Drago Malefoy était le petit Prince de sa maison. Véritable sang-pur aux idées conservatrices, le blondinet connaissait son rôle sur le bout de la baguette, et il l'appliquait comme un maître depuis son arrivée à Poudlard, l'an dernier. Harry Potter avait quelque peu déjoué ses plans en lui volant la vedette, mais il parvenait à maintenir un certain équilibre, tenant à sa cour de suiveurs comme à l'unique déclencheur de l'intérêt d'un paternel strict et avare d'affection. Son nom aidait grandement à se faire respecter auprès d'un bon nombre d'élèves issus de sa maison, mais il les considérait bien peu en réalité. Rares étaient ceux qui gagnaient son amitié. Bien que peu réalisaient l'exploit de briser sa carapace vaniteuse, derrière le masque du tyran capricieux se cachait un petit garçon qui aimait s'amuser. Gemma Landre en savait quelque chose...
Elle était dans la même promotion, dans la même maison, et même si leurs idées différaient, il y avait un lien indéniable entre ces deux-là. Parfois, par son aplomb, sa sincérité et son soutien sans faille, elle avait le culot de le pousser dans ses retranchements et il ne coupait pas les ponts pour autant, ni ne la rabaissait comme il l'aurait fait avec l'un de ses sous-fifres. Jusque là, rien n'avait suffi à briser leur proximité. C'était quelque chose de spécial qui, sans l'admettre à voix haute, lui était précieux.
Ce jour-là, les deux gamins étaient revenus d'une escapade dans la forêt interdite. Drago, fort peureux, avait protesté dès le départ, d'autant plus que c'était la nuit, mais la brune, trop vaillante et aventurière, avait bien mené son combat pour embrigader le blond dans son projet. Pour lui, c'était du suicide. La forêt était interdite pour une bonne raison, et ça voulait dire éviter McGo-la-vieille-peau pour ne pas se faire prendre. Finalement, à mi-chemin ils s'étaient chamaillés dans la boue, comme des enfants de leur âge, parmi les veracrasses mous et autres bestioles peu ragoutantes. Une fois de retour, ils étaient sales... Non, Drago ne paraissait pas très digne de porter son nom en cet instant, si son père le voyait... Mais pour dire vrai les deux n'en avaient cure. Ils s'étaient bien amusés. Pourtant, il ne put s'empêcher de pester une dernière fois en époussetant sa robe, pour le principe sûrement.
- T'es pas possible Landre, regarde ce que t'as fait.
Fallait espérer que personne ne débarque dans la salle commune. A tous les coups s'ils tentaient de se refaire une beauté dans les toilettes du château, ils allaient tomber sur Rusard...