- C'est dingue Bee ! T'as vu tout ça ??

L'enfant hocha la tête vivement. Elle ne savait plus où donner de la tête, à tel point qu'elle jurerait que demain, elle aurait un torticolis. Tom était aussi extatique qu'elle-même. Elle lui tenait fermement la main, intimidée par autant de nouveauté. Deux orphelins, perdus dans un univers complètement nouveau et sans personne pour les aider, ça avait de quoi impressionner.

Baylee avait était impressionnée par le luxe du train. A l'orphelinat, c'était plus modeste, plus rustique... Ici, tout semblait être dans la démesure, dans l'apparence. L'intérieur des wagons était si élégant et si propre. Les deux amis n'osaient pas trop s'asseoir, et pourtant c'était tellement accueillant en même temps. Ce sentiment d'intimidation ne dura pas très longtemps. Ce n'était pas leur genre.

- Tu crois qu'on va faire quoi une fois à l'école ? demanda Baylee à Tom.
- J'sais pas... Sûrement pas du criquet si tu veux mon avis !

La fillette hocha pensivement de la tête. Elle avait feuilleté rapidement les bouquins achetés pour la rentrée, et il était vrai que le criquet ne semblait pas être inscrit au programme. Elle lui sourit. Ils ne parlèrent encore pas très longtemps. Baylee, surexcitée par cette rentrée exceptionnelle n'avait presque pas dormi la nuit précédente. Elle s'endormit sur l'épaule de Tom, qui en fit autant et ce malgré le brouhaha ambiant.

C'est un cahot qui les réveilla en sursaut. Le train s'était stoppé, et d'un oeil endormi, les deux comparses regardèrent par la fenêtre. Le soleil déclinait fortement, les élèves étaient tous en tenues... Ah non pas tous. Et personne n'avait daigné les réveiller ! D'un mouvement de panique, Tom et Baylee enfilèrent leur robe. Personne ne verrait qu'ils n'avaient pas enfilé l'uniforme complet... N'est-ce pas ?

- Personne ne le saura hein ?
- Personne, affirma Tom avec une confidence sortie de nulle part.

Cela suffit à rassurer la subtile inquiétude que la brunette ressentit. Elle reprit la main de Tom, ayant ce besoin de contact physique avec celui qu'elle considérait comme son frère. Ensemble, ils sortirent du train pour faire face à un géant. Enfin demi-géant. Cela suffit à faire déglutir Baylee. Il ne semblait pas méchant, vraiment pas, mais bon sang, elle n'avait jamais vu qui que ce soit d'aussi grand et d'imposant. C'était vraiment flippant...

Le géant se présenta avec un sourire des plus adorables. Rubeus Hagrid. Ce dernier ajouta de simplement l'appeler Hagrid, et il ouvrit le chemin à tous les premières années. La petite brune regarda autour d'elle pour voir où les autres élèves étaient allés, mais ils avaient tous disparus, comme par enchantement...

- Ils sont partis par là-bas, montra Tom pour répondre à sa question muette.
- Ah...

Depuis le début de cette nouvelle aventure, Baylee était silencieuse, calme et discrète. Ce n'était pas du tout dans ses habitudes. Mais comme tout le monde, elle avait un besoin d'adaptation. Même court. Après tout, avec Tom à ses côtés, rien ne serait insurmontable. Et surtout, les bonnes vieilles habitudes reviendront à la charge.

Le groupe d'enfants arriva au bord d'un lac. Le soleil avait disparu et l'eau semblait aussi noire que l'encre d'une seiche.

- Faites attention ! Le calmar du lac pourrait bien vous engloutir d'un coup d'un seul si vous vous penchez un peu trop !

Le rire gras d'Hagrid suffit à calmer les questions de la future sorcière. Il ne semblait absolument pas sérieux. Heureusement. Tom, lui, se força à rire avec Hagrid. Mais la fillette avait bien compris qu'il n'en menait pas large.

- T'inquiète, i'm'fait pas peur ce calmar ! dit Baylee en offrant un clin d'oeil à Tom.
- Ouais, que tu dis !

Le trajet dans la barque se passa sans problème relatif. L'eau était calme et malgré les tempéraments du duo, ils restèrent tranquillement assis à leur place dans la barque. Il n'empêche qu'ils n'avaient jamais autant apprécié la terre ferme... Surtout lorsque la nuit ne laissait aucune possibilité de vision sur le fond du lac...

Tous les futurs sorciers suivirent alors de nouveau le gardien, qui les mena jusqu'à une grande porte, au pied du château. Baylee frissonna. Ca semblait surréaliste, elle se demandait à quel moment le rêve allait se terminer et lâcha la main de Tom pour se pincer. Elle se frotta douloureusement le bras. Non, ça n'avait rien d'un rêve, tout était vrai. Les battants de la porte s'ouvrirent dans un grincement mystique, et elle retint son souffle.

Une femme les attendait derrière la porte. Elle ne souriait pas, et s'autorisa à jauger le lot d'élèves sans un mot. Elle semblait stricte et sévère. D'un oeil rieur, Baylee envoya un message silencieux à Tom. Ce serait un sacré défi de la rendre chèvre... Ils approuvèrent et discuteront d'un plan d'action. C'était un mal nécessaire. Elle les mena à travers quelques couloirs et s'arrêta devant une nouvelle double porte. En quelques mots, elle parla de la cérémonie de répartition et des quatre maisons.

- Tu parierais sur quelle maison ? chuchota Tom.
- Je sais pas, le truc avec l'aigle ça à l'air pas mal cool comme nom, mais en même temps celui qui ressemblait à un serpent, c'est très classe, répondit Baylee moins discrètement.

Certains de leurs camarades ricanèrent face à autant de stupidité et d'innocence. Les autres n'entendirent rien. De toute façon, ça n'avait aucune importance parce que déjà ils se poussaient pour rentrer dans la grande salle. L'excitation était à son comble. Les chuchotements curieux des élèves plus âgés angoissaient certains nouveaux. Les enfants issus du monde moldu ne cachaient pas leur surprise face à une salle aussi faste et les questions fusaient concernant les bougies, ou le plafond... Un tas de détails qui devrait attendre.

Le directeur se présenta, offrit un discours que personne (à comprendre Baylee et Tom) n'écouta. Trop superflu, pas assez intéressant. Puis on annonça le choixpeau. Les chuchotements parcouraient la salle et étaient partagés de tous. Qui irait dans quelle maison ? Telle était la question.

- Baylee Andrews.
- Merde, c'est moi qu'on appelle, lâcha-t-elle sans délicatesse.

La foule se fendit en deux entre rires et consternation. Une petite fille aussi vulgaire... et surtout pas en uniforme ! La brune comprit au regard courroucé des professeurs que cela n'était pas passé inaperçu. Le directeur semblait s'en amuser. Et les élèves qui avaient compris, ricanaient. Il fallait avoir un sacré culot pour ne pas avoir enfilé l'uniforme le premier jour. Ou être complètement stupide.

En s'approchant du tabouret et du chapeau, la professeur se pencha vers Baylee.

- Vous n'avez donc pas lu les règles ?
- Euh ben... si, répondit bêtement Baylee.
- Alors où est vôtre uniforme ? demanda la femme en fronçant des sourcils.
- Ben, dans ma valise.

La nonchalance évidente de la fillette exaspéra la femme, et cette dernière décida de ne pas insister. Pas le premier jour. Elle indiqua à Baylee de s'asseoir avant de mettre le bout de tissu poussiéreux sur sa tête. Tom lui jeta un regard amusé avec un sourire moqueur. Baylee répondit à son sourire avant de sursauter en sentant le chapeau bouger.

- AH HA ! Voilà une enfant pleine d'énergie. Voilà longtemps que je n'avais pas vu d'enfant comme toi. Tu cherches l'amusement dans tout et semble aussi franche que brave. L'hésitation ne fait pas partit de ton vocabulaire... D'ailleurs, je n'hésite pas du tout pour toi. GRYFFONDOR !

Un tonnerre d'applaudissement la sortit de sa torpeur et on la poussa vers une table dont les couleurs dominantes étaient le rouge et l'or. Ses nouveaux camarades la félicitèrent avec enthousiasme et on commenta sa tenue. Apparemment, personne n'avait jamais osé... Elle rigola en pensant à Tom. S'ils n'avaient jamais vu personne le faire, que penseraient-ils en voyant qu'ils étaient deux dans la même situation ?

Les élèves passèrent un à un, jusqu'au tour de Tom. Baylee s'inquiéta pour la première fois. Que se passerait-il s'ils n'étaient pas ensemble ? Si le choixpeau décidait d'envoyer le garçon ailleurs ? Oh non... Ca, elle ne l'accepterait jamais. Et comme si le tissu magique l'avait entendu, Tom fut envoyé à Gryffondor. Les prochaines années risqueraient d'être mouvementées... Ca c'était certain...