"Some are born to sweet delight..."

L'ENFANCE. C'est en Décembre 1982 que le monde entendit la voix de Casper pour la première fois. Né cinq ans après son grand-frère Sullivan, de l'union d'Abigaël Parkinson et de son époux Hector Fawley, le garçon grandit au sein d'une famille qui n'était parfaite qu'en apparence, unie par le devoir et non par l'amour. Un champs de bataille où les sourires dissimulaient des armures de glace, où chaque mot était un piège redoutable, où la gentillesse et la sincérité n'avaient pas leur place. Très tôt, on lui inculqua l'importance de son rang et les devoirs qui en découlaient. "La mort plutôt que la souillure" traduit dans les faits par «Haine, mépris et racisme envers tout ceux qui ne sont pas non". Casper ne tarda pas à prendre le pli et comme la plupart des descendants de sang-purs, il intégra l'idée qu'il était un être supérieur aux autres par sa simple naissance. Casper était un enfant taciturne et au grès des années, il devint de plus en plus clair qu'il n'était pas "normal". Du moins c'est ce que pensaient ceux qui l'entouraient, des domestiques à sa famille. A l'âge où ses petits camarades baignaient encore dans la douce innocence des jeunes années, il faisait montre d'une maturité exceptionnelle. Rarement au centre de l'attention, souvent à l'écart, solitaire et mutique, on pouvait très facilement passer une journée sans le remarquer s'il en avait envie. Affectionnant les lieux sombres et silencieux, il passait ses journées à la bibliothèque à parcourir des ouvrages peu adaptés à son jeune âge qui nourrirent son intellect et sa soif de connaissance. Car il n'était pas comme ces enfants qui se contentaient d'explications frauduleuses pour justifier les choses de la vie comme "il est monté au ciel" ou "c'est le père noël". Sa glaçante lucidité mettait mal-à-l'aise les gens qui l'entouraient. Une de ses gouvernante avait un jour dit qu'il était né trop vieux. Casper avait surtout l'impression de ne pas vivre sur la même planète que les autres. Outre cet aspect ombrageux de sa personnalité, le jeune Fawley était également sujet à des changements d'humeur cataclysmiques. Un rien suffisait à faire basculer sa personnalité et le plus souvent, les raisons de sa colère échappaient totalement à ceux qui s'occupaient de lui. Son monde intérieur était ravagé par un perpétuel orage. Il faut dire que l'environnement proche de cet enfant ne permettait guère l'épanouissement et la bien-être. Abigaël Fawley, née Parkinson, sa mère, était une femme effacée qui subissait sa vie au lieux de la vivre. Si la discrétion était une qualité appréciée pour toutes dames de bonne famille, son cas relevait plus de la pathologie. Ce n'était un secret pour personne au sein sa belle-famille qu'elle était sujette à la "mélancolie", un terme poétique pour désigner la dépression qui l'engloutissait lentement. Si Casper y était très attaché, force est de constater qu'elle ne laissa guère d'empreinte sur la vie de son fils. S'il devait énoncer un souvenir marquant en sa compagnie, il évoquerait cette fois où il avait tressé ses cheveux de fleurs, à l'ombre d'un saule. C'est couronnée d'ancolies et de bruyères qu'Abigaël fut retrouvée noyée dans l'étang bordant leur demeure. On inscrivit "accident" sur l'acte de décès et on ne dit plus jamais un mot à ce sujet. Plus que sa mère, et sa disparition aussi tragique que fatidique, c'est l'influence de son père qui forgea l'avenir de Casper. Hector Fawley était un homme en apparence sulfureux et séduisant, qui déchainait autant les passions et que les colères. Dans le cadre privé pourtant, c'est une toute autre personne qui émergeait hors de ce masque taillé pour plaire. Un père impitoyable, obsédé par la réussite de ses fils et leur héritage. La violence de ses mots égalait celle de ses coups. Il était souvent absent, travail de diplomate au Ministère oblige, mais son ombre planait sur tout les instants de leur vie. Casper éprouvait pour son père un mélange d'admiration sans borne et de terreur quasi-religieuse. Il avait véritablement à cœur de le rendre fier. Malheureusement pour lui, il ne récoltait rien d'autres que des claques et des reproches. Son tempérament à fleur de peau et son caractère antisocial ne correspondaient en rien à ce que son père attendait de lui. Mal dans sa peau, Casper se renfermait de plus en plus dans son monde qui, à défaut d'être joyeux, lui correspondait mieux.
Tout n'était pas si noir néanmoins. La présence d'une seule personne suffisait à éclairer son quotidien : Rosalind Fawley, sa chère cousine. Casper, Sullivan et elle formaient un trio inséparable. Pratiquement élevés ensemble depuis le berceaux, ils arpentaient les jardins de la demeure, illuminant de leurs rires un quotidien trop morne. Casper concevait depuis toujours une affection toute particulière pour sa cousine qui en étonnait plus d'un. Si Casper aimait profondément Sullivan, celui n'était pas épargné par son caractère irascible. Sa mère, qu'il aimait énormément de son vivant, n'avait guère droit à des marques d'affections de sa part. Quand à son père... Toujours est il qu'en présence de sa rouquine de cousine, il semblait se métamorphoser. Elle l'entraînait dans tout ses jeux et il se laissait docilement faire. Elle seule était capable de dessiner un sourire sur ses lèvres contrites. Froid et distant avec le reste du monde, il laissait s'effacer sa carapace face à elle. Les trois héritiers Fawley menaient une existence douce ensemble, surveillés de loin par leur grand-mère, Hélianthe, qui distillait dans leur éducation quelques conseils avisés pour faire d'eux des esprits éclairés.
Casper était doté d'une véritable âme d'artiste, prisonnière du carcan des ambitions paternelles. Alors qu'il se rêvait musicien, le chemin que lui traçait son rang le dirigeait plutôt vers une carrière politique ou judiciaire. Bien qu'il était un garçon remarquablement intelligent, ce n'était pas devant un bureau qu'il voulait vivre ses jours, mais derrière un piano. Avant même d'apprendre le solfège, il commença à improviser et composer ses propres morceaux, qu'il jouait fièrement devant son frère, sa cousine et sa grand-mère. De toutes les passions qui pouvait animer un coeur, c'était la musique que le sien avait choisi. On disait qu'il tenait ses talents de mélomane de sa mère. La plupart de ses troubles mentaux qui allaient l'accompagner le reste de sa vie aussi.
Lorsque son père annonça que ses fils n'iraient pas à Poudlard, Casper n'avait aucune idée des tourments qui allaient secouer sa vie. Tout ce qu'il voulait, s'était plaire à son père, aussi se conforma-t-il naturellement à son avis, déclarant qu'une école de sorcellerie qui acceptait des nés-moldus n'était pas à leur niveau. Pourtant, certaines choses auraient du lui titiller son intuition. La réputation de Durmstrang. L'expression de Sullivan quand il revint pour la première fois en Angleterre pour les vacances... Parfois, lorsqu'il veut échapper à la culpabilité qui le ronge, Casper se prend à rêver de n'avoir jamais posé le pied sur les neiges grand nord. S'il était allé à Poudlard, peut-être les choses auraient elles été différentes. Il ne l'aurait pas rencontré. Elle serait peut-être toujours en vie...Le temps de l'innocence touchait à sa fin. Les fleurs mourraient doucement dans leurs vases d'argents et Casper entra à Durmstrang en 1995.
L'ADOLESCENCE. Les trois premières années d'étude furent catastrophiques. Parlant mal le russe, timide, mal à l'aise avec les gens, il devint rapidement la cible des moqueries. Dans les impitoyables plaines sibériennes, le nom des Fawley n'avait aucune valeur. Au sein de cette école, c'était marche ou crève. La vie là-bas nécessitait une force que Casper n'avait pas. Sullivan, qui avait de son côté presque fini ses études, ne s'y plaisait pas non plus. Pendant un temps au moins, les deux frères purent compter l'un sur l'autre, avant que l'aîné ne quitte l'école. A partir de là, Casper fut livré à lui-même et les choses empirèrent drastiquement. Ses professeurs ne l'appréciaient pas, interprétant son silence et son attitude renfermée comme du mépris. Ils supportaient mal sa façon de toujours remettre en cause les choses que l'ont considérait immuables, son esprit tumultueux qui se heurtait au carcan strict de Durmstrang...alors qu'on enseignait aux élèves le sang-froid, il était toujours à fleur de peau, dirigé par ses émotions. Il passait rarement une journée sans qu'il n'aille s'enfermer quelque part pour pleurer ou hurler sa rage. Incapable d'exprimer sa douleur intérieure, il en venait à se faire physiquement du mal pour l'extérioriser. Ses poings se fracassaient contre les murs, ses bras étaient couverts de cicatrices. Il se mettait en danger délibérément, ignorant sa santé et sa sécurité. Ses cris d'alerte auprès de sa famille restaient sans réponse. Aux yeux de son père, ce n'étaient que les caprices d'un enfant trop gâté qui apprenaient la vie à la dure. Il pouvait néanmoins compter sur son frère, et Rosalind. Malgré la distance qui les séparaient, les cousins continuaient de correspondre régulièrement. Sa détresse transparaissait dans chacune de ses lettres, mais la jeune fille ne pouvait guère lui venir en aide depuis leur Angleterre natale. A l'image de sa psyché, les performances scolaires de Casper étaient des plus chaotiques. Il fit très tôt montre d'un talent évident en sortilège, mais c'était en métamorphose qu'il excellait. Il dépassait largement ses camarades de promotion dans ses deux matières, ce qui ne manquait pas de lui attirer quelques inimités, mais pour les autres disciplines...c'était ni plus ni moins qu'une catastrophe. Un "manque de concentration, impossible pour lui de travailler en équipe, aucune régularité dans son attitude ou son travail" déclaraient ses enseignants. Il était évident pour la plupart qu'il n'avait aucun avenir dans la sorcellerie, malgré ses quelques talents dans les compétences qui éveillaient son interêt. Un élève médiocre, au comportement déplorable. Bravant le réglement et le couvre feu, Casper aimait s'aventurer dans la nature sauvage, bien au-delà des limites de l'école qui étaient déjà immenses. Seul dans l'immensité blanche, il y trouvait un semblant de sérénité. Drapé dans le silence, il se plaisait à observer la vie sauvage, se trouvant plus d'affinité avec les animaux des plaines que ses congénères humains. Plusieurs fois, il tomba très malade après avoir passé de longue heures à observer les pérégrinations d'un troupeau de mouflons. Ce sont ces escapades dans la taïga qui motivèrent un projet démesuré pour son jeune âge : devenir un animagus. A l'insu de ses proches et de ses professeurs, il entama un entraînement solitaire pour acquérir ce don rare.
Au cours de sa deuxième année Kayla Nystörm se fraya un chemin dans son monde de solitude. Sa camarade était son exact contraire : sociale, agréable, bien entourée. Lumineuse. Toujours le sourire aux lèvres, toujours charmante, toujours un mot gentil envers les autres, même un marginal comme lui. Ils s'étaient déjà croisés plusieurs fois dans les couloirs de la forteresse, mais ils firent véritablement connaissance lorsqu'elle l'aida à ramasser ses cahiers qui avaient "mystérieusement" finit dans le lac de Durmstrang. Kayla s'était montré très gentille envers lui. Peu habitué à ce genre d'interactions sociales positives, l'adolescent en était resté pantois. Elle en revanche, semblait vouloir le connaître mieux. D'un naturel méfiant, Casper ne se guère laissa approcher, même si les marques d'attention de la jeune fille étaient loin de le laisser indifférent.
En troisième année il faillit être renvoyé après avoir frappé un de ses camarades au sol. L'incident prit place en fin de journée, alors que les élèves rentraient à leurs dortoirs. Une dispute avait éclatée entre Casper et un garçon de cinquième année. Enfin, c'est ce que racontèrent les quelques témoins présents, mais ils se gardèrent bien d'avouer que le plus âgé s'était surtout amusé à provoquer le jeune anglais et personne n'avait daigné à réagir. Les choses avaient tourné au vinaigre quand il avait sorti sa baguette pour jeter un sort à Casper, qui avait réagit de façon...inattendue. Avant que l'autre n'ai pu prononcer le moindre mot, son poing se fracassa contre son nez avec une violence non contenue. La douleur traversa tout son bras, des phalanges jusqu'à l'épaule, mais ce n'était pas la douleur qui le faisait hurler. C'était la rage. Le pouce brisé par un coup mal négocié, il se jeta sur son adversaire qui titubait, ses mains tentant d'arrêter le flot écarlate qui abondait de son visage. Ils roulèrent dans la neige et Casper commença à frapper, sans s'arrêter. Quand il repense à l'état de rage animal dans lequel il était à ce moment-là, il sait qu'il aurait pu le tuer si personne ne l'avait arrêté. Le visage de sa victime se colorait de rouge, encore et encore, pas assez à son goût. Dans un geste de défense aussi vain qu'inutile, l'autre essayait de lui agripper le visage, de le blesser aux yeux, de le frapper à la bouche et aux yeux. La douleur ne faisait qu'attiser la fureur de Casper. Les battements assourdissants de son coeur se mélangeaient à l'adrénaline qui palpitait dans ses veines. Un goût métallique emplissait sa gorge. Il ne s'arrêtait pas. Il aimait ça. L'intervention d'un professeur fut nécessaire pour le faire lâcher prise. Ses mains dégoulinaient de sang. Tandis qu'on le traînait dans le bureau du directeur, il vit les regards horrifiés que lui adressaient ceux qui auparavant riaient de ses malheurs. Un sentiment montait dans sa poitrine, plus enivrant que tous les alcools et drogues qu'il aurait l'occasion de consommer durant sa vie. Un sentiment de puissance. Ils avaient peur de lui. La proie devenait un prédateur. Evidemment, la sanction tomba. Même si le jeune homme qu'il avait attaqué s'en remettrait sans problème (l'infirmière avait déjà eu l'occasion de soigner bien plus grave que ça), un tel agissement ne pouvait rester impuni. Après quelques échanges de lettres entre l'administration et la famille Fawley, il fut convenu que Casper sera sévèrement puni mais pas renvoyé. Hector avait fait jouer ses relations pour s'assurer de cela mais peu désireux de subir sa colère dont il ne doutait pas la grandeur, Casper resta en Russie pour ces vacances là... La rumeur de l'altercation se répandit dans toute l'école comme un raz-de-marée, déformée et amplifiée de toutes les façons. De "garçon bizarre" il devint le "fou furieux". Les murmures inquiets et les regards à la dérobées accompagnaient désormais son passage. Toute cette violence eu au moins un effet positif : plus personne n'osa s'en prendre à lui. Mais il se retrouva encore plus isolé, tout le monde ayant peur de lui et de sa colère dévastatrice. Sauf une personne. Kayla. Au contraire, elle semblait se préoccuper encore plus de lui. Kayla, l'étoile, Kayla le papillon aux ailes brûlés. Peut-être les choses auraient elles été différentes s'ils s'étaient rencontré plus tôt ? Sans doute aurait il mieux valu qu'elle ne croise jamais sa route... En quatrième année, les deux adolescents se rapprochèrent. Si au cours de la journée, ils interagissaient peu, ils se retrouvaient les soirs pour discuter. Casper se laissa petit à petit apprivoiser, dévoilant la facette la plus douce de sa personnalité, à laquelle seule Rosalind avait droit. Il lui confia l'immensité de sa solitude et de son mal-être. La jeune fille quant à elle pouvait se confier sans apriori à lui, car il ne la jugeait jamais. Même si elle était entourée par une foule d'admirateurs, elle ne se sentait véritablement proche que de quelques personnes privilégiées, dont il faisait parti. Plusieurs fois, il l'emmena vagabonder dans la toundra glacée, partageant avec elle les secrets de son royaume de solitude. Ces escapades illégales et la complicité timide qui naissait entre eux donnaient presque l'illusion que Casper était un adolescent normal...peut-être qu'avec le temps, une tendre affection aurait pu naître entre eux. Avec l'aide de Kayla, il parvint à accomplir son rêve: être un animagus. Réalisant avec son aide les différentes étapes du rituel particulièrement contraignant, c'est à ses côtés qu'il se transforma pour la première fois. Au sein de sa poitrine, il pouvait entendre battre un deuxième coeur. La fourrure recouvrit sa peau pâle, ses dents devinrent des crocs et le jeune homme se transforma un loup. Après ça, ils roulèrent tout les deux dans la neige, hilares (même si c'était difficiles pour lui de rire sous cette forme). Il se transformait en loup dès qu'il en avait l'occasion, préférant largement vivre ainsi que comme un humain. Mais même au coeur des valons enneigés, ils n'étaient protégé de l'incendie qui s'apprêtait à ravager le monde sorcier. Tandis qu'ils profitaient de leurs aventures, en Angleterre la guerre grondait.
LA GUERRE. Les rouages du processus qui conduisit Casper à rejoindre les Mangemorts aux côtés de son père s'étaient mis en marche depuis des années, bien avant son entrée à Durmstrang, depuis son enfance. Le racisme instillé par son éducation. Son désir obsessionnel de plaire à la figure quasi-divine qu'incarnait son père. Le souvenir de son grisant sentiment de puissance et sa soif de pouvoir. Tant de raison qui n'excusait pas les choix désastreux qui constituent son passé... La Seconde Guerre des Sorciers, menée par Voldemort, éclata lorsqu'il avait treize ans, mais il ne rejoint les Mangemort qu'à l'âge de quinze ans, en 1998. C'est son père qui l'introduisit à l'organisation, fier d'avoir un fils aussi impliqué dans ses convictions barbares. La peau blafard de Casper fût vite marquée du signe impie qu'était la Marque des Ténèbres. Il prêta allégeance à Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Pour la première fois de sa vie, le jeune se sentait à sa place. Son allégresse laissa vite place à l'horreur. Hector pensait qu'il était nécessaire pour Casper de se délier de la "mauvaise influence" dont il était victime. Kayla Nÿstorm ne partageait pas leurs convictions et son existence était un frein à l'ascension de Casper au sein des Mangemorts. Il fallait détruire ce lien qui le retenait. Casper déchanta, pleura, supplia. Pas elle. N'importe qui d'autre en Russie, mais pas Kayla.
La sentence était irrévocable.
Il se souvient de son regard trahit et de son expression horrifiée. Il se souvint qu'elle essayait de rester droite et digne, malgré la peur.
Cass'...
Il se souvient du regard de son père, froid et implacable comme la mort.
Cass'...nous sommes amis...
Il se souvient de ses mains qui tremblaient en tenant sa baguette, des larmes bouillantes qui inondaient son visage, de ses veines qui battaient contre ses tempes.
Les hurlements.
Les hurlements.
Encore.
Et encore.
Le silence.
Kayla était morte. Des suites de ses blessures, d'un suicide ou d'une exécution, Casper ne sût jamais vraiment. Ses souvenirs était flous, éparpillés. Ca n'avait que peu d'importance. Peu importe comment la vie de Kayla avait prit fin : c'était lui qui l'avait tué. Incapable de supporter ce qu'il avait fait, il chercha tous les moyens possibles pour échapper à la réalité. Il passa les derniers mois de la Guerre dans un état de semi-conscience, assommé par les divers drogues magiques qu'il consommait. Il garde très peu de souvenirs de cette période, tant il s'abrutissait par les potions. Le bien et le mal n'existaient plus. Les visages qui l'entouraient n'étaient que des masques de chair pour qui il n'éprouvait rien. C'est à peine s'il se souvient des crimes qu'il a pu commettre. Il n'était qu'un pantin, une machine sans émotion, vidée de toutes humanité. Dès que son corps n'avait plus sa dose, Kayla revenait. Pour l'éloigner, il se détruisait petit à petit toujours plus, pour tenir éloigner son passé et ses actes. Quelque part, il espérait que les drogues auraient raison de lui... Lorsque Voldemort fût vaincu, cela ne lui occasionna pas le moindre haussement de sourcil. Plus rien n'avait d'importance. Son père quitta l'Angleterre, laissant son fils livré à lui-même. Seul, traqué par les aurors, il ne tarda pas à se faire capturer. Il tenta de fuir sous sa forme de loup, mais cela ne suffit pas. Un an après la Guerre, se tint le procès de Casper Fawley, accusé d'association de malfaiteurs et de crimes de Guerre. Epuisé, aussi bien psychologiquement que physiquement, par le violent sevrage qui accompagna son arrestation, en proie à de terribles cauchemars, sous-alimenté, le garçon qui se présenta devant la cour n'était plus que l'ombre de lui-même. Hélianthe Fawley, sa dévouée grand-mère, avait tout fait pour qu'il bénéficie d'une excellente défense, mais il n'en avait cure. La seule personne qu'il voulait à ses côtés, en ce jour, c'était Rosalind. La dernière part de lumière qui lui restait. Alors qu'on récitait ses crimes, son regard éteint parcourait l'assemblée venue assister à sa condamnation. Pas de chevelure flamboyante, pas de Rosalind. Il était seul. Après des heures de libération, le verdict fût rendu : Son jeune âge lui faisait échapper à Azkaban, mais il sera à présent sous surveillance du Ministère et interné à Sainte Mangouste jusqu'à-ce-qu'il ne soit plus un danger pour la société, ou pour lui-même.
Son séjour là-bas fût particulièrement difficile à supporter. Névrosé et dépressif, à la limite de la psychose, Casper était hanté par ses addictions et sa culpabilité. Kayla ne le quittait plus, comme un fantôme qui mordait sans cesse sa nuque. Ses mutilations et son comportement suicidaire retardèrent sa sortie de l'hôpital, qui n'arriva qu'en 2003. Sans diplôme en poche, refusant de remettre les pieds à Durmstrang, il resta vivre quelques temps chez sa grand-mère mais leur maison familiale lui rappelait de trop douloureux souvenirs. Vivant au jour le jour dans l'Allée des Embrumes, il jouait un peu de musique pour subvenir à ses besoins. Durant son internement à Saint Mangouste, il avait eu l'occasion de parfaire ses connaissances en musique. Vivant telle une ombre, il évitait volontairement les autres et ne souhaitait qu'une chose : se faire oublier.
AUJOURD'HUI. Alors que Casper tente de survivre, et de se remettre de ses traumatismes, le monde des sorciers est ébranlé par l'arrivée de l'héritier de Grindelwald, plongeant de nouveau le pays dans la terreur. Ses souvenirs reviennent le hanter. Cauchemars, insomnies, angoisses...Tout ce qu'il veut, c'est vivre sa vie loin de la violence, loin de la folie de la Guerre... vivre, plutôt que survivre.

"...Some are born to endless night."