Elle s'attendait plutôt à ce que Sam lui dise ce qu'il voulait boire pour qu'elle puisse lui apporter et s'éclipser. Parce que oui, Céleste avait de temps en temps du mal à réaliser qu'elle n'était pas constamment en service. Elle avait réalisé à quel point ce qu'elle disait était étrange après que ce soit sorti de sa bouche.

Quand c'était donc, trop tard.

Et maintenant, elle n'avait plus le choix. Non pas que ça lui déplaisait, c'était simplement qu'elle ne s'attendait pas à prendre un verre avec qui que ce soit maintenant.

En même temps, elle s'attendait à quoi en venant ici, hein ?

Elle s'épuisait parfois elle-même.

Bon, l'avantage, c'est que Sam avait l'air aussi gêné qu'elle par la situation. En même temps, elle devait avoir une tête de hamster dépressif alors ça devait être assez dur à gérer. Un hamster sur le point de se tailler les veines avec son biberon, ou de se laisser mourir sous sa roue en espérant être écrasé. Ou peut-être en tentant de s'empoisonner avec la bouffe du poisson rouge. Enfin elle savait pas trop. Mais ce qu'elle savait exactement, c'était ce qu'il se passait quand elle pleurait et ce n'était pas beau à voir.

Heureusement, il n'avait pas tenu à savoir pourquoi. Elle se voyait très mal expliquer que c'était parce qu'un gentil musicien avait poussé la chansonnette et qu'elle avait trouvé ça joli.

Non, vraiment pas.

Elle-même avait conscience que c'était ridicule. Alors l'expliquer à quelqu'un...

Non, vraiment pas.

- Oui, je suis aussi toute seule et oui on peut se mettre là.

Elle tentait de reprendre une certaine contenance, pas si simple avec la tête qu'elle se payait, mais elle y arriverait. Commencer par arrêter de dire n'importe quoi lui semblait être une bonne idée, voilà pourquoi elle pesait désormais tous ses mots au gramme près avant de se décider à les dire.

- Je vais prendre un thé, merci, et toi ?

Elle s'assit à la table en adressant un timide sourire à Sam. Un chaton devait mourir à chaque fois qu'elle se montrait aussi chiante. Céleste était douée pour écouter, pas pour papoter. Elle ne l'était plus du moins. Les seules personnes avec qui elle parlait encore et bien... c'étaient ses collègues.

Et autant dire que ce n'était pas très personnel comme conversation.

- Je suis navrée que tu m'aies vu comme ça, finit-elle par dire en fixant ses mains. Il n'y a rien de grave, si je peux te rassurer. Je suis simplement... un peu fatiguée. Je pleure souvent pour rien aussi.

Et oui, il n'y avait qu'une façon de briser la glace et ce malaise entre eux. Et c'était celle-ci. C'était embarrassant mais il n'y en avait pas d'autre. Elle sourit légèrement, sans découvrir ses dents pour autant. Ce n'était rien qu'un sourire d'excuses. Elle évita aussi de croiser le regard du brun, tout simplement parce qu'elle avait peur d'y voir du jugement. Ou de la pitié, c'était encore pire la pitié.

- Mais bon, tout va bien maintenant. Tu viens souvent ici ?

Bon, c'était déjà mieux non ? Pas très subtil comme changement de sujet, mais déjà mieux que son moment de déprime musical.

Quelque chose de plus fort...

Oui...

Alors bien sûr, le souci c'est qu'elle ne pouvait pas boire et qu'elle ne se voyait pas du tout lui avouer qu'elle ne tenait pas l'alcool. Pourquoi ? Oh sûrement par fierté, ou peut-être par orgueil. C'était quelque chose qu'elle cachait comme s'il s'agissait d'un secret des plus honteux, alors qu'en réalité...

En réalité ce n'était rien du tout.

Mais peu importe, le sujet était évité. C'est incroyable comme elle se sentait stressée à l'idée pourtant simple de papoter avec un quasi inconnu. Elle se demandait bien comment elle avait pu devenir aussi sauvage en l'espace de quelques années. Elle n'avait pas le souvenir d'être aussi coincée lors de ses années Poudlard...

Quoique...

Peu importe. Il fallait qu'elle dise quelque chose. Maintenant. Peu importe quoi.

- Moi j'adore les poissons, c'est pour ça que je suis venue.

Elle manqua d'éclater de rire à la seconde où elle comprit ce qu'elle venait de dire. Bon. Pourquoi pas après tout. Ce n'était pas exactement pour ça qu'elle était là, mais c'est vrai qu'elle aimait beaucoup les poissons. Elle faisait son mieux pour être naturelle, même si elle n'était plus vraiment sûre de savoir ce que ça voulait dire.

- Et je ne sais pas trop, il y a peut-être d'autres musiciens qui viendront non ? En tout cas je pense que celui là a fini.

Elle l'espérait en tout cas. Ou au moins, qu'il change son répertoire parce qu'elle n'avait pas très envie de fondre en larmes à chaque fois qu'il jouait une petite chanson.

Le serveur passa déposer leurs thés et Céleste le remercia sans faire attention à où il promenait ses yeux. Même si la blonde se savait jolie, elle avait grandi dans une famille constituée de quatre femmes aux origines vélanes. Autant dire qu'elle avait l'habitude des regards insistants même si la présence de sa sœur aînée l'avait longtemps éclipsée. Et maintenant... elle n'y faisait pas attention tout simplement.

Surtout qu'elle était presque sûre que c'était Sam qu'il regardait. Il devait se demander ce qu'une fille aussi fade faisait avec un si beau jeune homme, plein de vie qui plus est.

D'ailleurs, contrairement à lui, Céleste prit le temps de souffler sur son thé pour le refroidir. Elle ne se brûla donc pas les lèvres en le goûtant et laissa les arômes parfumés du thé monter jusqu'à ses narines. Très agréable. Ce qui l'était moins, c'était ce qu'elle entendait. Elle ne put s’empêcher de légèrement tiquer, fronçant le nez comme si elle venait de mordre dans quelque chose de très acide.

- Non, tu te trompes. Ça me fait très plaisir de prendre un thé avec toi. Ta compagnie est loin d'être fatigante d'ailleurs, plutôt... rafraîchissante.

Elle reprit une gorgée de son thé, en réfléchissant à ce qu'elle pouvait bien dire pour le rassurer une bonne fois pour toutes sur la question.

- Et puis, si on s'est croisé c'est peut-être pour une bonne raison non ? Peut-être que tu étais exactement ce qu'il me fallait pour me remettre de cette petite déprime passagère ? T'en dis quoi ?

Une autre pause. Cette fois elle ne but pas de thé. Et elle reprit :

- Moi en tout cas je suis contente d'être ici, avec toi.

Bon d'accord, ça elle l'avait dit plus bas, comme si elle en avait un peu honte. Ce n'était pas grand chose, mais elle n'était pas du genre à crier sur tous les toits son affection pour les gens, c'était même plutôt le contraire. Alors elle s'empressa d’enchaîner :

- Et si ça se trouve, c'est toi qui est retenu ici contre ta volonté, à boire du thé avec une mamie de vingt-trois ans de peur qu'elle se taille les veines avec une feuille de palmier si tu la laisse seule.

Elle plaisantait, évidemment, même s'il lui semblait que Sam avait un assez grand cœur pour faire ce genre de choses. Elle laissa entrevoir un rapide sourire en coin avant de plonger son nez dans sa tasse. Curieusement, elle se sentait déjà un peu mieux. Comme quoi, c'était peut-être réellement ce qu'il lui fallait. Une conversation normale, sans qu'elle ait à jouer un rôle ou à faire semblant d'une manière ou d'une autre.

Ah, et la musique reprenait finalement. Pas le même musicien, pas le même répertoire. Bien plus gai.

Parfait non ?

Plus le temps passait, plus Céleste se détendait. Ça lui semblait de plus en plus naturel d'être ici et de parler avec un presque inconnu de se tailler les veines avec les feuilles d'un palmier. Ça lui faisait du bien surtout. L'empêchait de penser, de trop penser. De réfléchir, de ressasser le passé. Elle était très douée en la matière.

Elle rit avec Sam lorsqu'il éclata de rire si spontanément. Elle n'avait pas l'habitude de... faire rire les gens.

C'était plutôt pas mal.  

Et son sourire resta longtemps sur son visage, d'autant plus que de voir Sam se confondre en explications inutiles était plutôt amusant. Elle avait bien compris qu'il ne souhaitait pas vraiment qu'elle se donne la mort, ça aurait été assez effrayant dans une telle conversation ou même... effrayant tout court en fait...

Et contrairement à ce que Sam semblait penser, Céleste était effectivement une mamie. Elle vivait très bien ce simple fait, être une mamie, c'était confortable. Certains perdaient leur temps dans des bars comme celui-ci, les fesses posées sur des tabourets inconfortables alors qu'elle prenait du bon temps sur son canapé enroulée dans un plaid tel du riz dans un maki. Elle privilégiait le confort tout simplement et veillait à avoir une vie douce. Douce et non dangereuse. Bon c'était un peu ennuyant des fois mais la plupart du temps, ça lui convenait.

Le jeune homme la rassura ensuite et lui confia qu'il n'avait aucunement l'impression d'être pris en otage. Cela aurait du lui faire plaisir, et c'est ce qu'il se produisit dans un premier temps. Mais...

Il ne finit pas sa phrase.

Et contrairement à ce qu'on aurait pu penser, Céleste avait une imagination débordante. Surtout dans ces moments là.

"Et que t'as plutot l'air d'un zombie d'habitude. Enfin c'est pas que ça change aujourd'hui mais c'est juste que là t'as carrément l'allure d'un zombie SUICIDAIRE. J'allais pas te laisser te foutre en l'air quand même ça se fait pas..."
"Et que t'es un peu ma BA de la semaine. D'habitude je nourris les chiens errants, là je bois un thé avec toi bon bah... c'est presque pareil au fond."
"Et que t'es ma cousine. C'est juste que tu m'as jamais reconnu. Débile."
"Et que je suis ton frère jumeau caché. Coucou sœurette."
"Et que j'élève des loutres, alors je me demandais juste si tu voulais bien me filer un coup de main parce que personne d'autre veut le faire et que t'as pas trop l'air d'avoir un but dans la vie alors...."

Cela ne dura que quelques secondes, avant qu'il se reprenne, mais Céleste eut le temps d'imaginer mille et mille possibilités dans le genre.

Et au final, rien de bien dramatique. Elle ne put s'empêcher de souffler, clairement soulagée.

Elle n'était pas la soeur jumelle cachée de Sam.

Génial.

Elle n'avait donc pas à culpabiliser de le trouver vraiment très mignon avec son menton contre sa main.

Génial.

Et puis... il aborda de nouveau le sujet qui fâche et Céleste ne put s'empêcher de se renfrogner. Elle ne voulait pas en parler. Elle n'était pas prête. Elle ne le serait surement jamais. Parce que parler de son émotivité, c'était parler de ce qui l'avait provoqué. Or, la cause de tous ses maux remontait à la guerre et Céleste se faisait un devoir de faire comme si elle n'avait jamais existée.

Heureusement, il posa une question qui la sauva. Qui fit briller ses yeux aussi, qu'elle détourna de l'orchestre nouvellement installé pour les reposer sur son compagnon. Elle avait envie... de faire quelques folies. Pour une fois.

Déposant quelques pièces sur la table, Céleste se leva et haussa un sourcil. Il y avait de quoi payer leurs deux consommations et elle laissait même un petit pourboire au serveur. Elle était consciente de faire stresser Sam pour rien mais après le coup de la phrase pas terminée, il lui devait bien ça.

-D'une glace au chocolat. Une énorme glace au chocolat. Tu viens ? C'est pas trop loin.

S'il refusait, elle ne sortirait plus jamais de chez elle.

Plus. Jamais.

Céleste n'aurait pas à s'exiler, parce que Sam n'avait pas refusé son invitation à se goinfrer.

Et ça, c'était plutôt cool.

En vérité, elle aimait bien passer du temps avec le jeune homme. C'était étonnant de voir à quel point c'était plus facile que ce qu'elle aurait cru. Tout espoir n'était donc pas perdu ! Elle était même déçue de ne pas avoir osé lui parler plus tôt, et s'en voulait un peu pour le coup qu'elle venait de lui faire.

Juste un peu, parce que ça l'avait bien fait rire quand même.

Quant au froid qui dérangeait tant Sam, Céleste ne le sentait pas. Les conséquences d'être née en Angleterre. En fait, elle l'appréciait même. Elle avait toujours aimé les températures plus fraîches, ou même l'hiver tout simplement. Elle adorait l'hiver. La neige, les plaids, la nuit à 16h... c'était définitivement sa saison préférée. On lui avait d'ailleurs souvent reproché d'être trop froide, trop distante sans même le vouloir. Ça n'avait sûrement aucun lien avec son amour de l'hiver, mais c'était tout de même bizarre et Céleste aimait faire des parallèles bizarres.

Donc oui, manger une glace alors que la température extérieure avoisinait les -5°, c'était parfaitement normal pour elle. Même si elle ne cracherait pas non plus sur un chocolat chaud.

- Il fait froid tu trouves ? Et non, je ne pense pas. Mais on peut chercher un endroit qui te fera quelque chose de chaud si ça te dis !

La blondinette se sentait pousser des ailes, ou était en tout cas bien plus enjouée que d'habitude. Encore une fois, l'effet du froid sur son organisme. Et de la nuit aussi, la nuit avait toujours eu un pouvoir étrange sur Céleste. Elle était une confidente, une amie bienveillante qui la protégeait et à qui elle pouvait sans mal abandonner tous ses secrets. Elle se sentait plus légère la nuit, plus libre en quelque sorte.

- N'empêche que c'est bien connu que les glaces sont meilleures quand il fait froid, mais ça il n'y a que ceux qui osent qui le savent !

Non, elle n'essayait pas du tout de le pousser à la consommation de ces délicieuses crèmes glacées. Pas du tout.

Sa question la désarçonna un peu, elle ne s'y attendait pas vraiment, mais ça ne la dérangeait pas d'y répondre. Jusqu'à un certain point du moins.

- Oui, au Nord de l'Angleterre en tout cas ! J'ai grandi dans un endroit tranquille, reculé de Londres. Et c'était plutôt... confortable.

C'était bien plus que confortable, c'était ses meilleures années.

- Et toi alors, d'où tu viens ?

Elle prit conscience qu'elle ne savait absolument rien de lui, et qu'ils avaient encore tout à apprendre l'un de l'autre. Il ne venait pas d'Angleterre, c'était plutôt évident quand on voyait sa résistance au froid. De plus, elle se souviendrait l'avoir croisé à Poudlard.

Mais alors, où ?

Non, il ne faisait définitivement pas froid.

Surtout depuis que Sam s'était rapproché. Finalement, ce n'était peut-être pas la nuit ou l'imprévu qui la rendait si joyeuse. C'était peut-être autre chose, mais elle ignorait quoi. Elle était assez satisfaite de son petit numéro qui avait conduit Sam à accepter de manger cette glace alors qu'il était déjà gelé. Il lui en voudrait sûrement plus tard, lorsque tremblant dans son lit, il se demanderait pourquoi il avait voulu faire le malin devant une foutue serveuse du Chaudron Baveur. Mais pour le moment, Céleste profitait de l'instant présent. C'était rare, ce genre de choses. C'était rare de réussir à entraîner quelqu'un dans une aventure pourtant banale mais si étourdissante à ses yeux. C'était rare qu'elle ose simplement prendre des risques, aussi petits soient-ils. Elle ne se préoccupait de rien pour une fois. Simplement de papoter gaiement sans peser chacun de ses mots, chacune de ses remarques en espérant ne pas trop en dire ou ne pas blesser l'autre.

C'était agréable, d'être un peu soi-même.

Les yeux de Céleste se mirent à briller lorsque Sam lui confia venir d'Afrique. L'Afrique... ça lui semblait si lointain. Elle se mit à rêvasser, pas assez longtemps pour que la conversation ralentisse mais assez pour créer de jolies images à partir du court portrait que lui faisait Sam de cet endroit. Elle se doutait qu'il venait de loin, mais elle n'aurait jamais imaginé une seconde que c'était d'Afrique.

-J'ai toujours rêvé de quitter Londres pour... voyager un peu. Loin. C'est comment là-bas ?

Elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle avait besoin de détails, beaucoup de détails. Ainsi elle pourrait utiliser ces éléments dans ses rêveries nocturnes lorsque le sommeil tardait à venir. Elle s'évadait ainsi, par la lecture et les souvenirs des autres.

- Excuse moi si c'est indiscret.

Ça non plus elle n'avait pas pu s'en empêcher. Pourtant elle avait envie de savoir, ça se voyait. Elle serait très déçue si Sam décidait que ces informations lui appartenaient à lui et à lui seul, mais elle le respecterait. Elle détestait qu'on la force à parler, alors elle n'allait certainement pas le faire avec les autres. Elle ne releva d'ailleurs pas le sens caché de sa remarque, probablement parce qu'elle n'y pensait pas sur le moment. Bien sûr qu'elle avait conscience d'être belle, mais magnifique ?

Non.

Il y avait effectivement des choses magnifiques à voir à Londres, Céleste ne se mettait pas sur la liste.

Sam l'interrompit de nouveau dans ses pensées alors qu'ils pouvaient désormais voir l'échoppe de crèmes glacées au bout de la rue. Elle apprenait une nouvelle information sur Sam, qu'elle se surprit à noter dans un coin de sa tête. Oui, elle connaissait cet endroit. Elle était un peu étonnée que Sam y travaille, elle avait toujours eu une image très négative de la boutique. Sa soeur y allait souvent, elle n'approuvait pas, mais ne lui faisait pas remarquer. Sam était pour elle l'incarnation même de la lumière, elle ne comprenait pas ce qu'une telle personne faisait dans un endroit aussi sinistre.

- Je connais oui, dit-elle en crispant légèrement la mâchoire. Ma soeur y allait souvent pour préparer des.... blagues.

Jolie façon pour dire qu'elle harcelait des élèves de manière parfois dangereuse avec son acolyte de toujours : Amélia. Quelle peste celle là, Céleste espérait ne plus jamais la revoir.

- Pourquoi tu... enfin pourquoi...

Elle cherchait ses mots, avait peur d'être maladroite, l'était assurément.

-Pourquoi Barjow et Beurk ?

Voilà, c'était dit. Il n'avait peut-être pas de réponse mais au moins elle avait posé sa question.

- Enfin... si je peux me permettre.

Encore une énième politesse inutile aux yeux de tous mais indispensable aux siens. Heureusement, ils n'étaient plus qu'à deux pas de la boutique.