Le hibou du Ministère était arrivé quelques jours plus tôt. Assoupie sur son canapé, Rosalind avait mis quelques minutes avant de comprendre que ce cliquètement agaçant était dû à un hibou grand-duc qui toquait obstinément son bec contre le carreau de la fenêtre.
De mauvaise grâce, elle avait ouvert à l'oiseau qui avait voleté dans son salon avant de lâcher sa missive sur la table basse. Le volatile avait picoré quelques graines dans la soucoupe prévue à cet effet, posée près de la fenêtre, et avait repris son envol.
Quand Rosalind avait vu le cachet de l'enveloppe, elle avait haussé les sourcils. Elle n'avait aucune démarche en cours auprès du Ministère; la totalité de ses papiers étaient en règle. D'un geste vif, elle avait ouvert la lettre et en avait parcouru le contenu. "Miss Fawley,
Comme vous le savez, de nombreux partisans de Lord Voldemort - qui a longtemps sévi sur le territoire anglais - sont aujourd'hui en cavale malgré la défaite de leur maître et continuent de représenter un danger pour les sorciers. Étant donné les antécédents de votre famille, j'aimerais vous rencontrer pour creuser plus à même la question de votre oncle.
Je me présenterai à votre domicile le 14 avril, à deux heures et demi de l'après-midi. Si jamais vous avez un empêchement ou que vous refusez de me recevoir chez vous, renvoyez-moi un hibou au plus vite. Mais, excepté si vous cachez quelque chose, je ne crois pas qu'avoir cette conversation à votre domicile présente un problème.
Mes sincères salutations, Elza Rowle, Auror du Ministère."
Avec un petit rire dédaigneux, elle avait jeté le courrier sur le canapé. Elle n'était pas vraiment étonnée. Vu le contexte actuel, le Bureau semblait prêt à manger à tous les râteliers. G. avait mis une belle pagaille, certains des anciens partisans du Seigneur des Ténèbres couraient toujours... Pas étonnant que le Ministère cherche à exploiter la moindre piste. Même si, dans son cas, Rosalind estimait que c'était absolument ridicule. Et elle n'avait pu empêcher une sourde colère de monter en elle. Alors quoi? Les Aurors allaient se rabattre sur leurs anciens ennemis et leur progéniture? Des Sorciers bien pratiques et qui feraient de parfaits boucs-émissaires. Mais ce qui l'avait le plus agacée était cette dernière phrase: "Mais, excepté si vous cachez quelque chose, je ne crois pas qu'avoir cette conversation à votre domicile présente un problème." C'était à la fois cavalier et bien tourné. Elle n'était pas en position de contester. Échec au roi. Une Auror était donc parvenue à s'inviter chez elle. "Ils font même les visites à domicile maintenant", avait-elle pensé, narquoise, avant de refermer brusquement les battants de sa fenêtre.
Le 14 Avril, à 14h30, Rosalind se trouvait donc chez elle. Elle n'avait pas rangé son appartement encombré de parchemins de toutes sortes, effort qu'elle aurait consenti à fournir pour n'importe quel invité. Mais Elza Rowle n'était pas son invitée. En revanche, elle était ponctuelle. La pendule venait de sonner la demie, et Fawley entendit que l'on toquait à la porte. Elle se leva de son bureau, affichant un sourire de circonstances avec ce qu'il y fallait de froideur polie.
Un dernier regard au miroir accroché dans l'entrée, un autre à travers le judas de la porte. La femme qui se tenait de l'autre côté était blonde, et correspondait parfaitement à l'image que Rosalind s'en était faite d'après son courrier. "De l'Auror pur jus... Merveilleux." Décidée à en finir au plus vite, la rouquine ouvrit la porte.
Dernière édition par Rosalind Fawley le Mar 2 Oct 2018 - 23:23, édité 1 fois
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» Lun 27 Aoû 2018 - 9:40
Rien à déclarer
Avec Rosalind Fawley
A la fin de la guerre, le fait de devenir Auror s'était imposé comme une évidence à Elza. Elle n'aurait pu continuer dans le monde hypocrite des médias qui avaient tôt fait de se ranger du côté des vainqueurs. Elle s'était découverte une vocation de protéger les sorciers des dangers qui existaient, elle qui n'avait pas pu sauver sa famille.
Immédiatement, elle s'était sentie à sa place, dès le début de son stage. Toutes ces tâches qu'on leur assignait, toute l'implication qu'on leur demandait, de pouvoir être disponible à chaque heure du jour et de la nuit... C'était ce dont elle avait besoin pour guérir, d'être occupée, constamment à faire quelque chose. De ne pas avoir le temps de broyer du noir.
Ce qui ne l'empêchait pas d'être toujours aussi réservée dans ses relations sociales. Lorsqu'il fallait travailler en équipe, elle faisait tout son possible pour demeurer professionnel, malgré quelques petits malins qui ne pouvaient s'empêcher de faire la conversation comme à de vieux amis. Les interrogatoires étaient une tâche beaucoup plus ardue pour elle. Tout d'abord parce que les suspects étaient toujours moins coopératifs et qu'il n'était pas facile de démêler le vrai du faux dans leurs paroles.
Lorsqu'on lui avait assigné cette mission, elle n'avait donc pas été des plus ravie. Mais elle était aussi capable que ses collègues, elle ne pouvait pas se défiler. Alors elle avait redressé le regard, carré les épaules et empoigné son dossier. On ne l'y reprendrai pas, elle réussirait à tirer des conclusions de l'attitude de Rosalind Fawley et des réponses obtenus.
Le 14 avril, à 14h30 pile, elle se trouvait devant sa porte et y toquait. Tandis qu'elle attendait qu'on lui ouvre, elle se força à demeurer bien droite. Elle s'était bien trop longtemps faites marcher sur les pieds à cause d'un sang impur qui coulait dans ses veines. Il était possible que son interlocutrice ait ces mêmes idées, elle ne pouvait savoir. à l'avance. Le dossier et la réalité étaient toujours bien différents. Mais elle n'avait pas abandonné le nom obtenu après son mariage, Rowle, celui d'une grande famille de Sang-Pur. Avec de la chance, son interlocutrice la traiterait d'égal à égal sans poser de questions.
L'occupante des lieux ne prit pas beaucoup de temps avant de venir lui ouvrir. Elza ne savait pas vraiment à quoi elle ressemblait, à l'instant. Paraissait-elle trop dure, trop Auror ? Ou justement, tentait-elle trop d'avoir l'air doux et rassurante ? C'était si compliqué de donner une façade aux gens qu'elles rencontrait qu'il fallait changer à chaque nouvelle personne.
Rosalind Fawley, quant à elle, savait ce qu'elle voulait. Un sourire de circonstance, mais qui ne cachait pas sa froideur à son égard. Eh bien, au moins, elle saurait à quoi s'en tenir de côté-ci.
- Miss Fawley, la salua-t-elle en tendant la main.
Il y avait de grandes chances pour qu'elle ne la lui sert pas, rien que pour montrer à quel point Elza dérangeait en venant ici. Mais ce n'était pas le plus important. Au moins, elle aurait été polie.
L'Auror pénétra dans l'antre de Fawley. Elle ne s'était pas vraiment amusé à imaginer où une femme comme celle dont elle avait étudié le dossier pouvait vivre. Mais en y pénétrant, elle fut surprise de voir le fouillis qui y régnait. Elle avait imaginé quelqu'un de très ordonné, puisqu'elle était portée sur les apparences. Mais, pour certaines personnes, le lieu de vie révélait bien plus que ce que l'on voulait montrer.
Elza trouva d'étranges similitudes avec sa propre maison. Enfin, de celle dont elle avait hérité à la mort de son mari. Lorsque sa fille vivait encore, elle s'était toujours attachée à laisser un semblant d'ordre dans chaque pièce de vie. Maintenant qu'elle était seule, sa résidence ressemblait assez à ce capharnaüm de parchemins et de livres.
Mais il valait sûrement mieux ne pas énoncer ce fait à voix haute, cette Rosalind n'avait pas l'air des plus heureuses de la voir. Mais la plupart des suspects de l'étaient pas, après tout. Voir un Auror faire irruption dans sa vie n'était jamais bon signe. Soit il devait enquêter sur vous, soit vous protéger d'un autre danger. Aucune des deux alternatives n'étaient bien réjouissantes.
D'un air neutre, Rosalind détailla le visage de l'Auror avant de considérer la main qui lui était tendue. Une main qu'elle serra mollement avant de répondre: - Bonjour. Mrs. Rowle, je présume?
Rowle. Après avoir reçu la lettre du Ministère, Rosalind avait effectué quelques recherches. Aucune trace d'une Sorcière prénommée Elza dans la généalogie de la famille Rowle. Il lui semblait avoir déjà rencontré une Elza Parkinson, mais si sa mémoire était bonne, cette dernière était aussi brune que Pansy. La trentenaire qui se tenait devant elle avait probablement adopté ce nom de Sang-Pur suite à un mariage. Peut-être l'était-elle, ou peut-être pas, aucun moyen de le déterminer dans l'immédiat et Fawley le regretta. Quitte à devoir traiter avec une Auror et être contrainte de déballer ses affaires de famille, elle aurait préféré le faire en présence d'une de ses pairs.
D'un geste, elle fit signe à la femme blonde d'entrer dans le salon. Contenant son agacement, elle referma la porte de son appartement et rejoignit l'Auror d'un pas vif.
Sa visiteuse semblait considérer avec circonspection le bazar régnant dans la pièce. Rosalind se félicita d'avoir laissé le salon en l'état; elle n'avait eu aucune envie que l'Auror s'y sente la bienvenue. D'une voix légère, elle déclara:
- Vous m'excuserez pour le désordre. Je n'ai pas eu le temps de ranger.
Elle sortit sa baguette et d'un geste fluide, fit léviter la pile de parchemins qui se trouvait sur le fauteuil.
- Je vous en prie, dit-elle en désignant le siège ainsi libéré, avant de s'asseoir en face, s'adossant aux coussins du canapé de velours pourpre. Je ne sais pas si vous avez l'intention de fouiller cet appartement, mais si tel est le cas, je vous serai gré de me montrer votre mandat.
Les commissures de ses lèvres se retroussèrent légèrement, traçant un sourire sur ses lèvres minces. Un sourire qui ne se reflétait aucunement dans ses yeux. Sur la table, elle avait préparé une théière de thé ainsi qu'un service pour deux personnes. Elle n'était pas ravie de la présence de l'Auror, mais tout de même, Rosalind Fawley ne pouvait sacrifier au minimum de la courtoisie. La rouquine agita de nouveau sa baguette et servit le thé fumant dans les deux tasses de porcelaine qui se trouvaient sur un plateau, posé entre les Sorcières.
- Du Earl Grey. Vous le prendrez avec du lait? Je dois aussi avoir du sucre quelque part si vous en souhaitez...
Sa tasse de thé en main, elle croisa les jambes, fixa l'Auror, et attendit.
La main de Rosalind Fawley serra finalement la sienne, mais elle n'était pas bien énergique. Dans ce genre de situation, difficile de savoir si cela relevait du manque de considération envers l'interlocuteur ou juste d'une poigne peu déterminée. Aucune des deux possibilités ne l'étonneraient vraiment venant de la jeune femme qui se trouvait en face d'elle. Mais le dossier qu'elle avait pu lire lui avait donné à penser que la rouquine était une femme pleine d'assurance.
- Bonjour. Mrs. Rowle, je présume?
Elza se contenta d'un acquiescement. Nul besoin de parler, alors elle ne le ferait pas. D'autant plus avec des inconnus, il était bien moins facile d'engager une conversation, elle toujours si silencieuse. Elle pénétra dans le salon tandis que la porte se refermait derrière elle. Elle se sentait comme condamnée alors que c'était elle qui était censée mener la danse. On repasserait pour la menace de l'Auror aguerrie.
- Vous m'excuserez pour le désordre. Je n'ai pas eu le temps de ranger.
- Vous êtes chez vous.
C'était plus une constatation qu'une question. Elza n'avait pas à juger la façon de vivre des gens. Elle n'était pas là pour ça. Bien sûr, cela restait un élément du dossier de Rosalind Fawley, témoignant d'une certaine façon de sa personnalité. Mais elle n'était pas bien certaine de réussir à se servir de pareilles informations.
Elza laissa ranger son désordre sans mot dire, observant avec curiosité les piles de parchemins venir se poser autre part. Curieuse, elle aurait bien aimé savoir ce qui se cachait sous toutes ces notes. Elle s'était laissé dire que Fawley travaillait sur la réécriture et traduction de son roman publié auparavant en Italie. Grande férue de lecture, elle était impatiente de voir ce qu'une sorcière comme elle pouvait bien écrire.
- Je vous en prie. Je ne sais pas si vous avez l'intention de fouiller cet appartement, mais si tel est le cas, je vous serai gré de me montrer votre mandat.
- Je ne suis pas venue pour votre appartement.
Jamais elle ne l'avait sous-entendu, même dans sa lettre. Bien sûr, découvrir le petit monde dans lequel les suspects vivaient aidait à cerner leur personnalité et ce qui faisait d'eux des personnes à part entière. Mais en aucun cas elle ne voulait se montrer intrusive et fouiller dans cet endroit, surtout sans aucune raison valable. Si jamais elle avait une preuve, ce serait tout à fait différent.
Elza sentait bien qu'elle n'était pas la bienvenue ici, que Fawley n'attendait qu'une seule chose : qu'elles en finissent au plus vite. Quoi de plus normal ? Subir un interrogatoire n'était pas de tout repos. L'initier non plus. L'Auror n'était pas vraiment ravie, au contraire, de devoir s'en charger. Surtout que les suspects étaient rarement aimables dans ce genre de condition. Ce qui était tout à fait compréhensible, après tout.
- Du Earl Grey. Vous le prendrez avec du lait? Je dois aussi avoir du sucre quelque part si vous en souhaitez...
- Juste du thé, s'il vous plait. Je préfère sans sucre ni lait.
Tout comme Fawley, elle s'empara de sa tasse de thé. La fumée s'éparpillait sous ses yeux, aussi trouble que l'affaire sur laquelle elle était tenue d'enquêter. Elle ne laissa pas pour autant sa boisson la divertir. Elle se devait d'être professionnel et de ne pas oublier le but de sa visite. Ce qui ne risquait pas d'arriver vu l'accueil que Fawley lui avait réservé. Elle était juste assez polie pour ne pas paraitre incorrecte.
Enfin décidée à parler, elle posa un objet sur la table.
- J'espère que cela ne vous gêne pas si j'enregistre. N'oubliez pas que vous êtes tenue de dire la vérité, à part si vous souhaitez faire entrave aux enquêtes du Ministère.
Elle alluma le cube d'origine magique sans attendre l'assentiment de Fawley. Après tout, c'était à elle de gérer son enquête, sûrement pas à la jolie sorcière qui buvait son thé et attendait, toujours bien droite, les jambes croisées de manière très féminine. Il était spécifié dans le dossier que sa suspecte avait le goût des apparences. Elza l'avait bien remarqué. Elle-même en avait soupé, de tous ces masques de façade.
- Comme vous l'avez sûrement compris avec ma lettre, nous enquêtons sur votre famille, ainsi que de nombreuses autres qui auraient eu des liens avec Lord Voldemort et qui, aujourd'hui, pourrait se tourner vers Gustav Grindelwald. Votre dossier indique que vous n'avez jamais été liée aux Mangemorts, mais que certains membres de votre famille, si. Votre mère est décédée, mais votre oncle est toujours en cavale.
Un bref état des lieux, les yeux plantés dans ceux - toujours aussi froids - de Fawley. Elza détestait ce regard. Elle avait l'impression de ne rien pouvoir lire sur ce visage, exceptée la froideur polie que montrait son interlocutrice. Ce même masque que tant de personne de la haute société revêtait toujours, sorciers comme Moldus, qu'elle avait appris à détester avec le temps.
- J'aimerais savoir si vous avez eut un quelconque contact avec votre oncle depuis sa fuite. De n'importe quelle manière que ce soit, une rencontre, des lettres, quelques nouvelles transmises par un tiers...
La question qu'Elza avait choisit de poser en premier n'était pas bien compliquée, comme la plupart de celles qui viendraient plus tard. Parfois, la simplicité permettait de déceler de nombreuses choses, puis d'aller au fond du sujet avec les informations récoltées.
- Juste du thé, s'il vous plait. Je préfère sans sucre ni lait.
Rosalind laissa l'Auror prendre la tasse fumante et en siroter quelques gorgées. Le Earl Grey était bon, d'une qualité supérieure et parfaitement infusé. Le silence s'installa entre les deux Sorcières et la jeune femme rousse attendit, de marbre, que l'employée du Ministère prenne la parole. Ses yeux bleus ne quittait pas le visage de son "invitée", et elle nota avec plaisir que cette dernière semblait hésiter à commencer l'entretien. Et ce n'était pas Rosalind qui allait lui faciliter la tâche.
Finalement l'Auror sortit une petite boîte métallique sur lesquelles étaient gravés des symboles. Son œil aiguisé repéra une rune gaélique, une de ses préférées: "Mémoire".
- J'espère que cela ne vous gêne pas si j'enregistre. N'oubliez pas que vous êtes tenue de dire la vérité, à part si vous souhaitez faire entrave aux enquêtes du Ministère.
Les mâchoires de Fawley se crispèrent légèrement. Non contente de s'imposer chez elle, l'Auror prenait d'office la liberté de l'enregistrer. Comme dans sa lettre, elle ne laissa pas l'opportunité à son interlocutrice de s'y opposer. Et ce qui énervait le plus Fawley, c'était la manière presque courtoise dont elle formulait ses menaces à peine voilées.
Les runes tracées sur le cube s'illuminèrent quand l'Auror l'activa, projetant une faible lumière bleue sur la table basse. Puis la Sorcière blonde, d'une voix neutre, commença:
- Comme vous l'avez sûrement compris avec ma lettre, nous enquêtons sur votre famille, ainsi que de nombreuses autres qui auraient eu des liens avec Lord Voldemort et qui, aujourd'hui, pourraient se tourner vers Gustav Grindelwald. Votre dossier indique que vous n'avez jamais été liée aux Mangemorts, mais que certains membres de votre famille, si. Votre mère est décédée, mais votre oncle est toujours en cavale.
Rosalind s'y était préparée, mais l'évocation de sa mère dans la bouche de la visiteuse, l'impacta plus qu'elle n'aurait voulu. Elle cilla, avant de se reprendre, faisant appel à toute sa maîtrise pour ne rien laisser paraître. "Votre mère est décédée." La froideur et la concision de ces mots étaient violents pour elle qui n'avait que rarement évoqué le sujet, même avec ses plus proches amis. Quand elle s'était rendue chez ses grands-parents Rosier, elle était restée devant l'entrée du caveau de sa famille, ne pouvant se résoudre à descendre jusqu'à l'urne qui contenait les cendres d'Arthéna. Repoussant le moment où elle serait face à cette morbide réalité.
- J'aimerais savoir si vous avez eu un quelconque contact avec votre oncle depuis sa fuite. De n'importe quelle manière que ce soit, une rencontre, des lettres, quelques nouvelles transmises par un tiers...
Mais évidemment, ce n'était pas Arthéna qui intéressait l'Auror, mais son oncle. Lorsqu'elle était enfant, Rosalind appréciait les moments passés avec Hector Fawley. Quelque part, elle lui ressemblait; plus qu'à ses parents. Ils partageaient tous deux l'amour des mots et les maniaient avec brio. Plus tard, la jeune Fawley avait été témoin de scènes qui avait brisé l'image qu'elle se faisait du frère de son père: un homme charmant, certes, mais brutal. Adolescente, elle avait pris ses distances, et quand la Guerre avait éclatée, comme avec tout le reste de son passé, elle avait coupé les ponts.
- Non. En aucune manière.
Et c'était la pure vérité. Jusqu'à très récemment, Rosalind ignorait même s'il était vivant.
- Je regrette, mais je crois que vous vous êtes déplacée pour rien. Je n'ai pas eu de contact avec mon oncle depuis des années. Et je n'ai pas non plus cherché à le joindre.
Rosalind Fawley semblait être une personne impassible et sûre d'elle. Mais Elza n'occupait pas le poste d'Auror pour rien : elle ne manqua pas d'apercevoir le mouvement que causa l'évocation si froide de la mort de sa mère chez l'écrivaine. Les faits relatifs à son oncle semblait aussi la gêner.
Soit car elle cachait quelque chose en rapport avec eux, soit car quelque chose la gêner chez ces deux parents. Les deux suppositions pouvaient aussi bien être envisageables. Elle espérait pour Fawley que la deuxième était la bonne.
- Non. En aucune manière.
Elza ne s'était pas attendue à une autre réponse. Mensonge ou vérité, cela restait l'idée la plus apte à donner suite à cette question. Bien qu'avouer qu'il aurait tenté quelque chose aurait pu amener le Ministère à la disculper.
Il y avait tant de manières de tromper les gens que l'Auror ne comptait plus, embourbée dans les mensonges et les secrets.
- Je regrette, mais je crois que vous vous êtes déplacée pour rien. Je n'ai pas eu de contact avec mon oncle depuis des années. Et je n'ai pas non plus cherché à le joindre.
- Je suis persuadée que nous pourrons aboutir à quelque chose, toutes les deux, ne vous inquiétez pas.
Fawley était bien rapide pour ce qui était d'envoyer balader l'Auror, toujours avec grâce et courtoisie bien entendu.
Mais Elza la comprenait. Elle n'aurait pas apprécié être sujette à un interrogatoire et encore moins que l'on s'invite chez elle. Pourtant, cela était bien arrivé durant la guerre. Et les représentants de l'ordre en cette époque troublé avaient été bien moins doux qu'elle.
- Arrêtez-moi si je me trompe. Votre mère avait adhéré aux Mangemorts et, avec votre oncle, vous demandait sans cesse de rejoindre leurs rangs. De ce que nous savons, vous êtes partie avec votre père pour fuir en France, pendant une soirée assez trouble selon nos sources. Pourriez-vous me décrire ce qu'il s'est passé, dans les détails, sans en omettre ?
Cette question ne laissera sûrement pas Fawley de marbre, Elza le savait pertinemment. Elle remuera sûrement le couteau dans la plaie, car la sorcière possèdait sans nul doute un passé trouble. Mais c'est le cas de la plupart des personnes assez vieilles pour avoir connu la guerre.
Parfois, pour obtenir les bonnes informations, il fallait savoir appuyer, que cela fasse mal ou non. Si Rosalind pouvait mettre de la distance entre elle et les événements passés, c'était tant mieux. Mais l'Auror ne s'arrêterait pas en si bon chemin à cause d'un mal être de la part de la suspecte.
- Je suis persuadée que nous pourrons aboutir à quelque chose, toutes les deux, ne vous inquiétez pas.
Rosalind pinça les lèvres. À quoi voulait donc "aboutir" l'Auror? Si cette dernière était à la poursuite d'Hector, la jeune femme lui avait dit tout ce qu'elle savait, à savoir, rien.
- Arrêtez-moi si je me trompe. Votre mère avait adhéré aux Mangemorts et, avec votre oncle, vous demandait sans cesse de rejoindre leurs rangs. De ce que nous savons, vous êtes partie avec votre père pour fuir en France, pendant une soirée assez trouble selon nos sources. Pourriez-vous me décrire ce qu'il s'est passé, dans les détails, sans en omettre ?
Les pupilles de Fawley s'agrandirent, pleines d'une colère soudaine. Elle soutint quelques secondes le regard de son interrogatrice, puis détourna les yeux. Sous le coup d'une rage contenue, ses mains se crispèrent autour de sa tasse, comme si elle voulait s'y raccrocher. L'Auror, en bon petit soldat du Ministère, s'était bien renseignée. Elle avait eu accès à des informations sur les heures les plus noires de sa vie et cette idée révulsait Rosalind. Elle prenait conscience de la véritable teneur de cet entretien: son intimité serait mise à sac par cette étrangère qui ne comprendrait rien de ce qu'était vraiment sa famille. Des êtres qui la composaient et des liens qui unissaient ses vivants et ses morts. Pas une simple somme de mots désincarnés couchés dans un rapport ministériel fade et biaisé.
Elle prit le temps de maîtriser le bouillonnement d'émotions diverses que la demande de l'Auror avait fait naître en elle. Puis, d'une voix métallique, aussi calmement qu'elle le pouvait, elle répondit:
- Ma mère... ma mère n'avait pas adhéré aux idées des Mangemorts, elle en était une, corrigea-t-elle, glaciale. Ce que mon père ne pouvait accepter. Elle et mon oncle ont commencé à me parler de la... cause pour laquelle ils se battaient, l'été avant que j'entame ma septième année. Ils ne se cachaient plus. Ils disaient qu'une Sorcière telle que moi avaient sa place auprès de leur Maître. Mon jeune cousin et certains de mes camarades, ceux qui se trouvaient dans ma condition, avaient déjà rejoint leurs rangs et ils me pressaient d'en faire de même. Que la grande bataille approchait.
C'étaient des années noires, où Rosalind avait flotté, incapable d'agir. Son univers se déchirait. Elle n'y avait plus rien compris, demeurant spectatrice, hagarde. Drago Malefoy avait fait entrer des Mangemorts à Poudlard, Dumbledore était mort, remplacé par Severus Rogue, Arthéna avait reçu la marque des Ténèbres et l'arborait fièrement. Plus rien n'avait de sens. Les seules personnes auxquelles elle avait pu se raccrocher était sa grand-mère et son père. Son père dont le regard perdu faisait écho au sien et au silence meurtri dans lequel elle se reconnaissait. - J'étais rentrée pour les vacances. Ma mère n'était pas à la maison. Le jour de Noël, je dînais avec mon père et elle est rentrée. Elle était avec d'autres Mangemorts, mais mon oncle n'était pas avec eux. Elle voulait m'emmener sur le champ. Mais mon père n'a pas voulu me laisser partir. Ils se sont disputés et... ma mère s'en est pris à lui. Il a juste eu le temps de transplaner avec moi et nous avons tout de suite pris un train pour la France.
Ce jour-là, Rosalind avait vu le visage de sa mère prendre une expression terrifiante. Elle en était tétanisée. Arthéna était d'un naturel froid, bien sûr, mais elle n'avait jamais commis le moindre acte de violence sur sa fille, l'aimant à sa manière, distante et réservée. Jamais elle n'aurait pensé lui entendre des paroles si haineuses à son encontre ou à celle de Gallus. Elle avait hurlé, reprochant à sa fille de jeter l'opprobre sur son sang. Le regard qu'elle avait était celui d'une démente.
Rosalind ferma les yeux. Cette image de sa mère était la dernière qu'elle avait eu. Elle se sentit fatiguée et s'en voulut d'avoir tant parlé. Elle avait désiré en finir au plus vite avec l'entretien et avait accédé à la demande de l'Auror... Mais elle le regrettait désormais. Cette femme n'avait aucun droit de savoir, aucun droit de réveiller ses souvenirs douloureux.
Elza refusa à se mettre à la place de Rosalind lorsqu'elle la vit réagir si brusquement. Mais la vie était ainsi faite. Plus rien n'était tenu secret, quelqu'un devait toujours venir déterrer les plus sombres moments de la vie d'un individu. En quittant le monde du journalisme, elle avait cru échapper à cette chasse aux ragots, à cette hypocrisie pour l'appât du gain, mais elle avait vite appris que le métier d'Auror demandait tout aussi souvent de mettre toute morale de côté.
- Ma mère... ma mère n'avait pas adhéré aux idées des Mangemorts, elle en était une. Ce que mon père ne pouvait accepter. Elle et mon oncle ont commencé à me parler de la... cause pour laquelle ils se battaient, l'été avant que j'entame ma septième année. Ils ne se cachaient plus. Ils disaient qu'une Sorcière telle que moi avaient sa place auprès de leur Maître. Mon jeune cousin et certains de mes camarades, ceux qui se trouvaient dans ma condition, avaient déjà rejoint leurs rangs et ils me pressaient d'en faire de même. Que la grande bataille approchait.
Elza respecta le silence imposé par l'écrivaine. Il ne devait pas être facile de raconter ce qui s'était passé. La guerre n'avait épargné personne, pas même les plus dignes d'entre eux, qui semblaient si à l'abri. Elle avait été dévastatrice, accompagnant chaque sorcier dans son évolution, le faisant grandir beaucoup trop vite.
- J'étais rentrée pour les vacances. Ma mère n'était pas à la maison. Le jour de Noël, je dînais avec mon père et elle est rentrée. Elle était avec d'autres Mangemorts, mais mon oncle n'était pas avec eux. Elle voulait m'emmener sur le champ. Mais mon père n'a pas voulu me laisser partir. Ils se sont disputés et... ma mère s'en est pris à lui. Il a juste eu le temps de transplaner avec moi et nous avons tout de suite pris un train pour la France.
Les archives du Ministère connaissait les grandes lignes de cette soirée, sans pour autant savoir exactement comment cela s'était déroulé. L'œil avisé de Fawley, qui captait de nombreuses choses, n'était pas de trop. A part, bien sûr, si elle instillait des mensonges dans son discours, ce qui n'était pas impossible.
- Votre mère a préféré passer ce temps privilégié de Noël en compagnie des Mangemorts plutôt que sa famille ?
C'était sûrement ce qui étonnait le plus Elza. Qu'on puisse ainsi délaisser les siens durant cette fête... Même elle qui, lorsqu'elle était adolescente, tentait de ne pas devenir ce pourquoi on l'avait éduqué, ne s'en était jamais détachée pour autant. Sa famille restait sa famille. Mais elle avait apprit depuis longtemps que chacun avait des valeurs très différentes des autres, qu'il n'était pas facile de savoir ce que pensait chacun.
- Cela s'était déjà produit ? Que votre mère veuille ainsi vous faire intégrer les rangs des Mangemorts ? A-t-elle continué à tenter le contact après votre départ ?
Jamais Fawley n'avouerait avoir cédé aux attentes de sa mère et de son oncle si jamais c'était le cas. Mais poser la question n'était pas de trop, parfois, la parole n'était pas la seule réponse que l'on pouvait obtenir d'une personne. Il fallait savoir voir au-delà.
- Votre mère a préféré passer ce temps privilégié de Noël en compagnie des Mangemorts plutôt que sa famille ?
Rosalind jeta un regard glacial à l'Auror et elle répondit d'une voix tout aussi froide.
- De toute évidence.
Noël n'avait jamais été synonyme de grandes réjouissances pour elle. Des retrouvailles familiales qu'elle appréciait mais qui était toujours entachées d'un certaine austérité, surtout du côté Rosier de sa famille. Dans son esprit, il s'agissait avant tout d'une fête moldue. Des présents échangés après un long dîner ennuyeux.
- Cela s'était déjà produit ? Que votre mère veuille ainsi vous faire intégrer les rangs des Mangemorts? A-t-elle continué à tenter le contact après votre départ?
La jeune femme secoua ses boucles rousses. Elle avait de plus en plus de mal à contenir son agacement. Elle but la fin de son thé et reposa sa tasse sur la coupelle en un claquement sonore.
- Je vous l'ai dit. Elle m'en avait déjà parlé, oui. Mais elle n'avait... jamais avant ce soir là elle ne m'avait menacée. Moi ou mon père. Et je n'ai plus eu de nouvelles d'elle depuis ce jour-là. Ma mère n'avait aucune idée de l'endroit où nous avons fui. Enfin je suppose. En tous cas, je n'ai reçu aucun message de sa part.
Rosalind se leva et ouvrit la fenêtre. Le bruit des passants dans l'Allée de Traverse faisait un ronron familier. Elle avait besoin d'air. La rouquine prit une grande inspiration et se tourna de nouveau vers l'Auror. - Je ne comprends pas. Si vous êtes à la recherche de mon oncle, je vous ai déjà tout dit. Pourquoi ces questions au sujet de ma mère? Et pourquoi est-ce que cet entretien doit avoir lieu ici?
La colère vibrait, croissante, dans ses derniers mots. - Si vous n'avez aucune intention de fouiller mon appartement, s'il s'agit d'un interrogatoire, le Bureau des Aurors aurait été un lieu plus approprié.
Malgré toute la prestance dont elle pouvait faire preuve pour sauvegarder les apparences, Fawley avait du mal à contenir ses émotions à ce que pouvait voir Elza. La tasse s'entrechoquant à la coupelle en témoignait pour elle, sans même parler de l'agacement qui se lisait sur son visage. Mais parfois, les émotions étaient plus difficiles à interpréter qu'une façade de glace.
- Je vous l'ai dit. Elle m'en avait déjà parlé, oui. Mais elle n'avait... jamais avant ce soir là elle ne m'avait menacée. Moi ou mon père. Et je n'ai plus eu de nouvelles d'elle depuis ce jour-là. Ma mère n'avait aucune idée de l'endroit où nous avons fui. Enfin je suppose. En tous cas, je n'ai reçu aucun message de sa part.
Voldemort avait fait basculé de nombreuses personnes, avait révélé leur côté les plus sombres. De nombreux sorciers avaient été surpris de découvrir le véritable visage de leurs voisins. Les Mangemorts masqués pouvaient se montrer des plus sauvages, mais une fois à découvert, leur réelle identité en surprenait plus d'un.
- Je ne comprends pas. Si vous êtes à la recherche de mon oncle, je vous ai déjà tout dit. Pourquoi ces questions au sujet de ma mère? Et pourquoi est-ce que cet entretien doit avoir lieu ici?
Elza ne chercha même pas à répondre aux interrogations de Rosalind. Après tout, elle représentait l'autorité, une Auror en mission. Il n'était pas question qu'elle se laisse ainsi manipuler. Elle posait les questions. Et sûrement pas l'occupante des lieux.
- Si vous n'avez aucune intention de fouiller mon appartement, s'il s'agit d'un interrogatoire, le Bureau des Aurors aurait été un lieu plus approprié.
Peut-être que le bureau des Aurors auraient été plus appropriés, oui. Mais elle n'aimait pas cette atmosphère, qui déclarait un suspect coupable sans même le connaitre. Elle savait l'idée de voir un inconnu chez soit désagréable, mais c'était toujours mieux que de sentir les regards des employés du Ministère sur votre badge, d'être assis dans un lieu austère qui n'attend que de vous envoyer à Azkaban.
- Pourquoi êtes-vous parties, ensuite ? Pourquoi n'avait-vous pas voulu rester avec votre père, en France ? Pour quelle raison avez-vous choisit de vous établir en Italie ?
Toujours très calme, Elza avait posé ses questions sans quitter de ses yeux bleus la jeune femme qui se tenait devant elle. Visiblement, celle-ci avait besoin de se détendre. Qu'elle se plaigne donc. Mais au bureau des Aurors, elle n'aurait eu ni thé ni fenêtre pour échapper au regard de la duelliste.
- Avez-vous revu votre père depuis ? Et votre mère avant sa mort ?
Sûrement des sujets sensibles. Mais Elza ne pouvait se passer d'éclairer certains points de la vie de Fawley, qu'elle soit d'accord ou non.
- Et pourquoi avez-vous finalement décidé de revenir en Angleterre ?
Une décision qui, d'après ses informations, en avait étonné plus d'un. Pourtant, Fawley se trouvait bel et bien là et n'avait pas l'air de vouloir bouger tout de suite. Les raisons de ce déménagement en Angleterre était plutôt obscures, trop obscures.
- Pourquoi êtes-vous partie, ensuite? Pourquoi n'avez-vous pas voulu rester avec votre père, en France ? Pour quelle raison avez-vous choisi de vous établir en Italie?
Plutôt que de répondre à Rosalind, l'Auror, ignorant délibérément les demandes de la rouquine, continuait de poser des questions toutes plus absurdes les unes que les autres. La jeune femme, postée devant la fenêtre ouverte, croisa les bras et se plongea dans le regard de son interlocutrice. À sa colère venait s'ajouter l'étonnement. Elle ne voyait pas en quoi ses voyages et activités après sa dernière année à Beauxbâtons pouvaient intéresser le Ministère. En aucune façon. À moins que... le sujet de l'entretien ne porte pas sur son oncle ou sa mère, mais bien sur elle. Ses prunelles s'agrandirent et elle pouffa. Elle qui n'avait jamais eu le cran de choisir un camp, voilà qu'on voulait lui faire endosser le rôle de l'extrémiste malfaisante. La vie ne manquait pas d'ironie, décidément.
- Je vais vous décevoir, je pense, commença-t-elle, sarcastique. J'avais toujours rêvé de voyager, je l'ai fait. Pourquoi je ne suis pas restée vivre avec mon père? Et bien, je crois que ça n'a rien d'extraordinaire de ne pas vouloir vivre aux crochets de ses parents toute sa vie. Lui s'est établi définitivement en France. Je suis restée quelques années en Italie parce que j'ai aimé ce pays, que j'y ai trouvé un travail me permettant de conjuguer deux de mes passions, et que je m'y suis créé des attaches. Rien de plus banal.
- Avez-vous revu votre père depuis? Et votre mère avant sa mort?
Rosalind soupira, agacée. Plus le temps passait, plus elle trouvait cet interrogatoire surréaliste.
- Oui, j'ai revu mon père, évidemment. Et non, je vous l'ai déjà dit, siffla-t-elle, je n'ai pas revu ma mère.
- Et pourquoi avez-vous finalement décidé de revenir en Angleterre?
La jeune femme haussa les épaules et détourna le regard. Elle-même avait eu du mal à se l'expliquer. Elle aurait pu vivre heureuse en Italie, sans se poser de questions. Mais la crise qu'elle avait subie un soir avait eu l'effet d'un électrochoc. Les images qu'elle avait vues, les voix qu'elle avait entendues... avaient réveillée de douloureux souvenirs et elle avait décidé d'y faire face, après toutes ses années. - J'ai eu envie de rentrer chez moi, répliqua-t-elle, froidement.
Elle pencha la tête et considéra l'Auror quelques instants, l'air désabusé.
- Je ne suis qu'une écrivaine de retour dans son pays natal après quelques années de voyages. Cela ne constitue pas un crime, n'est-ce-pas? Avant que vous ne me posiez la question, je vais vous le dire tout net: je n'ai eu de contact avec aucun Mangemort que ce soit depuis mon départ d'Angleterre. Et je n'ai également aucun lien avec G. ou ses disciples.
D'un pas léger, elle se dirigea vers la porte du salon et sourit avec grâce à la Sorcière blonde. - J'espère que vous avez les réponses que vous êtes venue chercher. Si vous avez terminé votre thé, je suis au regret de devoir prendre congé. Du travail m'attend.
Elza ne releva pas l'amusement que ses dernières paroles semblaient avoir déclenché chez Fawley. Cela ne servait à rien de pousser le bouchon trop loin. Il fallait savoir quand s'arrêter. Du moins, elle le croyait. Certains de ses collègues Aurors n'auraient pas été aussi doux qu'elle.
- Je vais vous décevoir, je pense. J'avais toujours rêvé de voyager, je l'ai fait. Pourquoi je ne suis pas restée vivre avec mon père? Et bien, je crois que ça n'a rien d'extraordinaire de ne pas vouloir vivre aux crochets de ses parents toute sa vie. Lui s'est établi définitivement en France. Je suis restée quelques années en Italie parce que j'ai aimé ce pays, que j'y ai trouvé un travail me permettant de conjuguer deux de mes passions, et que je m'y suis créé des attaches. Rien de plus banal.
Fawley lui apportait des réponses logiques, presque évidentes. Si elle voulait percer dans son métier, il valait mieux, après tout. Le manque de cohérence d'un livre ou d'un essai pouvait suffire à plomber le nombre de ventes en un temps record. Le métier d'écrivain n'avait jamais été facile. Mais cette femme avait surement quelque fortune derrière son joli sourire pour palier à cette éventualité.
- Oui, j'ai revu mon père, évidemment. Et non, je vous l'ai déjà dit, siffla-t-elle, je n'ai pas revu ma mère. J'ai eu envie de rentrer chez moi. Je ne suis qu'une écrivaine de retour dans son pays natal après quelques années de voyages. Cela ne constitue pas un crime, n'est-ce-pas? Avant que vous ne me posiez la question, je vais vous le dire tout net : je n'ai eu de contact avec aucun Mangemort que ce soit depuis mon départ d'Angleterre. Et je n'ai également aucun lien avec G. ou ses disciples.
Futée la Fawley. Quoique, Elza se serait attendue à ce qu'elle comprenne plus vite de quoi retournait vraiment l'entretien de ce jour au vu du dossier qu'elle avait étudié à son sujet. Ce qui ne diminuait pas pour autant le respect qu'elle pouvait avoir pour le rouquine.
Il était difficile de prendre pour argent comptant tout ce que pouvait dire quelqu'un. Elza aurait aimé pouvoir croire en la sincérité des propos de Fawley. Mais elle avait appris depuis longtemps que le monde était loin de ce qu'il pouvait montrer. Si l'on voulait survivre, il valait mieux ne pas se fier aux apparences, malgré toute l'envie que l'on pouvait avoir de voir de la bonne foi chez chacun.
- J'espère que vous avez les réponses que vous êtes venue chercher. Si vous avez terminé votre thé, je suis au regret de devoir prendre congé. Du travail m'attend.
Un autre Auror qu'Elza n'aurait pas laissé passer cette dernière bravade de la part de Fawley. Mais comme tous les sorciers, elle était avant tout humaine et comprenait parfaitement qu'un interrogatoire n'était pas des plus agréables. Elle avait appris à laisser couler depuis longtemps. Elle n'était là que pour faire son travail, et rien de plus. Elle n'avait pas à laisser ses sentiments prendre le dessus et se devait de demeurer professionnelle. En toutes circonstances.
- Les impératifs de la vie d'écrivain. Bien sûr. Je serais curieuse de lire votre ouvrage, lorsqu'il sortira enfin en librairie.
Elza doutait que Fawley souhaite vraiment qu'elle apprécie son livre. Après tout, elle ne garderait sûrement pas un bon souvenir de l'Auror qui lui avait rendu visite. Mais elle se moquait bien de l'avis de l'écrivaine, se contentait juste de demeurer polie malgré les circonstances et l'attitude de Fawley.
Elle se leva, prête à prendre congé et s'empara de l'enregistreur qu'elle avait emmené. Les runes gravées sur l'objet s'illuminèrent un court instant lorsqu'elle l'éteignit avant qu'elle ne le range dans la poche de sa cape.
- J'ose espérer que vous passerez une agréable fin de journée, malgré mon interruption.
Elza ne prit pas la peine de relever la tête pour croiser le regard de Fawley. Elle réajusta les plis de ses vêtements, lassée de la suspicion qu'elle se devait d'entretenir. Peut-être ce métier non plus ne lui convenait pas. Pourtant, elle aimait défendre le peuple en tant qu'Auror. Elle préférait juste se trouver au cœur de l'action plutôt que d'avoir le temps de broyer du noir.
Il ne lui fut pas difficile de retrouver le chemin de la sortie. Après tout, Fawley n'habitait qu'un appartement, dont les chemins n'étaient pas nombreux. Elle salua une dernière fois son hôte, toujours polie, décidée à ne pas faire payer l'écrivaine pour sa manière de faire et sortit enfin de son domicile.
Une fois à l'extérieur, elle s'autorisa de souffler une fois avant de transplaner pour rejoindre le Ministère. Fawley n'était pas se seule préoccupation, elle se devait de passer à autre chose pour traiter un nouveau cas. Ainsi allait la vie, la seule qui lui restait.
Les dernières réponses qu'avait bien voulu fournir Rosalind semblaitent avoir suffit à Rowle, et quand la rouquine sous-entendit, faussement délicate, qu'il était temps pour l'Auror de prendre congé, cette dernière se montra conciliante.
- Les impératifs de la vie d'écrivain. Bien sûr. Je serais curieuse de lire votre ouvrage, lorsqu'il sortira enfin en librairie.
Pour la première fois depuis le début de leur entretien, Rosalind ressentit autre chose que de l'antipathie pour celle qu'elle avait d'emblée cataloguée comme une intruse. Même si il s'agissait probablement d'une simple forme de politesse, le fait que la Sorcière évoque son travail d'autrice lui plut. Pour la jeune Fawley, les livres, les mots et les histoires qu'ils contenaient, formaient une part essentielle de sa vie. De son point de vue, une personne qui s'intéressait de près ou de loin à la littérature ne pouvait être foncièrement mauvaise.
- Si jamais j'arrive à en voir le bout un jour, murmura-t-elle.
Sa réponse, spontanée, lui avait presque échappée. Avec soulagement, elle observa Rowle désactiver l'enregistreur et le ranger. Elle n'avait pas menti aux questions que lui avait posé l'Auror. Mais elle n'avait pas non plus voulu jouer à la parfaite et docile interrogée. Rosalind espéra qu'elle n'aurait plus à subir ce type d'enquêtes du Ministère et que ce dernier la laissera dorénavant en paix. Elle, ainsi que les morts et les disparus de sa famille.
- J'ose espérer que vous passerez une agréable fin de journée, malgré mon interruption.
- De même, souffla-t-elle alors que son "invitée" prenait le chemin de la sortie, sans un regard pour l'écrivaine.
Quand la porte se referma sur l'Auror, Rosalind se laissa choir dans le fauteuil qu'avait occupé Rowle auparavant. Une grande lassitude s'empara d'elle. Elle laissa son regard couler jusqu'à son bureau où l'attendait le travail du jour. Mais le cœur n'y était plus. Avant la venue de l'envoyée du Ministère, elle se sentait pleine d'indignation et de ressentiment. Ça n'était pas idéal, mais au moins, ces émotions convoyaient une certaine énergie à laquelle elle s'était accrochée. Maintenant, elle se sentait... vide. Et envahie d'une tristesse si vieille et si familière qu'elle semblait sans objet.
Rosalind ferma les yeux. Elle voulut se remémorer la voix qu'avait sa mère. Les inflexions d'Arthéna quand elle exigeait de sa fille qu'elle corrige son maintien, ou quand elle lui souhaitait une bonne nuit. Toujours distante, mais toujours là néanmoins, et, à sa manière, pleinement maternelle. Mais la jeune femme n'y parvint pas. Elle ne se souvenait plus. Ces sonorités qui avaient constitué un des piliers centraux de son enfance lui échappaient. Elle n'y avait plus accès.
- Perdue, perdue..., gémit-elle doucement, sans larme.