Oops, I did it again !

ft. Evan Jones

Persei attacha ses cheveux roux en un chignon déstructuré. Elle avait passé un temps fou à parvenir à ce résultat. Même si elle vivait dans un taudis, même si presque toute la fortune familiale avait été saisie par le ministère, même s'il ne lui restait presque plus rien, la sorcière restait une Black. Elle avait sa fierté, et sa dignité. Elle refusait de se laisser aller sous prétexte qu'il ne lui reste trois fois rien.

Elle se regarda dans un miroir. Malgré tout ce qu'elle avait traversé, rien ne se devinait. Seul son appartement délabré témoignait de son style de vie. Ce qui la sauvait de la disgrâce, c'était que personne ne savait où elle vivait. Certes, elle avait croisé quelques connaissances, mais elle avait toujours fait preuve d'un certain détachement de la chute de sa famille. Elle niait toutes ces rumeurs bien que vraies. Sa fierté était sans doute de l'orgueil.

Elle attacha sa cape noire, finement brodée. Si elle n'avait presque plus rien, cela ne l'empêchait pas d'avoir quelques pièces de choix - subtilement dérobées sous sa forme de renard. Elle n'avait pas un gallion en poche, plus un ami à qui se confier et plus aucune raison d'avancer. La guerre était un échec, et les temps d'aujourd'hui n'avaient rien d'intéressants.

Elle avait eu vent d'un nouveau sorcier puissant. Elle s'était même intéressée à sa cause. Mais au final, ce n'était rien de plus qu'un bonhomme très politique, trop propre et surtout très loin. Les hommes qui ne se montraient pas ou ne se battaient pas en personne étaient bien souvent des manipulateurs froussards. C'était ainsi que Persei voyait les choses. Ce sorcier venu de l'Est ne méritait pas qu'elle rejoigne sa cause. De plus son idéal était bien trop superficiel. Dans le long terme, il ne pourrait pas tenir une seule chance.

Fermant la porte de chez elle, elle se demanda pourquoi elle prenait autant de précautions. Ce n'était pas comme si elle avait quelque chose à se faire voler chez elle. Elle haussa les épaules et sortit de chez elle. Prudemment, elle se mouvait dans les ombres de l'Allée aux Embrumes. Ce n'était pas vraiment sûr. D'ailleurs, au détour d'une rue, elle se transforma en renard et s'échappa sans un bruit de ce quartier lugubre.

Londres n'était plus la ville sorcière qu'elle avait été. Aujourd'hui, c'était un repère de gens trop bien, trop irréprochables. Les soirées mondaines n'étaient plus réservée à l'élite comme auparavant. C'était en tout point affligeant et désespérant. Persei n'était de toute façon plus invitée à aucun événement. De part son statut de criminelle, il était apparemment très mal vu de l'avoir chez soi. Absurde, tout à fait absurde. De toute façon, elle arrivait toujours à profiter de quelques soirées. Elle se glissait sous sa forme animale et se dissimulait par la suite dans les ombres ou les quelques recoins peu fréquentés.

Les gens étaient naïfs et jusque là, elle ne s'était jamais faite surprendre. Elle devait remercier sa baguette et le sortilège Oubliettes. Dire qu'elle s'était avidement moquée de l'autre imbécile de Lockhart. Jamais elle n'aurait pensé utiliser la même ruse un jour dans sa vie. Finalement, imbécile mais pas tant que ça.

En avançant peu à peu dans les rues, elle remarqua une longue queue pour rentrer au musée. Sur ses quatre pattes, elle se faufila entre les gens. Il devait y avoir quelque chose d'intéressant à voir par ici. Pour rentrer, elle s'engouffra sous une robe à fanfreluches d'une sorcière. Elle haussa les yeux au ciel. Quel intérêt d'avoir autant de froufrous si on pouvait à peine marcher ? Au final, peu lui importait puisqu'elle avait pu se glisser sous sa forme animale dans le musée, et surtout, la sorcière n'avait rien remarqué.

En quelques enjambées, Persei était aux toilettes et voilà qu'elle reprenait sa forme humaine. Elle était beaucoup plus à l'aise ainsi. Elle prit sa baguette et se lança un sort de dissimulation sur elle-même. Elle n'avait pas disparu ou n'était pas dissimulée entièrement, loin de là. Mais elle se faisait moins remarquer ainsi. Elle souffla, se regarda rapidement dans le miroir et sortit des toilettes.

Mêlée à la foule, la rousse jeta quelques coups d'oeil aux gens présents. Il semblait y avoir beaucoup de gens éminents, tous rassemblés autour d'une collection d'objets assez hétéroclites. Elle passa sa tête entre deux personnes, regardant sans aucune indiscrétion ces éléments exotiques. Peu intéressant. La femme se détourna de ces objets, elle s'en serait allée si ce n'était pour cet homme au comportement suspect.

Il semblait... étrange. Il dénotait parmi la foule, elle n'aurait su dire pourquoi. Peut-être à cause de son accoutrement terriblement ordinaire. Elle remarqua son petit manège : coup d'oeil ici, coup d'oeil par-là. Et d'un seul coup, il s'était saisi d'une statuette au sus de tous. Elle affichait à présent un sourire énorme. Il avait du cran. Le pire, c'est que personne ne le remarqua.

- La statuette ! Elle a disparu !

Ah, en réalité, la disparition de la statuette ne resta pas inaperçue longtemps. Persei se faufila entre les gens, sans les heurter et attrapa la main du voleur qu'elle avait vu. Elle le traina de force.

- Bouge toi, allez magne, siffla-t-elle au voleur.

Elle le traina jusqu'à la réserve du musée. Les gens paniquaient, mais la sorcière était très calme. Une fois saufs, elle se mit à rire. Il lui fallu quelques longues secondes avant de pouvoir reprendre son calme. Elle passa sa main sur son visage une fois qu'elle eut repris le contrôle sur son rire.

- On t'as jamais dit que c'était mal de voler ? demanda Persei avec amusement. En pleine journée qui plus est. T'as pas froid aux yeux toi.

Ses yeux étaient emplis de défi. En réalité, ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas éprouvé d'intérêt pour une personne. Tout le monde semblait tellement bien rangé, tellement sage, tellement du côté du bien. Cette pensée lui arracha une brève expression de dégoût, mais elle reporta aussitôt son attention sur le voleur.

- Ca vaut beaucoup ce que t'as ?

Son ton était sec, mais elle parlait toujours comme ça. Les gens ne l'appréciaient pas parce qu'ils avaient tous l'impression qu'elle prenait les gens de haut. En soi, c'était la vérité. Mais c'était ainsi qu'elle parlait avec tout le monde. Il y avait toujours eu du dédain dans sa voix. Et puis, sa question était réellement par curiosité, pas par moquerie vis-à-vis de la fraude. Restait à voir comment le voleur le prendrait, lui.