Lorsqu'elle travaillait, la jeune femme abandonnait tous ses propres principes ou opinions. Elle cherchait à trouver la vérité – en acceptant qu'il n'en existait qu'une seule – dans la neutralité. Tous ses articles ne tendaient que vers cela, parvenir à reconstituer convenablement l'histoire. Une occasion unique s'était offerte à elle et elle n'avait pu s'y refuser. Harry Potter l'avait lui-même contacté et son patron l'aurait probablement renvoyé si elle avait refusé de l'interroger. C'était l'occasion de retrouver ses grâces comme ses articles ne rencontraient pas un grand succès.

Ces derniers temps elle se laissait aller, portée par les entrevues qu'elle ne maîtrisait plus. C'était depuis celle qu'elle avait eu avec l'héritier Malefoy. Elle retint un sourire. Regrettait-elle vraiment ? Non. Ce n'est pas pour cela qu'elle n'aurait pas dû mieux la contrôler, peut-importe ce qui en avait découlé de bien. Elle devait redevenir plus professionnelle. Ainsi, elle s'était remise à studieusement faire des recherches pour tout préparer. Qu'avait-elle trouvé à part quelques coupures de presse qui ne faisaient que le glorifier ? Des anecdotes stupides sur sa vie ? Pas grand chose, il fallait l'avouer. Elle avait alors décidé de s'inspirer de ses seules connaissances pour établir une petite dizaine de questions, ce qui était bien suffisant pour un premier rendez-vous.

Elle l'attendait donc dans un bureau fermé pour que personne ne puisse les déranger. Pendant ce temps elle classait quelques dossier et avait la tête plongée dans son travail. Elle ne la releva que lorsqu'on toqua à la porte. Une de ses collègues l'ouvrit et fit entrer son invité. Héra la remercia d'un sourire en saluant le grand Harry Potter.

"- Bonjour ! Installez-vous et nous pourrons commencer.

Elle lui indiqua la chaise qui se trouvait devant elle, de l'autre côte du bureau. L'observant s’asseoir, elle marqua une courte pause.

- Je suis donc Héra Greengrass, journaliste historique à la Gazette du Sorcier. Si cela vous convient, je vais vous poser quelques questions. Notre interview sera porté sur l'Ordre et quelques de ses aspects. Pour parler théorique, quelle hiérarchie y était établie ? Ce n'était probablement pas l'anarchie, il fallait bien que certains prennent des décisions et que d'autres exécutent. "

Une pensée lui vint alors, murmurant que c'était ridicule de demander quelque chose que l'on savait déjà. Elle la fit immédiatement taire, décidant qu'elle ne savait rien.

Et l'Ordre ?

Harry se rapprocha tout en lui répondant. On aurait dit qu'il craignait qu'on les entende alors qu'ils étaient dans un bureau fermé et ne s'échangeaient aucune information qu'il faille tenir secrète.

" - Excusez-moi, mais il y a bien longtemps que l’Ordre du Phénix – si c’est bien de cet Ordre que vous mentionnez -, n’a plus eu de raison d’exister. 

Héra fronça les sourcils.

- Effectivement, et le fait qu'il est été dissout est connu de tous. Mon métier ne consiste de toutes manières pas à essayer de l'étudier dans le présent mais au contraire à tenter de comprendre son fonctionnement dans le passé.

Cela ne sembla pas vraiment convaincre l'auror qui paraissait bouleversé. Cette discussion lui était difficile ce qui était étrange si on considérait le nombre important d'interviews qu'il avait déjà donnés. Il aurait dû être rodé et savoir se détacher de ses sentiments pour pouvoir répondre avec tout le recul nécessaire mais il en était visiblement incapable.

- Je suis désolé, mais tant de personnes sont mortes au sein même de cet Ordre.

De l'Ordre, hors de l'Ordre, bons, mauvais, coupables ou innocents, tant de personnes étaient mortes partout. Tout le monde avait été touché et pas lui plus qu'un autre. La sorcière ne pouvait pour autant ignorer sa douleur. Elle aurait été prête à se radoucir si elle n'avait pas été dans son rôle de professionnelle.

-  Cependant, je peux comprendre que des journalistes veulent continuellement avoir des informations à ce sujet, mais il m’est impossible d’en parler. 

Voilà qui était plus embêtant. Toutes ses questions étaient préparée sur ce seul sujet et elle ne pouvait en inventer des pertinentes dans la précipitation. À son plus grand soulagement le jeune homme finit par reprendre la parlole.

- Écoutez, Madame Greengrass, j’ai conscience que vous faites ce travail dans le but de connaître la vérité. Je pourrais sans doute vous donner quelques informations. Mais il faut que vous compreniez une chose : je n’ai pas pour habitude d’en parler, pas même à mon entourage. L’Ordre du Phénix a été créée par Albus Dumbledore dans le but de vaincre Lord Voldemort et ses partisans. Et comme vous venez de le souligner, l’Ordre comptait énormément de sorciers et sorcières. Beaucoup d’entre eux n’en font plus partis ou son morts durant les deux guerres qui opposa l’Ordre et Voldemort.

Il ne lui confiait là rien de particulièrement intéressant. N'importe qui aurait pu lui faire cet exposé. Inspirant, elle tenta calmement de le lui expliquer en cherchant à ne pas paraître impolie.

- Ecoutez, cela touche peut-être une part de votre histoire qui vous est difficilement acceptable, mais vos ressentis ne sont pas obligés de rentrer en ligne de compte. Il n'est là question que de théorie. Cela ne vous impactera donc pas.

Son regard se perdit dans la danse de sa plume à papote.

- Dites vous que cela peut aider mes lecteurs de comprendre. Nous reconstituons l'histoire ce qui leur permet d'éclairer une période obscure et incertaine.

Considérant qu'elle lui avait apporté suffisamment d'arguments et qu'il ne pourrait refuser de lui répondre en restant sur ce plan hypothétique, elle reposa la même question que celle qu'elle venait de formuler. Elle voulait ses réponses.

- Quelle hiérarchie y était donc instaurée ? Vous n'êtes même pas obligé de me donner des noms si les évoquer vous fait trop de mal. "

Elle y mettait du sien et espérait bien que lui aussi ferait un effort.