Consulter la fiche du joueur précédentJ’aime tellement te regarder comme en ce moment. Quand tu es toi-même, ton sourire, ton véritable sourire, est la plus belle chose au monde.
Ça me rappelle tous ces moments qu’on passait ensemble, à s’échapper après le couvre-feu. On riait tellement en passant sous le nez de la concierge. En même temps, elle ne servait pas à grand-chose la pauvre, avec ses kilos en trop elle n’arrivait jamais à nous attraper dans les couloirs. On savait qu’elle répéterait sûrement qu’elle nous avait vu trainer tard le soir et qu’on se ferrait encore punir par cet infâme professer de défense contre les forces du mal. Mais on s’en foutait. Nous n’étions pas de très bons élèves de toute façon. Nous préférions passer du bon temps en se cachant dans la serre du cours de botanique pour préparer des blagues à cette pauvre Madame Miloron et devoir ensuite passer notre soirée du vendredi à récurer des chaudrons. Ah, qu’est-ce que ce temps pouvait me manquer. Avec moi, tu es tellement toi alors pourquoi n’arrives-tu pas à montrer cette magnifique facette au reste du monde ?
Mon regard se repose sur toi, comme toujours je ne sais pas détourner les yeux de ta lumière. La pluie coule dans tes magnifiques cheveux blonds et toi, tu tournes en rond en me criant, pour passer au-dessus du bruit de l’orage, de te rejoindre.
Ça c’est la vraie toi, celle que j’aime, même si je sais que tu ne voudras pas de moi. Je ne suis pas l’homme idéal qui peut suivre tes ambitions démesurées. Déjà, je ne suis pas un Sang-Pur. Mais d’où t’es venue cette aversion pour les moldus et pour leur sang ? Je ne te comprends plus parfois. Ton père ne t’a rien fait de mal. Tu avais l’air de tant l’aimer quand tu étais petite. Mais je n’ose plus aborder le sujet vu le regard que tu m’as lancé la dernière fois que j’ai parlé de lui dans l’une de nos conversations. J’aurais voulu pouvoir faire quelque chose pour t’aider mais tu t’es définitivement fermée sur ce point. Alors, je profite du fait que moi tu ne m’as pas rejeté, que tu me vois toujours comme ton meilleur ami.
Mais, malheureusement, je sais pourquoi tu m’as invité dans ton jardin secret ce soir. Je sais que tu vas m’annoncer que tu pars demain, ta mère m’a déjà mis au courant. Elle m’a dit que tu voulais rejoindre la branche pure de ta famille et te lancer dans une carrière internationale de chanteuse. Encore une chose que je ne comprends pas, pourquoi vouloir absolument avoir la gloire alors qu’on pourrait être heureux, tous les deux. Je sais, je n’arriverai plus à te faire changer d’avis, ton envie et ton orgueil ont pris le dessus sur la simplicité qui te caractérisait petite. Mais, heureusement, ton sourire et l’illumination permanente, qui hante presque ton visage chaque jour, n’ont pas encore disparus.
Je profite pleinement des derniers moments où je peux t’observer, te toucher, ne t’avoir qu’à moi. J’accepte ton invitation à danser sous la pluie. Je sais que ce moment n’appartiendra jamais qu’à nous car la seule raison pour laquelle tu te montres véritablement à moi c’est que je suis le seul qui te connaissait d’avant. Tu sais que jamais je ne vais te juger. Tu n’aimes pas les regards négatifs que les gens posent sur toi, alors tu fais tout pour être parfaite. Mais, tu sais, tu n’as pas besoin de changer et de devenir cette petite pimbêche blonde que tu n’es pas, tu es déjà parfaite à mes yeux. Ta beauté n’a pas encore trouvé d’égal d’après moi et pouvoir te serrer contre moi une dernière fois avant ton départ est un bonheur dont je pouvais à peine rêver. Je te fais tournoyer autour de moi, tu es tellement légère, tellement belle aussi… Tu me dis de te porter plus haut pour que tu puisses atteindre la lune qui se profile à l’horizon. Je te pose alors sur mes épaules pour que tu puisses être au point le plus haut où je peux te soulever.
Tu baisses ta tête vers mon visage. On est si proches. Tu me propose de prendre nos balais pour « aller voir la lune ». Pourquoi arrives-tu encore et toujours à me surprendre ? Tu es tellement tendre et douce quand tu ne portes pas ton masque. Je te descends à contre-cœur. A peine tu as touché le sol que ton contact me manque.
Je prends mon balai. Tu viens près de moi avec tes petits yeux brillants. Je sais déjà ce que tu vas me demander. Je te connais depuis si longtemps, à ce niveau-là tu n’as pas changé. Je te laisse monter avec moi. Tu t’accroches à moi comme à une bouée, si tu savais l’effet que tu me fais en ce moment. Heureusement pour moi, la nuit a pris son droit et tu ne peux pas voir mes joues en feu à cause de ce contact trop intime pour mon bien. Tu lâches un de tes bras pour me montrer une étoile que l’on peut voir que lorsqu’on a traversé les nuages. Cette étoile est devenue un peu notre secret, j’espère que tu iras la voir pour penser à moi, quelques fois, quand tu auras traversé la mer.
Nous volons quelques minutes au-dessus des nuages, dans le plus grand des calmes, jusqu’à ce que tu brises le silence : « Je pars demain ». « Je sais », ma brève réponse semble raisonner dans la bise qui nous entoure. Il n’y a rien de plus à dire.
On tourne encore un moment avant de se poser. Aussi haut dans le ciel il ne fait pas chaud et une voix enrouée pour une chanteuse n’est pas vraiment la meilleure des idées, surtout quand on doit faire une démonstration, pour une maison de disque en Angleterre, dans les prochains jours.
Je commence à rassembler nos affaires. Nous n’avons pas pris grand-chose. On vérifie qu’on a chacun nos baguettes, nos balais et tu vérifies que tu as ton « sac fourre-tout », comme je l’appelle.
Au moment où je commence à m’éloigner vers la forêt pour rejoindre les rues de la ville, tu m’attrapes le poignet, « attends ». Je m’arrête. Je n’ai pas le temps de respirer que tu es déjà dans mes bras. Tu me serres contre toi comme si ta vie en dépendait. Tu m’as souvent pris dans tes bras comme tu le fait actuellement, mais là c’est plus fort que moi. En même temps, je ne sais pas quand je vais te revoir. Mes mains viennent prendre ton visage en coupe et mes lèvres se joignent aux tiennes. Je les caresse doucement avec les miennes. Tu ne sembles pas être surprise par mon geste. Je te quémande l’entrée de ta bouche du bout de ma langue. Tu l’ouvres pour moi et le baiser devient plus passionné. Il est intense, mais court, le baiser du départ...
On se détache doucement l’un de l’autre. Je ne veux pas que tu partes… Mais c’est trop tard pour changer ça. Je sais que lorsqu’on sortira de cette forêt tu reprendras ton masque de garce. Alors, je te retiens encore un instant, juste avant de partir je dois te le dire.
« Je t’aime ».
C’est sorti plus facilement que ce que je pensais. Tu te retournes, me fait un ultime véritable sourire : « Merci ». Et tu reprends ta route, seule la forêt gardera ce secret, à jamais.