Agacée, Rosalind referma brusquement son cahier, froissant du même coup les parchemins qui s'y trouvaient couchés en travers. Cela faisait quelques jours qu'elle était rentrée de l'Île, et elle avait passé la majeure partie de son temps à lire et à vagabonder dans le Londres sorcier. Elle s'était sciemment réfugiée dans les distractions afin d'échapper aux problèmes auxquels elle devrait, fatalement, trouver une solution. Trouver un logement, visiter ses grands-parents dans le nord de l'Angleterre, et en Ecosse. Sa Grand-Mère la pressait de venir la rejoindre, mais elle ne se sentait pas tout à fait prête à lui faire face. Et puis il était question de l'avenir aussi. Elle ne pourrait vivre en dilettante plus longtemps. Ses fonds étaient suffisants pour qu'elle mène une vie confortable, mais il lui faudrait, tôt ou tard, gagner quelques Gallions. Gallus Fawley, son père, menait une vie aisée dans le Sud de la France, mais elle ne voulait pas lui demander de soutien financier. D'autant que, si on prenait en compte son dernier hibou, son géniteur n'avait pas bien pris le fait qu'elle retourne en Angleterre sans le prévenir, la taxant d'égoïste et d'écervelée.
Peut-être qu'elle pourrait trouver un éditeur anglais intéressé par son roman... Mais rien que le fait d'envisager toutes les démarches à effectuer... Rosalind poussa un soupir de lassitude. Et puis il y avait ses travaux de recherches, commencés en Italie. "Ce pourrait être une publication intéressante", lui avait soufflé Lucciano, presque un an auparavant, penché derrière elle et balayant du regard les nombreuses notes qu'elle avait accumulées. Mais ces notes étaient restées longtemps en l'état: des morceaux, des extraits, du matériau griffonné sur des parchemins, et qu'elle n'avait pas encore classés. Tout paraissait si clair, à l'époque. Ses fiançailles, son travail, ses projets de livres. Si elle avait consenti à se laisser glisser dans cette voie toute tracée, si elle avait fait fi de cette conscience troublée qui la ramenait de plus en plus vers les rivages de l'Île qui l'avait vue naître, vers ces visages amis qu'elle avait laissés s'effacer... "Et bien, je n'en serais pas là, à tourner en rond dans cette chambre d'hôtel!", se dit-elle en se levant rageusement du petit bureau. Elle ne regrettait pas d'être revenue, non. Mais, comme d'habitude, elle aurait souhaité que tout se passe comme elle l'avait espéré, dans le meilleur des mondes, et ne pas avoir à se démener pour trouver comment mener à bien ses projets.
Elle jeta un coup d’œil par la fenêtre. Le jour se couchait déjà. Une fin d'après-midi dans une capitale dominée par l'hiver. Mue par l'impulsion de sortir, de profiter des quelques minutes de ce jour déclinant, elle fourra parchemins, carnet et plumes dans son sac de cuir rouge, et sortit de sa chambre en claquant la porte.
À pas vifs, elle prit la direction du Chaudron Baveur. Pourquoi ce bar plutôt qu'un autre? Aucune idée. Peut-être parce qu'elle savait qu'il y faisait généralement sombre et que si elle avait la chance de s'installer dans un des coins du bar, elle ne serait probablement pas dérangée. Les cafés, les terrasses, les troquets avaient toujours été des lieux qu'elle affectionnait pour écrire, pour travailler. Le brouhaha des conversations ne la gênait pas, au contraire, il créait un ronron rassurant et qui décuplait son imagination ou bien l'aidait à clarifier ses pensées. Faire partie intégrante du flux, son instinct l'y avait toujours portée. L'isolement ne lui valait rien et elle le fuyait autant que possible. Les voix, les visages, les gestes, les couleurs, le bruit, c'était son milieu naturel et elle s'y sentait vivante.
Le Chaudron Baveur n'était pas bondé, mais à cette heure de la journée, les clients commençaient à venir s'installer, de plus en plus nombreux. "Parfait", pensa-t-elle, avec soulagement. Elle était satisfaite d'échapper à la cage qu'était devenue sa chambre d'hôtel et souriant de contentement, elle s'empressa de s'installer à une table, contre un des murs de l'auberge. Elle étala devant elle ses parchemins et se sentit soulagée. Déjà, elle commençait à y voir plus clair.
Dernière édition par Rosalind Fawley le Mer 3 Oct 2018 - 9:44, édité 2 fois
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» Sam 5 Mai 2018 - 0:37
Chercher la muse Adélia & Rosalind
Perchée sur un tabouret près du bar, Adélia s'escrimait à laver un verre. Malgré tous ses efforts, une tâche peu alléchante demeurait sur une des facettes. Aucun client n'aurait accepté d'y boire un coup. Quoique, on trouvait parfois des personnes peu recommandables ici, aux allures un peu louches. Mais après tout, qui était-elle pour juger des goûts de chacun ?
Penchée en arrière, elle redressa le buste et leva le verre pour inspecter un peu mieux, à la lumière du lustre. Non, décidemment, elle ne voulait pas s'en aller. La jeune femme se fendit de quelques jurons, sous l'œil surprit de l'aubergiste qui, semblait-il, l'avait bel et bien entendu. Elle ne s'en préoccupa pas outre mesure, elle avait prit l'habitude du regard des autres sur elle et, surtout, les personnes qui la côtoyaient chaque jour avait dû apprendre à supporter son caractère. Certains s'y faisaient plus ou moins vite.
A travers le fond du verre, elle vit grossièrement la porte s'ouvrir et une silhouette se détacher sur le fond plus clair, dû à la lumière du jour. Dans le Chaudron Baveur, le personnel s'efforçait de maintenir une pénombre constante. Elle détestait cela et, en arrivant chaque matin, elle n'avait qu'une seule envie : percer des trous dans les murs pour qu'on s'y sente enfin à l'aise.
- Tu devrais aller t'occuper de notre cliente. Tu restes à bailler aux corneilles, ce n'est pas bon pour le commerce, fit remarquer son patron. Vas donc t'occuper de la nouvelle cliente.
- Bien patron !
D'un geste leste, elle sauta du tabouret sur lequel elle se trouvait assise et rejoignit la nouvelle arrivante, qui s'était installée dans le coin le plus en retrait de l'auberge et également le plus sombre, alors qu'elle avait étalé de nombreux parchemins couverts d'écriture devant elle. La logique de ces britanniques lui échapperait toujours.
- Que puis-je faire pour vous ? s'exclama-t-elle d'un ton joyeux.
Son regard survola une nouvelle fois les parchemins étalés sur la table. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle ne désirait pas un plat, Adélia n'était pas sûre de trouver de la place sur la table pour l'y poser.
Qui pouvait bien être cette femme pour garder autant de feuilles de papier ? Il n'était pas sain de lire autant, du moins de l'humble avis d'Adélia. Il fallait toujours s'inquiéter de la santé des gens qui avait beaucoup de parchemins ou des livres. Ils avaient tous un grain de folie, la jeune femme en était persuadée. Depuis la fin de ses études, elle tentait de s'éloigner le plus possible de ce genre de choses.
L'alchimie. Pas la détermination contemporaine et communément acceptée qui faisait référence à la concoction de potions. Mais l'alchimie moyenâgeuse, celle qui distillait ses symboles dans des ouvrages confidentiels et recherchés. Celle que Nicolas Flamel dévoila au grand jour en créant la Pierre Philosophale.
Alors qu'elle écrivait son premier roman et effectuait des recherches sur la Venise des temps anciens, Rosalind avait glané des informations intrigantes sur l'histoire de la cité des Doges. Sur son fonctionnement politique, les dynasties qui s'y étaient disputées férocement le pouvoir... Et sur les curieux symboles et messages sibyllins qui permettaient de communiquer à l'Europe entière les avancées en terme de potions mais aussi dans la création d'artefacts aux pouvoirs prodigieux. Des "recettes", des "instructions" difficiles à décoder et qui restaient irrémédiablement hermétiques aux Moldus.
Par goût pour les runes, les illustrations étranges et polysémiques, Rosalind avait collecté un bon nombre de notes à ce sujet, sans vraiment se dire qu'elle pourrait en faire quelque chose. Mais des liens et des axes de lecture semblaient se dessiner d'un parchemin à l'autre. Et éclairaient l'histoire des Sorciers Européens d'une façon inédite.
Tournicotant une de ses boucles rousses, son carnet vierge ouvert devant elle, Rosalind tâchait de jeter sur le papier quelques axes d'entrée dans ce sujet complexe et brumeux.
Une voix, chaleureuse et musicale, fit éclater comme une bulle de savon, l'idée qui commençait à se former dans son esprit. - Que puis-je faire pour vous ?
Rosalind avait sursauté; elle en avait presque oublié où elle se trouvait. Une jolie brune se tenait près d'elle, attendant sa commande.
- Je voudrais du thé, répondit-elle après quelques instants de réflexion. Du thé noir, si vous en faites, merci.
La serveuse considérait les parchemins étalés sur la table avec une expression que Rosalind ne sut pas déchiffrer. Dubitative? Curieuse? Sans être vraiment secrète, elle préférait garder une certaine réserve quant à ses travaux. D'une part, parce qu'elle voulait être sûre de la direction que prendraient ses recherches avant d'en parler à d'éventuels éditeurs, d'autre part parce qu'elle ne souhaitait pas que d'autres essayistes s'emparent du sujet avant elle. - Tout va bien?, finit-elle par demander, courtoise mais ferme, à la jeune femme dont le regard s'attardait un peu trop à son goût sur ses annotations.
Adélia sentit la réflexion et l'hésitation de la jeune femme avant qu'elle ne donne sa réponse. Elle avait peut-être oublié où elle se trouvait. Preuve que les livres rendaient un peu fou.
- Je voudrais du thé. Du thé noir, si vous en faites, merci.
La serveuse acquiesça. Il faudrait qu'elle regarde, mais ils devaient bien avoir ça. Elle prit un moment avant de se décider à bouger, observant toujours les parchemins disposés sur la table. Quel métier pouvait-elle bien exercer ? Dans la vie, il valait mieux ne pas s'embêter. Peut-être était-elle bien payée. Après tout, c'était souvent le cas des gens qui s'embêtaient avec de grosses études et beaucoup de paperasses.
- Tout va bien ? l'interrompit la cliente dans ses réflexions.
- Il faut que je vérifie, mais je crois que l'on a bien du thé noir. Je me demandait surtout quel métier vous pouviez bien exercer pour avoir autant de papiers ! Vous devez bien vous embêter et ne pas vous y retrouver avec tout ça.
Adélia lui offrit un sourire resplendissant avant de tourner les talons pour rejoindre le bar. Elle contourna l'aubergiste qui parlait avec deux clients et donna un coup de baguette à la bouilloire pour faire chauffer l'eau. Elle se mit à chercher les thés qu'ils avaient en stock, fouillant dans diverses boites avant de tomber sur plusieurs paquets rempli de feuilles séchés. Elle dû s'y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à lire les minuscules étiquettes sur lesquels était écrits les noms en patte de mouche. Par chance pour sa cliente, il restait quelques feuilles de thé noir.
Elle sortit une tasse et une théière, y versa l'eau brûlante, puis y plongea le filtre remplit des dernières feuilles de thé noir. Elle plaça tous les ustensiles sur son plateau, attrapa au vol une petite cuillère et un sucre, puis se remit enfin en route pour la table de la jeune femme qui patientait, le nez dans ses parchemins.
En revenant, Adélia se demanda si elle ne s'était pas amusée - par hasard - à encore plus étaler ses affaires sur la table. C'était le genre de choses que les gens qui lisaient étaient capables de faire. Ou alors, c'était elle qui devenait un peu folle. Ce devait être le manque de lumière dans cette foutue salle. Il fallait qu'elle réfléchisse à percer des trous dans les murs. Elle tenta tant bien que mal de trouver de la place sur la table, mais dû déplacer des papiers pour cela. Elle fit toutefois attention de faire cela sur un bord de la table, là où la jeune femme ne regardait sûrement pas toutes ces lettres.
- Vous avez de la chance, c'était les dernières ! annonça-t-elle d'un ton joyeux.
- Il faut que je vérifie, mais je crois que l'on a bien du thé noir. Je me demandais surtout quel métier vous pouviez bien exercer pour avoir autant de papiers ! Vous devez bien vous embêter et ne pas vous y retrouver avec tout ça.
Rosalind pinça les lèvres. Elle se retrouvait parfaitement dans ce monceau de notes. Enfin, la plupart du temps. Et elle n'avait pas apprécié la désinvolture avec laquelle la serveuse lui avait fait prendre conscience du désordre qu'elle avait semé sur sa petite table. Elle n'était pas là pour commenter les activités auxquelles s'adonnaient ses clients. Les serveuses servaient. Point. Ce qu'elle s'apprêtait à lui dire, par une remarque bien sentie. Mais le sourire rayonnant que lui adressa la jeune femme l'en empêcha. L'expression chaleureuse de la barmaid était si lumineux que Rosalind en fut presque éblouie. Il lui sembla que, miraculeusement, la demi-pénombre qui régnait habituellement dans le Chaudron Baveur s'était dissipée. Elle regarda, songeuse, la démarche allègre de la Sorcière brune qui s'éloignait de sa table pour se diriger vers le bar.
Rosalind secoua ses boucles et se remit au travail. Du fatras qu'elle avait étalé devant elle, elle extirpa un parchemin recouvert de dessins. Des griffonnages - plutôt malhabiles, elle n'avait jamais été douée en dessin - accompagnés d'annotations fiévreuses. " Le commencement dans l'Abysse, le Cercle du chaos et la plénitude du Ciel."* Elle n'était pas tant intriguée par la signification de ces mots: la plupart des traditions alchimiques avaient été à la fondation de la science actuelle des potions et ces énigmes avaient été résolues depuis longtemps. Mais les symboles eux-mêmes véhiculaient d'autres sens, se partageaient de familles en familles, tissant un réseau de messages qu'elle voulait tirer au clair.
- Vous avez de la chance, c'était les dernières !
La serveuse était de retour avec sa commande, mais, absorbée, Rosalind ne la regarda pas.
- Merci, dit-elle distraitement.
*Trismégiste écrit au XXème siècle avant notre ère, alors comment Santinoni a-t-il pu retrouver la trace de ses observations... D'autant qu'aucun autre avant lui ne s'était donné la peine d'effectuer de telles recherches.* Un bruit de vaisselle lui fit relever la tête. La jeune femme brune s'efforçait de trouver un espace disponible afin de déposer un plateau sur lequel trônait une théière, flanquée d'une tasse et d'un sucrier. Rosalind grimaça en voyant d'autres mains que les siennes manipuler ses précieux parchemins. D'un geste vif, elle se redressa sur sa chaise et entreprit d'aider la barmaid à débarrasser un coin de la table. Mais dans sa hâte, elle heurta la théière qui se renversa, répandant son contenu sur les papiers à proximité.
Fawley laissa échapper une exclamation horrifiée et s'empressa de redresser la théière et de sauver le plus de papiers possibles de la noyade.
- Non! C'est pas vrai!
Spoiler:
*Hermès Trismégiste , créateur de l'alchimie , Africaines / Egyptiennes Source : Tables d'Emeraude, TABLETTE XV : LE SECRET DES SECRETS
Un petit merci lâché à la volée, sans y penser, l'affolement en voyant quelques malheureux papiers dérangés et la catastrophe. La théière déversa son contenu sur la table, éclaboussant certains parchemins avant de goutter sur le sol. Adélia regarda avec effarement le liquide dégouliner avant d'agir. D'un coup de main, l'objet fut remis en place et elle vérifia que les dernières feuilles de thé noir de l'établissement se trouvait toujours à l'intérieur. Soulagée, elle jeta un sort rapide pour nettoyer la table et le parquet, préférant laisser les pages couvertes d'écriture à la jeune femme.
- Non! C'est pas vrai !
Non, effectivement. C'était totalement faux, une simple blague de la part des employés du Chaudron Baveur. Une mauvaise illusion. Adélia ravala la remarque acerbe qui lui brûlait la langue et attrapa la théière. Il allait falloir la remplir, en espérant que les feuilles accepteraient encore d'infuser. Sinon, il faudrait en trouver d'autres.
- Je vous laisse à tous vos bazars, je vais vous refaire bouillir de l'eau. Si j'essaie de vous aider, je crois que je vous embrouillerez plus qu'autre chose.
Adélia adressa un sourire rayonnant à la cliente, qui se voulait rassurant, presque amusé par la situation avant de tourner les talons. Au bar, elle retrouva le gérant des lieux qui avaient un air soucieux sur le visage. Elle lui expliqua rapidement la situation en refaisant chauffer de l'eau, dissipant ses doutes qui la mettait en cause, elle, sa parfaite petite serveuse. Elle n'avait jamais renversé quoique ce soit, son service avait toujours été impeccable. Il n'était pas question que cela change aujourd'hui à cause d'une cliente maladroite.
Elle revint rapidement aux côtés de celle-ci. Cette fois-ci, elle garda la théière dans les mains en attendant qu'on lui aménage un espace de libre. Elle n'avait aucune envie de redevoir nettoyer et aller chercher de l'eau.
- Vous ne m'avez pas dit ce que vous étiez pour vous trimballer autant de parchemins, fit remarquer Adélia sur le ton de la conversation.
Toujours plantée devant la cliente, debout, la théière dans les mains, elle lui offrit un sourire mutin.
La plupart de ses notes étaient sauves, mais quelques parchemins n'avaient pas échappé à l'eau bouillante qui s'était répandue sur la table. Soulevant les papiers détrempés avec délicatesse, Rosalind sortit sa baguette et, les désignant de sa baguette, murmura: "Aspiro Humidis". L'encre avait coulé et son écriture fine était brouillée par endroit, toutefois, le tout demeurait déchiffrable. Une constatation qui la fit soupirer de soulagement.
- Je vous laisse à tous vos bazars, je vais vous refaire bouillir de l'eau. Si j'essaie de vous aider, je crois que je vous embrouillerais plus qu'autre chose.
Fawley était trop occupée à sauver le reste de ses notes pour relever la remarque de la serveuse. Heureusement. "Vos bazars"? Son travail, ses recherches, des heures passées à écumer les bibliothèques vénitiennes... Un bazar?
Quand la jeune aubergiste revînt, la théière de nouveau pleine d'eau chaude, elle sembla attendre stoïquement que la rouquine daigne mettre de l'ordre dans les amas de notes qui s'étaient accumulées sur la table. Rosalind convînt pour elle-même que c'était probablement plus sage et entreprit de constituer des piles plus ou moins soignées. Au moins assez pour que la serveuse puisse déposer la théière sans risquer un nouvel accident. - Vous ne m'avez pas dit ce que vous étiez pour vous trimbaler autant de parchemins.
La jeune femme lui souriait avec malice. Si les parchemins s'étaient révélés illisibles, Rosalind aurait probablement fait un scandale en soulignant la qualité médiocre du service du bar. Mais aucun dommage irréparable n'avait été causé, et elle décida de répondre à la serveuse avec un sourire pincé.
- Je suis écrivaine. Et mon "bazar", ajouta-t-elle, constitue la quasi-totalité de mes travaux de recherches. Voilà pourquoi je les "trimbale". J'aime travailler dans les bars et les cafés... Mais c'est vrai que d'ordinaire, je n'emporte pas autant de parchemins avec moi, admit-elle.
Elle attendit que la brunette dépose, une nouvelle fois, sa commande sur la table, s'assurant que la théière restait à bonne distance de ses carnets et parchemins. En haut d'une pile, se trouvait la reproduction d'une gravure ancienne. Subitement, un doute lui vînt à l'esprit. Elle n'avait jamais remis en question l'intérêt de ses travaux, mais... est-ce qu'elle trouverait un lectorat intéressé par l'alchimie des temps anciens? Si tant est qu'elle parvienne à trouver un angle de travail susceptible d'intéresser un éditeur...
De but en blanc, elle demanda: - Vous lisez? Quel genre de livres? Des essais, parfois?
HRPG:
Pardon du retard! J'espère que ça te va Dis-moi si tu trouves cela insuffisant pour rebondir et je développeria
Chercher la muse Adélia & Rosalind Heureusement, la jeune femme déplaça toutes ses affaires pour ménager un espace libre où Adélia pu poser toutes les affaires. Elle pria pour que la sorcière aux cheveux roux ne fassent rien tomber de plus. On ne savait jamais de quoi étaient capable les britanniques. Elle serait bien capable de lui mettre ses propres maladresses sur le dos. Et la brésilienne avait besoin de ce travail.
- Je suis écrivaine. Et mon "bazar", constitue la quasi-totalité de mes travaux de recherches. Voilà pourquoi je les "trimbale". J'aime travailler dans les bars et les cafés... Mais c'est vrai que d'ordinaire, je n'emporte pas autant de parchemins avec moi.
Adélia se força à ne pas froncer du nez à l'entente de ces simples mots. Vraiment ? Ecrivaine ? Elle ne comprendrait jamais cet intérêt que les gens avaient pour les livres. Elle avait souffert toute sa scolarité de devoir en lire. Comment des gens pouvaient-ils en écrire ? Cela devait être dix fois plus ennuyeux.
Elle ne releva pas les propos quelque peu hautains - encore une artiste incomprise ? - de cette femme. Elle n'était pas là pour se faire des amies ou remettre dans le droit chemin des gens trop orgueilleux. Elle assurait le service en échange de quelques Gallions pour assurer son loyer et sa nourriture, à elle et à ses animaux. Ce qui n'était pas de tout repos.
- Vous lisez? Quel genre de livres? Des essais, parfois?
Elle ? Lire ? Elle n'avait pas que ça à faire, perdre son temps dans les bouquins.
- J'aime beaucoup lire les menus des restaurants. Toujours très intéressant. Enfin, je n'ai pas vraiment l'argent pour me les payer, mais c'est tout de même une lecture édifiante. Vous ne trouvez pas ?
Adélia lui adressa un sourire éblouissant, comme totalement innocente à ce détournement de conversation. Cette écrivaine avait eut peu de chance de tomber sur elle. Peut-être que certaines collègues à elle étaient plus portées sur la lecture. Après tout, cette idée se répandait très vite, un peu trop même- comme une épidémie - et de nombreuses personnes étaient déjà atteintes. Ce qui était bien regrettable. Pour la brésilienne, il était bien plus intéressant de passer du temps avec des amis plutôt que de s'enfermer dans la lecture.
- J'aime beaucoup lire les menus des restaurants. Toujours très intéressant. Enfin, je n'ai pas vraiment l'argent pour me les payer, mais c'est tout de même une lecture édifiante. Vous ne trouvez pas?
Rosalind plissa légèrement les yeux devant ce même sourire radieux que la serveuse lui servait depuis qu'elle était venue prendre sa commande. Fawley était pourtant habile dans l'art de lire les visages et ce qui se cachait derrière les expressions convenues. Mais là, elle n'arrivait pas à déterminer avec certitude si la serveuse se payait sa tête ou si elle était juste inculte. Dans les deux cas, elle n'avait aucune envie de poursuivre cette conversation et son vague intérêt pour le minois latin de la jeune femme était retombé aussi sec qu'il était apparu.
- Si on trouve de la poésie dans le descriptif d'une blanquette de veau ou d'une soupe aux oignons, oui j'imagine que ça doit être satisfaisant, répondit-elle, un brin narquoise, et répondant au sourire de l'aubergiste avec un grand sourire, tout aussi factice que celui de son interlocutrice.
Sans plus chercher à alimenter la conversation, et se détournant de Flores, Rosalind retourna à ses travaux. Cet échange ne lui avait rien apporté, et elle avait du travail. Et la serveuse aussi. Chacune ses occupations et ses centres d'intérêt, les moutons resteraient ainsi bien gardés.
Spoiler:
On peut clôturer là si tu veux! Jusqu'à la prochaine entrevue de ces demoiselles De toutes façons, Rosalind râle, mais elle va venir très souvent au Chaudron Baveur...