DécousuSonge d'une nuit d'AvrilPleurs dans la nuit
Je cours
marche
tremble
et tombe.
Lumières éclatantes. Elles m’aveuglent. Dans la lumière je ne vois plus rien
et tombe.
Enfant perdu
noyé dans le monde trop grand
et si tôt égaré
« Vous devez savoir que ce garçon est étrange. Il n’est pas comme les autres. Il ne joue jamais avec les autres enfants, il reste seul, apathique. A vrai dire… je m’occupais déjà de lui alors qu’il n’était qu’un nourrisson… et je ne l’ai jamais vu pleurer. »
La voix se brise. Quelque chose en toi fait de même, avoue le. C’était le coup de grâce, tu as compris maintenant. Tu n’es que vide, un être inachevé, un spectre qui commence déjà à s’effacer. Serait-ce de l’eau salée que tu sens enfin perler au coin de tes yeux ? Tu aimerais bien, n’est-ce pas ? Mais c’est trop tard. Ils viennent te chercher. Parce que tu n’es pas assez. Ou peut-être trop. Tu ignores qui ils sont mais ça t’effraie, sais que la porte va s’ouvrir d’un instant à l’autre. Tu voudrais fuir, cependant tu restes vicé sur ton maudit fauteuil, paralysé. Ton regard est baissé sur un de tes livres, un énième recueil d’encre et de papier dans lequel tu te réfugie. Cette fois tu n’y parviens pas. Tu n’arrives pas à quitter la réalité pour plonger dans les lignes noires. La porte s’ouvre.
< Cette obscure clarté >
Je sombre dans la ville endormie. Silence, tendre silence dont je peux apprécier le goût jusque sur le bout de ma langue. Mes pas fantômes me guident je ne sais où dans ses rues que je pourrais parcourir à l’aveuglette. Une brise m’effleure de sa douce caresse. Et puis soudain le bruit. Partout. Tintamarre infernal. Cacophonie interminable. Mes mains sur les oreilles. Elles n’arrêtent pas le sifflement insupportable du vent. Il m’assourdit. Et puis maintenant la lumière, violente agressive. Ces silhouettes qui s’entremêlent, s’unissent pour ne former plus qu’une masse grouillante.
TAIS TOI
Silence. A nouveau.
Pensées brumeuses. Vision floue.
La dernière forme humaine.
Brûlante, ardente.
Les yeux noirs l’observent. A moins qu’ils ne fixent que le vide. Il n’a aucune idée de qui elle est. L’a-t-il déjà vue ? Peut-être furtivement. Ou pas du tout. Des éclairs de lumière fusent. Une danse mortelle ans laquelle elle s’est engagée, esquissant des pas endiablés. Les prunelles sombres se remplissent de détresse. Craquement sinistre. La baguette tombe, brisée en deux. La danseuse chute, comme si elle s’était cassée en même temps que le morceau de bois. Elle rugit. Tigresse.