I. 0 jours
Le goût était infect.
C'est ce que je pensais lorsque je glissai la feuille de mandragore dans ma bouche. Et dire que j'allais devoir la garder pendant un mois ... Si je l'enlevais, je devrais tout recommencer à partir de zéro.
Lorsque j'avais décidé de devenir animagus, je ne pensais pas que ce serait si compliqué, qu'il y aurait autant d'étapes. J'ai même failli, à un moment, lorsque ma formatrice m'a tout expliqué en détail, abandonner, mais je me suis retenue. Après avoir rempli tant de paperasse, tant de formulaires, avoir prévenu tout mon entourage de ma décision ( un peu pour me la péter, j'avoue ), il était hors de question que je me dégonfle à cause d'une feuille.
Cette idée m'était venue sur un coup de tête. Lorsqu' Adélia avait dit que je ne valais pas plus que mes collègues, je m'étais insurgée. Et j'avais décidé de faire quelque chose que l'insupportable serveuse ne pourrait jamais faire, pour cause de déficience intellectuelle : devenir une animagus.
Et puis, il y avait aussi l'envie que j'avais d'intégrer les rangs d'élite du ministère, en tant que duelliste ou, la crème de la crème, Auror. Ou encore, sorcière d'élite ... Je n'avais pas encore d'idée d'animal ; je voulais juste qu'il soit beau. Comme moi.
Et me voilà là, dans ce centre de formation du ministère, une feuille dans la bouche, la pleine lune resplendissant dans la large vitre, en face de ma formatrice, une vieille chouette nommée Katya Marabel.
« Et 'onc, 'e dois 'arder ça jusqu'au mois 'ochain ? » demandais - je, déjà sûre de la réponse.
Marabel me fixa intensément, avec son regard de vautour. Elle m'avait déjà donné plein de conseils, elle était obligée de rester ? Ma formatrice était très agaçante.
« Arrêtez de mâcher cette feuille. Sinon vous allez devoir recommencer, et vous n'en avez pas envie, n'est - ce pas ? »J'acquiesçais ; hors de question d'accomplir ce rituel deux fois ... C'était déjà deux fois de trop, selon mois. Et puis, à cause de cette maudite feuille dans ma bouche, je ne pouvais pas lui répliquer une repartie cinglante dont j'avais l'habitude.
Et puis, j'avais du boulot.
II. 31 jours
Le temps était venu d'enlever cette feuille. Enfin ! Le dernier jour du mois était le plus horrible. Cela faisait déjà un mois que j'avais commencé à suivre les étapes pour devenir animagus, et j'en étais à la première étape. Et moi qui pensais que ce serait facile ...
J'avais attendu, impatiente, toute la journée. Enfin, la nuit était tombée, et avec elle, la pleine lune. Je j'étais un coup d'œil à l'heure ; vingt-deux heures huit. Je ne savais pas s'il fallait que l'extraction soit un mois jour pour jour plus tard que lorsque j'avais pris la feuille, mais au cas où, il fallait que je m'y mettes. Il était vingt - trois heures dix la dernière fois.
J'allais donc chercher la fiole de cristal et me préparait. Je me tenais devant la fenêtre, le clair de lune resplendissant ce soir là. Lentement, j'enlevais la feuille imbibée de salive de sous ma langue où je l'avais niché ...
Berk. Dégoûtée par cette vision d'horreur, je me dépêchais de l'enfoncer dans la fiole. Puis je me dépêchai d'aller chercher le reste des ingrédients ; d'abord j'arrachai en soupirant un de mes ( magnifiques ) cheveux bruns que j'ajoutais à la feuille, puis je mis précosionneusement une cuillère en argent de rosée. J'en avais préparé plusieurs au cas où j'en renverse. Cela avait été compliqué, évidemment, et je m'y étais pris tôt. Il y avait du plusieurs ratés. En effet, pour reprendre les mots de Marabel, il fallait que cette rosée, en plus d'être contenue dans une cuillère d'argent, ai été recueillie
"dans un lieu qui n'a été ni exposé au soleil ni foulé par l'homme pendant sept jours entiers". C'était poétique, certes, mais aussi très embêtant.
Dans ce mélange composé d'une feuille, de ma salive, d'un de mes cheveux et de rosée du matin, plus excitée que jamais, je rajoutais un nouvel ingrédient.
J'avais si hâte ! Quel serait mon animal ? Peut être un corbeau, ou une colombe ; je trouvais que cela me correspondait bien.
Cette chrysalide tête de mort n'avait pas été difficile à trouver ; il y en avait chez l'apothicaire le plus proche. Ce qui n'allait pas, c'était le prix. Une chrysalide coûtait une trentaine de galions ! De plus, il fallait pour en obtenir avoir un certificat d'autorisation du Ministère pour devenir animagus, ce qu'evidement je n'avais pas sur moi et fut obligé d'aller en chercher. Ça avait été embêtant et encore une fois, j'avais douté de mon envie de faire partie des animagi ... Mais au final, j'ai fini par l'acheter. Cette fois, je n'avais pas les moyens d'en avoir deux. Alors j'avais simplement fait très, très attention.
Enfin, je glissai la larve dans le flacon. Voilà. Il fallait désormais que je la garde dans un endroit sombre et calme jusqu'au prochain orage. Rien de plus facile ; c'était la partie la plus simple. Je rangeais Merdive - ma fiole, ainsi que le surnom d'Erell - dans un tiroir que j'avais prévu à cet effet. Désormais, je ne devais plus la déranger ...
III. 45 jours
Je me levai difficilement. Cela allait être une mauvaise journée, je le présentais ... Après tout, je travaillais aux côtés d'Adélia au Chaudron Baveur aujourd'hui, et il suffisait de ça pour assombrir une journée.
Je pris seulement une heure et demie pour m'habiller, bichonner mes cheveux et me maquiller. Je regardais l'heure ; six heures et demie, le soleil commençait à se lever. Puis, presque machinalement, j'empoignais ma baguette et la dirigeais vers mon cœur, récitant l'incantation : "Amato Animo Animato Animagus."
Je fus enchantée de constater un deuxième battement de cœur. Depuis trois jours, il était de plus en plus distinct. Puis, rapidement, je pris mes affaires et jetait un coup d'oeil au tiroir, dans l'autre pièce, où était rangé Merdive.
Non ... Je ne devais pas regarder.
Comme chaque jour au Chaudron Baveur où c'était à moi et à Débiline de travailler ensemble, l'ambiance était à l'orage. Nous nous jetions des regards assassins à longueur de temps et restons dans notre coin. En plus, il n'y avait quasiment personne, ce qui accroissait notre ennui ...
Vers quatorze heures, quelques gouttes commencèrent à tomber et je relevais la tête. Étais - ce le jour ? Cela faisait deux semaines que j'attendais. Le moment était il enfin venu ? Adélia me regarda, intriguée, m'approcher des fenêtres.
Je n'eu pas à attendre une minute de plus pour que l'averse se transforme en déluge. Je sourit, et criait à Addie, sans lui laisser le temps de répondre, en m'enfuyant :
« Déso Déb ... Addie ! Je dois y aller, je crois que tu peux t'en sortir sans moi ! »
Enfin !
V. Toujours 45 jours
J'ouvris ma porte sans même penser à le refermer, et me tient prête, devant la cachette de la fiole. J'attendais le premier éclair, le cœur battant. Enfin, j'étais si proche ! Tout à coup, le bruit du tonnerre retentit et l'éclair apparut peu après. Sans attendre, j' ouvris mon tiroir où était rangé Merdive. Il était temps !
La potion était devenue rouge sang, comme indiqué par Katya Marabel, signe que je n'avais fait aucune erreur !
Je la pris et l'emmenait dans cette salle vide dont je n'avais aucune utilité, puisque je n'avais pas encore fini de déballer mes affaires, ayant déménagé récemment dans cette grande maison pas entièrement rénovée. Tremblante, je récitais, pointant ma baguette sur mon cœur :
« Amato Animo Animato Animagus »
Puis je bue la fiole en une gorgée. Elle avait un goût infect, pire que la feuille ... J'essayais de ne pas penser à la chrysalide à l'intérieur.
Je ressentis alor une vive douleur se propager dans mon corps tout entier. Mon cœur accéléra sa cadence, et j'aurai pu croire que j'allais mourir si la vieille Marabel ne m'avait pas expliqué ce qui était en train de se passer. Une forme se dessina dans ma tête et j'essayais de deviner de quoi il s'agissait, entre la douleur et le rythme de mon cœur qui battait comme un tamtam. C'était une sorte de fouine ... Non, un renard ! Et il était blanc.
Cela me correspondait, non ? Un renard blanc ... Rusé, intelligent, beau et élégant. Mais je n'eu pas vraiment le temps de prendre en compte toutes ses considérations, puisque la douleur explosa dans mon cœur avec une telle force que je faillis perdre le contrôle.
Reste calme, Amy, me recommandais - je. Comme me l'avait enseigné Katya Marabel, il fallait que je garde mon calme sous peine de faire quelque chose de vraiment, vraiment stupide. Du genre foncer dans une fenêtre. Puis, cette rapide douleur s'arrêta d'un seul coup.
Je me sentais toute petite. Mais aussi, je sentais tous les membres de mon corps comme ... Différents. Ma vision était étrange. J'entendais tout, du tonnerre au dehors au bruissement des feuilles. Et j'avais mon esprit humain - qui est fabuleux, comme vous le savez - pour compléter le tout.
J'avançais une patte - une patte ! - vers ma baguette. Jugeant risqué de la prendre, ayant peur de la casser, je préférais la faire rouler sous un meuble.
Puis je parcourais ma maison, jubilant. Étais - je vraiment un renard ? Je montais avec excitation mes propres escaliers, qui me paraissaient immensément grands. Je dérapais sur le vieux parquet que je n'avais pas encore changé, et rentrai dans ma salle de bain. Cette sensation d'avoir pleinement conscience de son corps était grisante. Je grimpais avec tant d'aisance sur la commode, puis sur le lavabo et m'observait dans le miroir.
J'étais aussi mignonne sous forme humaine qu'animale. On aurait dit une peluche. J'avais un poil blanc et touffu, un museau court et de petites oreilles. J'étais un renard polaire.
J'étais animagus !