Ces derniers temps, elle faisait énormément d’interviews. Cela changeait du travail de recherches, bien qu'elle ne le négligeait pas, et ce n'était pas des plus désagréables. Ainsi, elle avait l'occasion de sortir, et de confronter plusieurs versions, faire ses propres investigations. C'en était presque amusant à vrai dire, comme un jeu, un puzzle qu'elle créait et devait résoudre en un même temps. Elle se fixait les règles qui lui étaient imposée.

C'était tout de même perturbant de se confronter au vécu des autres alors qu'elle-même tentait inlassablement d'oublier le sien, mais la plupart du temps, elle savait faire abstraction. Sérieuse, aimable, acharnée, une vrai professionnelle. Cette fois, elle avait minutieusement préparé ses questions et comptait les poser tout, et correctement. Hors de question qu'elle se laisse distraire une nouvelle fois, elle tenait à son job.

Heureusement que son patron ne lui demandait aucun compte. Si elle voulait que ça reste ainsi, elle ne devait pas laisser ses articles devenir moins intéressants et objectifs, c'était primordial. Elle devait préserver une certaine qualité, et personne ne l'embêtait.

Les deux sorcières devaient se retrouver au Ministère, Héra la rejoignant. En effet, son objet d'étude du jour était juge, alors elle exerçait là-bas. La rejoindre avait été ce qui semblait le plus simple.

Elle patientait calmement à leur point de rendez-vous quand une femme élégante vint la trouver. Quelque chose de particulier émanait d'elle, un aura intriguant. Ceci ajouté à sa beauté, elle pouvait paraître impressionnante. La journaliste sourit en lui tendant la main.

« - Enchantée de vous rencontrer, je suis Héra Greengrass. Si vous êtes prête, nous pouvons peut-être nous installer quelque part?

Elle jeta un regard autour d'elle avant de continuer.

- Je ne sais pas si cela vous convient, mais j'avais pensé à la bibliothèque. »

En imaginant qu'elle pouvait avoir une meilleure idée, elle la laissa s'exprimer, attendant sa réponse pour réagir, que celle-ci constitue une autre proposition ou quelques mots d'acceptation.

Amaryllis se regarda dans son miroir de poche tout en appliquant une généreuse couche de rouge à lèvres. La perfection, c'était la seule limite qu'elle s'imposait et ce, quelque soit la situation. Son apparence devait être parfaite, son port de tête, sa tenue, sa diction... Rien ne pouvait être laissé au hasard.

Elle replaça un dossier sur son bureau après avoir rangé son miroir. Tout était parfaitement aligné sur son bureau : de la simple feuille à la plus belle plume, tout était parallèle et rien n'était hors de sa place. C'était parfait, c'était ainsi qu'elle aimait son bureau. Propre et organisé. La sorcière sourit de contentement et regarda l'heure. Il était temps de rejoindre la reporter.

Elle déclara à la secrétaire qu'elle reviendrait plus tard. Elle lui jeta un regard méprisant et se dirigea vers l'atrium en pensant que sa subalterne était une imbécile. Depuis quand les histoires de coeur devaient-elles avoir le dessus au travail ? Elle se promit d'éviter de lire dans l'esprit des autres. Mais était-ce réellement sa faute si le commun des mortels avaient aussi peu de protections dans leurs esprits ? Non.

Le juge se força d'oublier ce qu'elle avait lu dans l'esprit de la sotte qui lui servait de secrétaire et se concentra sur ce qui allait arriver par la suite. Amaryllis avait accepté cette interview, non pas par plaisir mais par nécessité. Un tas d'événements inattendus s'étaient présentés à elle. Au final, maintenant elle devait accepter cet interrogatoire indésirable.

Elle claqua sa langue contre elle-même. Après quelques minutes, elle arriva à l'accueil et repéra la reporter. Elle s'avança vers elle, la tête droite et lui jeta un regard scrutateur.

- Enchantée de vous rencontrer, je suis Héra Greengrass. Si vous êtes prête, nous pouvons peut-être nous installer quelque part ?

Elle détailla froidement la femme face à elle, ne laissant échapper aucun détail. Elle s'arrêta un instant sur sa main. Ah, les salutations. Elle serra la main à la journaliste avant de lui offrir un sourire très largement hypocrite. Qu'allait-elle vouloir savoir ? Amaryllis ne pouvait s'empêcher de détester tous les journalistes, les qualifiant gracieusement de fouille merde.

- Amaryllis Parkinson, répondit-elle sèchement.
- Je ne sais pas si cela vous convient, mais j'avais pensé à la bibliothèque.

La femme roula des yeux.

- Je vous propose plutôt d'aller dans mon bureau. Nous serons plus à l'aise et ne dérangerons personne.

Elle se mit en marche, sans regarder miss Greengrass. Cela lui importait que peu que la nouvelle arrivante parvienne à la suivre. Elle l'attendit tout de même lorsqu'elle arriva à l'ascenseur. Quand bien même la reporter était quelqu'un d'exécrable de part son métier, elle restait une sang-pur. Aussi, Amaryllis ferait preuve de respect... du moins dans la limite du possible.

La brune montra le chemin à la plus jeune, ne lui adressant ni mot, ni regard. La journaliste aurait tout le loisir de l'entendre parler lorsqu'elle poserait ses questions aussi inutiles que futiles, le juge n'en douta pas un instant.

Arrivées au bureau, Amaryllis ouvrit la porte et invita l'autre femme à rentrer.

- Je ne tiens pas à être dérangée, siffla-t-elle à sa secrétaire.

Elle ferma la porte, et alla s'installer derrière son bureau.

- Miss Greengrass, commença-t-elle, j'imagine que vous souhaitez des réponses à vos questions, et moi, je n'ai pas de temps à perdre.

Elle croisa ses jambes, et jeta un regard désintéressé à Héra. D'un coup de baguette, elle se servit un thé au jasmin. Elle ne proposa pas à son invité de thé, elle lui imposa seulement la tasse. Qu'elle boive ou non le breuvage ne la préoccupait nullement. Amaryllis porta sa tasse aux lèvres et attendit que son hôte prenne la parole.

Héra savait rester calme en toutes circonstances quand elle travaillait, et heureusement pour elle. Elle aimait laisser sa véritable personnalité de côté pour incarner un rôle plus neutre. Ainsi elle pouvait s'oublier dans toute son objectivité.

Si ça n'avait pas été le cas, elle se serait vite offusquée du comportement de celle qu'elle allait interviewer. Celle-ci était ostensiblement hautaine, la méprisant. Sa voix était sèche, son regard mauvais. Pourquoi la considérait-elle si peu ? Elle n'avait rien fait de spécial pour se trouver rabaisser de la sorte, elle s'était contentée de se montrer polie et courtoise. Cela ne suffisait visiblement pas à la juge qui continuait de la prendre de haut. Se comportant comme elle l'aurait fait avec une enfant stupide, elle lui proposa d'avoir leur entrevue dans son bureau pour ne déranger personne et être plus à l'aise. Peu importe la forme, elle n'avait pas tord et c'est donc là qu'elles se rendirent après que la jeune sorcière ait opiné.

Une fois qu'elles furent installées, ce fut la Parkinson qui commença à parler.

"- Miss Greengrass, j'imagine que vous souhaitez des réponses à vos questions, et moi, je n'ai pas de temps à perdre.

C'était vrai, mais toujours prononcé de manière prétentieuse. On aurait pu croire qu'elle ne savait décidément pas s'exprimer autrement, comme si tous ceux qu'elle rencontrait se montrer inférieurs. Héra le percevait comme ça, du moins.

Après ces quelques mots, elle leur servit du thé mais la brunette n'en avait nullement envie, surtout venant de sa part. L'employée du Ministère ne lui inspirait pas la moindre sympathie avec ses grands airs, bien au contraire. Pour autant, elle s'obligeait à rester professionnelle.

- Tout a fait. Je tenais également à vous préciser que toutes mes recherches ne cherchent qu'à nourrir l'histoire et que je ne suis pas là pas là pour connaitre vos ressentis personnels. Il est important de le savoir pour appréhender correctement mes questions.

Elle pouvait paraître abrupte, elle le savait, mais ne pouvait s'en empêcher. Bien trop lui avaient déjà livré des récits larmoyants qui ne l'intéressaient en rien. Sortant le parchemin qu'elle avait préparé et tout son matériel, elle reprit.

- Comme vous étiez hors de notre territoire quand elle s'est déroulée, comment perceviez-vous la guerre en temps réel ?"

Elle jugeait cette question plutôt adaptée. Après tout, c'était bien pour cela qu'elle l'avait choisi comme sujet de son étude

- Tout a fait. Je tenais également à vous préciser que toutes mes recherches ne cherchent qu'à nourrir l'histoire et que je ne suis pas là pas là pour connaitre vos ressentis personnels. Il est important de le savoir pour appréhender correctement mes questions.

Amaryllis haussa un sourcil. Elle devait avouer qu'elle était surprise. En quoi sa petite personne pouvait elle l'aider à retracer l'histoire ? La sorcière eut un rictus lorsque la journaliste lui dit qu'elle n'était pas là pour connaître ses ressentis personnels. Voilà qu'elle se donnait du professionnalisme. C'était assez risible. Mais le juge s'en garda bien de lui faire remarquer.

- Comme vous étiez hors de notre territoire quand elle s'est déroulée, comment perceviez-vous la guerre en temps réel ?

La brune ne s'attendait clairement pas à cette question. Elle se plongea dans ses souvenirs. Comment pouvoir apporter une réponses constructive ? Elle croisa les bras, pensive. La guerre a eu lieu en 1998, à cette époque, elle était encore avocate et se trouvait en Russie.

- Je vois que vous avez fait vos recherches, commença Amaryllis sur un ton neutre.

Elle se racla la gorge, cherchant la meilleure façon d'exprimer ses souvenirs à ce moment. Pas facile. Surtout que c'était une période quelque peu bouleversante pour la brune sans parler de la guerre.

- En réalité, je la percevais comme les russes. Je n'avais plus aucun contact avec ma famille alors les seules informations que j'avais venaient des journaux russes. De fait, je ne m'intéressais pas tellement à la guerre et elle représentait simplement une guerre civile sorcière pour les russes, tout comme pour moi. Mais les journaux russes... autant dire que ces derniers n'étaient pas très fiables. En quelques mots, fin du régime soviétique moldu qui avait influencé le monde sorcier russe, du mal à s'en remettre et les habitudes avaient la vie dure. Mais j'imagine que vous connaissez les grandes lignes de l'histoire Russe non ? Ca a l'air d'être votre domaine.

Si elle était une journaliste relatant les faits historiques, elle devait connaître l'histoire des quelques anciennes puissances... Ca serait sincèrement un comble de ne pas savoir cela. Néanmoins elle avait mis de côté le ton méprisant. Ses derniers mots avaient simplement étaient lancés avec un peu de moquerie.

Avant de lui répondre, la juge lui livra un commentaire des plus inutiles.

"- Je vois que vous avez fait vos recherches.

Héra se retint de lui répondre ironiquement que non, elle adorait se lancer dans l'inconnu quand elle préparait un interview et préférait ne rien savoir de ceux qu'elle allait interroger. Bien sûr, cela donnait des résultats bien plus intéressants. Elle avait même une liste de questions-types qu'elle posait à tous et de la même manière. Parvenant à rester muette, elle attendit la suite.

- En réalité, je la percevais comme les russes.

C'était exactement pour avoir plus de renseignement sur cela qu'elle l'avait choisie.

-  Je n'avais plus aucun contact avec ma famille alors les seules informations que j'avais venaient des journaux russes. De fait, je ne m'intéressais pas tellement à la guerre et elle représentait simplement une guerre civile sorcière pour les russes, tout comme pour moi. Mais les journaux russes... autant dire que ces derniers n'étaient pas très fiables. En quelques mots, fin du régime soviétique moldu qui avait influencé le monde sorcier russe, du mal à s'en remettre et les habitudes avaient la vie dure. Mais j'imagine que vous connaissez les grandes lignes de l'histoire Russe non ? Ca a l'air d'être votre domaine.

La brunette fronça les sourcils en constatant que le sujet déviait complètement. Il fallait qu'elle le recentre au plus vite. Le fait d'avoir l'impression d'être sans cesse mise à l'épreuve par son interlocutrice qui ne semblait rien faire d'autre que la jugeait ne lui plaisait pas vraiment non plus. Elle songea un instant à comment s'exprimer avant de se lancer.

- J'en sais quelques petites choses, effectivement.

Professionnalisme ou pas, elle n'allait pas se laisser marcher sur les pieds. Elle restait toujours aussi faussement aimable de toutes façons.

- Justement, à propos des journaux, quelles informations vous relataient-ils, avec quelle marge d'erreur et au bout de combien de temps ? Comment présentaient-ils cet affrontement venu de l'étranger ? Au delà d'une banale guerre civile ?"

Elle l'avait prévenue : elle voulait du concret, du réel, et pas la manière dont elle l'avait vécu en tant que personne.

Amaryllis afficha un sourire narquois. La jeune journaliste, certes n'en disait rien, mais ses expressions faciles exprimaient clairement un certain agacement. Elle remarqua néanmoins son professionnalisme à toute épreuve - une qualité que peu peuvent se vanter d'avoir.

- J'en sais quelques petites choses, effectivement.

Cette simple petite phrase démontrait le (mauvais) caractère de miss Greengrass. Le juge sourit de plus bel, dévoilant ses dents bien alignées. C'était plaisant de s'amuser de la sorte. Elle qui détestait les journalistes, voilà qu'elle se vengeait sur une d'entre eux. Sans doute pas la chose la plus intelligente, mais terriblement libérateur.

- Justement, à propos des journaux, quelles informations vous relataient-ils, avec quelle marge d'erreur et au bout de combien de temps ? Comment présentaient-ils cet affrontement venu de l'étranger ? Au delà d'une banale guerre civile ?

Et voilà qu'elle l'assommait de questions. Etait-ce sa propre revanche sur le juge ? Aucune idée, mais Amaryllis se contenterait de lui répondre. De toute façon, au delà des questions, leur échange risquait fort d'être stérile.

- C'est amusant, ne trouvez-vous pas ? Vous êtes journaliste, et vous semblez n'avoir aucune idée de ce que vos pairs russes ont pu faire.

Cette situation était assez insolite et ironique si on y réfléchissait bien. Lorsqu'il y a des événements aussi importants dans le monde, le minimum est de savoir comment les faits sont relatés d'un pays à un autre non ? Amaryllis était à la fois moqueuse et perplexe. Néanmoins, elle s'appliqua à lui répondre.

- Vous savez, les russes ne sont pas friands d'exposer leur propres drames, mais alors ceux des autres... Voyez-vous, en réalité, la prise de pouvoir de Voldemort au Ministère, et en Angleterre en général n'a été révélée que vers la presque fin de la guerre. D'ailleurs, cette dernière n'a fait les gros titres de journaux que quelques semaines après la victoire de l'élu.

Elle eut un léger rictus en prononçant le mot élu. C'était un titre bien trop élogieux pour un enfant qui a su survivre seulement grâce à de l'amour. L'amour était bien trop abstrait et ne faisait aucun sens dans l'esprit de l'ancienne Serpentard. Elle ferma les yeux un instant, reprenant mentalement les questions du reporter.

- Et concernant la véracité des faits... disons que certains étaient enjolivés et d'autres passés sous silence. Comme tous les journaux en réalité.

Cette réponse était une pique gratuite. Ni plus ni moins. La sorcière face à elle pourrait le prendre bien comme mal qu'elle s'en fichait éperdument. Tant que l'information principale était comprise, le reste importait peu à Amaryllis.

- Pour reprendre mes mots, c'était une simple guerre civile pour les russes. Ils n'y voyaient là aucune menace, sans doute du à leur légère tendance des folies des grandeurs.

Elle haussa des épaules, en approchant sa tasse de ses lèvres. Elle bu une gorgée de son thé.

- En toute sincérité, je pense que la majorité des russes sous-estimaient la menace de Voldemort. Pour eux, il n'était qu'un vieil homme ayant une grande soif de pouvoir, rien de nouveau en somme. Les mages et sorciers des ténèbres n'ont jamais manqué en Russie. Alors un de plus ou un de moins, ça ne les a pas vraiment effrayé.

Pour changer un peu, Parkinson la provoquait. Cette fois-ci elle décida de ne pas lui donner satisfaction en se contentant de se taire. Elle pouvait se croire intelligente si ça l'amusait, mais elle se fourvoyait grandement, allant jusqu'à faire la démonstration de son immaturité.

- C'est amusant, ne trouvez-vous pas ? Vous êtes journaliste, et vous semblez n'avoir aucune idée de ce que vos pairs russes ont pu faire.

Ce qui était le plus ironique, c'est que c'est justement pour obtenir ce genre d'information qu'elle était là. Cela semblait évident mais dépassait visiblement son hôte. Elle aurait voulu répliquer qu'elle n'avait pas fui, elle, et avait eu trop à faire pendant la guerre pour s'en préoccuper, mais elle s'abstenu.

- Vous savez, les russes ne sont pas friands d'exposer leur propres drames, mais alors ceux des autres... Voyez-vous, en réalité, la prise de pouvoir de Voldemort au Ministère, et en Angleterre en général n'a été révélée que vers la presque fin de la guerre. D'ailleurs, cette dernière n'a fait les gros titres de journaux que quelques semaines après la victoire de l'élu. Et concernant la véracité des faits... disons que certains étaient enjolivés et d'autres passés sous silence. Comme tous les journaux en réalité.

Encore, la jeune femme se contenta de ne pas relever. Cela n'avait aucun intérêt. Si la plus âgée voulait jouer à qui serait la plus idiote, et bien elle avait déjà gagné. Héra ne prenait même pas la peine de participer.

- Pour reprendre mes mots, c'était une simple guerre civile pour les russes. Ils n'y voyaient là aucune menace, sans doute du à leur légère tendance des folies des grandeurs. En toute sincérité, je pense que la majorité des russes sous-estimaient la menace de Voldemort. Pour eux, il n'était qu'un vieil homme ayant une grande soif de pouvoir, rien de nouveau en somme. Les mages et sorciers des ténèbres n'ont jamais manqué en Russie. Alors un de plus ou un de moins, ça ne les a pas vraiment effrayé.

- Quand vous dîtes que les mages et sorcier des ténèbres n'ont jamais manqué en Russie, vous avez quelques grands noms à me donner ?"

Sa question lui était venue intuitivement. Après tout, elle avait beau essayer de reconstituer d'un point de vue objectif la Guerre des Sorciers, cela ne l'empêchait pas de la relier à d'autres événements dans le monde. Ce pouvait être un sujet d'article intéressant.

- Quand vous dîtes que les mages et sorcier des ténèbres n'ont jamais manqué en Russie, vous avez quelques grands noms à me donner ?

La brune haussa les yeux au ciel. Non seulement cette question n'avait aucun rapport avec la guerre, mais en plus, cela démontrait un clair manque de culture. Elle soupira d'agacement, et ce sans s'en cacher. La femme face à Amaryllis faisait une piètre journaliste, malgré tout, elle avait le mérite de ne pas chercher des détails dits croustillants. C'est sans doute le seul point positif qu'elle trouvait à cet échange.

- Raspoutine, confident de la tsarine Alexandra Feodorovna. Même auprès des moldus, il ne passait pas inaperçu. Apparemment guérisseur mystique, mais ses desseins étaient tout autres. Il pensait prendre le pouvoir par le biais de la famille royale russe. Il s'est fait tuer en 1916, le seul assassinat qui ait réussi. Les forces de l'ordre des sorciers à cette époque lui ont tendu une embuscade.

Elle se resservit un thé, jetant un oeil à la tasse d'Héra. Cette dernière n'avait pas touché au thé. Cela eu le don d'agacer un peu plus le juge. Elle montrait un peu d'hospitalité et répondait docilement aux questions posées, et voilà que son hôte ne montrait aucun respect.

- Dans les années 60, pendant l'apogée du communisme moldu, les sorciers subissaient eux aussi une certaine influence de ce régime. Il y a eu un certain Anton Demevchenko. C'était un inconnu sorti de nulle part mais qui a su bousculer le monde sorcier à cette époque. Son but était simplement d'avoir un pouvoir absolu sur tous les êtres vivants. Exécuté en Sibérie dans le courant des années 70. Peu de temps après Anton, il y a eu Dmitri Pustovoit. C'était le soit disant successeur d'Anton.

Amaryllis fit une pause pour boire de son thé avant de reprendre.

- Il a presque réussi. Meilleur orateur que son prédécesseur, même les aurors de cette époque avaient adhéré à ses plans machiavéliques. C'est sa soeur, Ira, qui mis fin à son règne de terreur en le tuant de la façon la plus moldue qui soit : avec une arme à feu. Il y a d'autres noms, plus anciens... Mais cela prendrait trop de temps de tous les citer. D'ailleurs, je pense que nous nous éloignons de notre sujet initial non ?

Elle offrit un sourire de contentement à miss Greengrass, pour lui signaler que c'était à elle de remettre l'interview sur le bon chemin, pas au juge.

- Absolument pas. Si je suis là aujourd'hui, c'est pour étudier le reste du monde, dans vôtre cas la Russie, pour le comparer à l'Angleterre, et ce sur quelque niveaux que ce soit.

Amaryllis leva les yeux au ciel une énième fois. Elle n'était pas historienne, elle était juge. Si la journaliste tenait tellement à avoir des informations sur l'histoire de la Russie, elle n'avait qu'à aller à la bibliothèque ou s'adresser à un professeur d'histoire. La brune était d'accord pour répondre à des questions en rapport avec son court séjour en Russie, pas pour parler de l'histoire du pays.

- En bref, ce que vous me faites comprendre, c'est que vous êtes trop fainéante pour faire vos propres recherches sur la Russie ? Plutôt pathétique, énonça-t-elle de manière froide.

Comme si sa remarque avait piqué la journaliste, cette dernière lui posa une nouvelle question, cette fois en lien avec le contexte de l'interview - un miracle d'après la Parkinson.

- Ceci-dit, je vais tout de même revenir légèrement en arrière pour ma prochaine question tout en gardant à l'esprit ce que vous venez de me dire. Si l'on se replace par rapport à cette seconde guerre, y avait-il dans le monde des sorciers russe des événements qui auraient pu avoir le moindre lien avec ce qu'il se passait en Angleterre ?

La sorcière se plongea à nouveau dans ses pensées. Elle n'avait pas beaucoup été du côté de Moscou, trop populaire et trop vivant, trop de poids morts en d'autres termes. Mais elle s'était tout de même tenue informée de l'actualité de la capitale.

- Hum non, il n'y a pas vraiment eu d'événements marquant. Ce que j'ai trouvé néanmoins fascinant, c'est à quel point le monde moldu russe façonne le monde sorcier et vice versa. Peu de temps après la seconde guerre, il y a eu une très grande crise financière chez les moldus. Mais l'origine est sorcière. Je ne pense pas me tromper en spéculant que quelques grands noms sorciers avaient misés un peu trop sur Voldemort. Malheureusement, je ne pourrais pas vous en dire plus puisque le temps que j'avais à vous accorder est à présent écoulé.

Se relevant gracieusement, la brune fit comprendre à son interlocutrice que cet échange était terminé. Non seulement il s'est révélé terriblement ennuyant mais inutile de surcroît. Elle se dirigea vers la porte et l'ouvrit.

- Miss Greengrass, j'espère que mes informations pourront vous apporter quoique ce soit. J'imagine que je n'ai pas besoin de vous raccompagner plus loin n'est-ce pas ? Au plaisir.

Elle avait mis un terme à l'entretien comme ça, en un claquement de doigt. Elle adressa un sourire absolument et indubitablement hypocrite à Héra. Quelle perte de temps inouïe.