Les yeux fermés, la tête rejetée en arrière, Rosalind goûtait à la douce et chaude quiétude de cet après-midi de printemps. Le jardin d'hiver d'Hélianthe était un des endroits qu'elle préférait au monde. Sa grand-mère y cultivait de nombreuses plantes rares, exotiques pour la plupart. On y trouvait des spécimens magiques de toutes sortes, mais aussi des jardinières où s'épanouissaient des fleurs communes, mais dont la beauté n'en était que plus touchante. Cette pièce était un lieu de travail, de repos, de contemplation... Un lieu de vie telle qu'Hélianthe la concevait: vibrante, exigeante, harmonieuse.
Après le déjeuner, sa grand-mère s'était retirée dans sa chambre pour s'y reposer une heure ou deux et Rosalind avait gagné la véranda. Le soleil donnait en plein sur la coupole de verre et il y faisait chaud, presque trop pour un mois de Mai. Paresseusement, la jeune femme avait pris place dans un fauteuil en osier, laissant son livre posé sur une des tables garnies de Pipaillons en pots. Elle avait longuement observé les tressaillements des ailes végétales, s'imprégnant des odeurs lourdes et riches de la serre. Ses pensées la ramenaient aux jours de son enfance. Elle se revit, petite fille, fourrée dans les jambes de sa grand-mère qui lui racontait d'une voix tendre les histoires diverses des plantes qui prospéraient dans ce jardin couvert. Elle revit Sullivan, assis dans un fauteuil, poussant des pièces d'échecs sur le plateau de bois qu'il avait reçu pour son onzième anniversaire. Et si elle tournait un peu la tête... Oui, elle revoyait Casper au piano, dans le salon, juste à côté. Petit garçon qui faisait voltiger ses doigts sur le clavier, inventant des mélodies étranges mais dont la pureté l'avait souvent clouée sur place, sans qu'elle puisse comprendre pourquoi.
"Dessus l'arbre, l'oiseau vole et s'envole, voilà le printemps..."*, essaya-t-elle de fredonner, doucement. Mais elle avait oublié le reste des paroles qu'ils avaient inventées, et les notes n'étaient pas les bonnes. Elle ramena ses bras autour d'elle, comme pour s'étreindre, ferma de nouveau les yeux et soupira. Casper ne voulait pas la revoir, lui avait-elle écrit Hélianthe. Du moins pas dans l'immédiat. "Il te faudra être patiente", avait déclaré la matriarche quand elle était revenue, consolante.
Dans son fauteuil, Rosalind se redressa, attentive à cette bouffée de nostalgie qui gonflait sa poitrine. Cette émotion qu'elle avait si longtemps traquée, combattue, chassée, elle voulait lui faire de la place en elle désormais. D'une voix tremblante, mais appliquée, elle reprit: "Bonjour l'arbre, mon bel arbre, je reviens..."*
*:
Paroles de la chanson "Au bois de Saint-Amand", de Barabara
Dernière édition par Rosalind Fawley le Lun 22 Oct 2018 - 17:15, édité 1 fois
Invité
Invité
Job x Education ...
Liens x rpg ...
Infos joueur ...
☰Inventaire
» Jeu 11 Oct 2018 - 18:29
Jamais, non jamais, Casper ne s’y serait trompé. Même si elle était revenu dans dix, vingt ou cent ans, il l’aurait reconnu. Rien, pas même son esprit chaotique ni l’inexorable avancée du temps, n’aurait effacé Rosalind de ses souvenirs. Il savait que c’était elle à l’instant où il avait aperçu les flammes de sa chevelure. Sans s’approcher, il se figurait son visage de porcelaine, ses yeux qui avaient toujours été plein de douceur à son égard, son sourire malicieux…Du moins, c’est ainsi qu’il se remémorait la jeune fille qu’il connaissait jadis. Mais les années s’étaient écoulées, les fleurs fragiles qu’ils étaient avaient fané à l’ombre de la guerre. Bien qu’ils n’aient plus correspondu depuis huit ans bientôt, Casper ne doutait pas un instant que sa cousine portait elle aussi les stigmates des temps obscurs. Que dirait elle si elle voyait les siennes ? Ses ongles virent s’enfoncer dans la peau de son poignet, là où sous le tissu d’une chemise usée, s’étendait la Marque Des Ténèbres. Indélébile symbole de ses erreurs, de ses horreurs. Plusieurs fois, leur grand-mère Hélianthe avait insisté pour que les deux amis d’enfance se retrouvent, maintenant que l’oiseau de feu était revenu dans son nid, mais Casper avait jusque-là refusé. S’il avait su que Rosalind était là, il ne se serait pas aventuré dans les jardins. L’unique raison de sa présence en ces lieux était sa grand-mère dont il était venu prendre des nouvelles. Il ne se sentait pas prêt à adresser la parole à sa cousine. Des sentiments contraires, et violents, étreignaient son coeur. De la colère, tout d’abord. Elle l’avait abandonné, du moins c’est ainsi qu’il avait vécu son départ pour l’Europe. Sans un regard en arrière, elle s’était détournée de lui, exactement comme l’avait fait son grand-frère, et leur père…Cette pensée lui fit serrer les poings si fort que les jointures de ses doigts en devinrent blanches. Depuis toujours, Rosalind était la personne qu’il aimait le plus au monde. Si les mariages entre cousins étaient fréquents au sein des familles de sang-purs, ce n’était pas une affection de cet ordre là qu’il approuvait envers elle. Ni comme une promise, ni comme une soeur, il l’aimait tout simplement, d’un amour sans inclusion ni aucune faille, inconditionnel en tout point. Mais des sentiments aussi absolus souffraient terriblement d’une trahison, et si Casper ne doutait aucunement du lien qui les unissait, il n’était guère certain de pouvoir lui pardonner un jour. Pourtant, plus que la rancoeur, c’est la honte qui l’empêchait véritablement d’avancer. Du petit garçon qu’elle avait côtoyé, il ne restait que cendre et poussière. C’est à peine s’il se reconnaissait à chaque fois que son regard croisait celui de son reflet, alors elle ? Il était incapable de se présenter devant sa tendre cousine, après tout les crimes qu’il avait commit. La guerre l’avait changé, au plus profond de son âme et de sa chair et il doutait qu’elle apprécie l’homme qu’il était devenu. S’apprêtant à quitter la demeure, la voix de Rosalind le stoppa net dans son élan. Un frisson le parcouru. Craignant d’être repéré, il constata bien vite qu’elle ne s’adressait pas à lui directement. "-Dessus l'arbre, l'oiseau vole et s'envole, voilà le printemps..." Hésitante était sa voix. Fausse étaient les notes. Elles dessinèrent un léger sourire sur le pâle visage de Casper. Bonjour l'arbre, mon bel arbre, je reviens..." Il ne pouvait partir. Il en était incapable. D’un point de vue purement physique, il aurait pu sortir de la pièce et disparaître de nouveau dans les ombres des rues, là où il vivait sa vie d’errements. Mais quelque chose l’en empêchait. C’est avec résignation qu’il songea qu’encore aujourd’hui, Rosalind avait un étrange pouvoir sur lui. Il aurait beau essayer de la fuir, il finirait toujours par revenir à elle. "-Je reviens, j'ai le coeur content. Sous tes branches qui se penchent. Je retrouve mes rêves d'enfant." La voix de Casper avait traversé l’atmosphère légère de la terrasse et y avait jeté un silence quasi-religieux. Sans quitter l’embrasure de la porte, comme pour fuir au moindre mouvement brusque, il prit la parole. "-Tu as toujours été meilleure écrivaine que chanteuse, cousine." Sa voix n’exprimait rien. Pas un mot plus haut que l’autre. Impossible de connaître l’étendu du chaos qui régnait dans son esprit. Son regard était rivé sur le sol, son visage enfoui sous sa masse de cheveux tentaculaire. Comme si elle était le soleil, il était incapable de la regarder sans se bruler les yeux.
Invité
Invité
Job x Education ...
Liens x rpg ...
Infos joueur ...
☰Inventaire
» Lun 22 Oct 2018 - 17:50
LE TEMPS PERDU
Casper Fawley
- Je reviens, j'ai le coeur content. Sous tes branches qui se penchent. Je retrouve mes rêves d'enfant.
Rosalind crut un instant à un mirage. Elle ne reconnut pas de suite la voix qui venait juste de s'ajouter à la sienne, rapportant les mots perdus du couplet dont elle avait oublié la fin.
Et puis elle sut, comme une évidence. Comme la pièce d'un puzzle qui retrouve enfin sa place. Casper. La jeune femme ne se retourna pas de suite, retenant son souffle. Les fleurs nouvelles de la serre bougeaient doucement sous l'effet d'une brise légère. La poussière dansait entre les plantes, révélant sa vraie nature dans les rayons du soleil de l'après-midi.
- Tu as toujours été meilleure écrivaine que chanteuse, cousine.
- Je sais. La musique, c'était toi. Ça a toujours été toi.
Lentement, elle se leva du fauteuil en osier, et pour la première fois depuis huit années, elle posa les yeux sur son cousin. Une vision qui lui fit mal. Casper était maigre. Sa veste, élimée et sale; ses cheveux foncés recouvraient presque l'entièreté de son visage, si bien qu'elle ne pouvait distinguer ses yeux. Le plus jeune Fawley avait toujours été un peu étrange, aimant l'ombre et le secret. Mais les années et la souffrance qu'on pouvait lire dans sa posture semblaient l'avoir changé en ombre lui-même.
Avec une grande délicatesse, comme en présence d'un animal effrayé et dont on ne veut pas provoquer la fuite, la Sorcière s'avança vers Casper.
- Cas'... Regarde-moi, s'il te plaît, commença-t-elle, enveloppant tous ses mots de la tendresse qu'elle avait toujours ressentie pour son cousin.
De l'index, elle lui effleura la main.
- Je te demande pardon. Pour tout. J'aurais dû... J'aurais dû être là avec toi.
Spoiler:
Pardon de mon retard! C'est court, mais j'espère que ça te suffira pour rebondir! Si ça n'est pas le cas, n'hésite pas à me le dire par MP
Ce simple contact, pourtant porté par une infinie douceur, submergea Casper. En proie à deux vagues d'émotions complètement aux antipodes, l'une lui commandant de la repousser avec toute la violence de sa rancoeur, l'autre de la serrer dans ses bras de toutes ses forces, quelques secondes lui furent nécessaires avant de réagir. Comme paralysé, il gardait les yeux rivés sur le sol, la demande de Rosalind atteignant à peine ses oreilles, comme étouffé par le bruit de ses pensées.
- Je te demande pardon. Pour tout. J'aurais dû... J'aurais dû être là avec toi.
Ses muscles se crispèrent sous le coup de la colère. Oui. Oui, elle aurait dû être là. Les souvenirs affluèrent, brûlant sa peau qui perdait de ses couleurs alors que la voix du passé résonnait en lui. Son procès avait duré des heures et pendant tout ce temps, indifférent aux accusations qui lui étaient portés, il n'avait cessé de chercher Rosalind dans la foule. Sa grand-mère, dernier pilier de cette maudite famille encore debout, lui avait témoigné son soutient inconditionnel, mais ce n'était pas le sien dont il avait besoin. Il avait pleuré durant le procès, c'était une des rares choses dont il se souvenait. Son avocat avait même insisté dessus, arguant qu'il n'était un enfant manipulé et qu'il regrettait toutes les horreurs qu'il avait commis. C'était faux. A ce moment-là de sa vie, Casper se fichait complètement des innocents qu'il avait tué et torturé. Il pleurait parce qu'il était seul. Parce que ceux qu'il aimait l'avait abandonné. Sa mère, il y a des années. Son père. Son frère. Et maintenant, Rosalind. Il pleurait tellement que l'audience avait été temporairement interrompu car il était incapable de répondre aux questions. Sa dignité, pour peu qu'il en ait jamais eu une, jetée aux oubliettes, il avait sangloté comme un enfant, appelant entre deux larmes le nom de sa cousine qui n'était jamais venu. L'objet de toutes ses larmes, et de toute son affection, était maintenant sous ses yeux, mais il ne pleurait pas. A vrai dire, le vide total d'expression de son visage en était même inquiétant. Répondant enfin à la sollicitation de Rosalind, il releva la tête vers elle. Leurs regards se rencontrèrent. Celui de Casper était incandescent de douleur. Ses doigts se crispèrent autours de ceux de Rosalind sans qu'il ne s'en rende compte.
-Tu aurais dû.
Plus tard, il y réfléchirait. Il comprendrait que Rosalind avait souffert de la Guerre autant que lui, et qu'elle n'avait fait que se protéger en s'éloignant de ceux qui lui rappelaient son passé. Plus tard, il la comprendrait. Et un jour, il lui pardonnerait. Pour l'heure, il était incapable.
-Tu m'as abandonné. Dit il d'une voix rauque.-Vous m'avez tous abandonné. Toi, Sullivan...
Le dernier mot ne vint pas, mais Rosalind pouvait l'entendre flotter dans le silence. Malgré tout ce qu'il lui avait fait, le souvenir Hector rongeait toujours Casper qui ne parvenait que très difficilement à le haïr. Les années de conditionnement ne s'effaçaient pas aussi simplement...Son père était peut-être un criminel psychopathe, mais son fils avait terriblement souffert de son départ.
-...J'avais besoin de toi. Plus que toi tu avais besoin de moi visiblement. articula-t-il difficilement. Sa voix était amère, sèche, brisée.
Pas une seule fois, il n'avait lâché la main de Rosalind.
HRP:
Je suis tellement désolé pour le retard Désolé, c'est pas extra mais je me remet dans le bain !
Invité
Invité
Job x Education ...
Liens x rpg ...
Infos joueur ...
☰Inventaire
» Lun 24 Déc 2018 - 20:15
LE TEMPS PERDU
Casper Fawley
Quand Casper leva enfin la tête, fichant son regard dans celui de Rosalind, cette dernière usa de toute sa volonté pour ne pas détourner les yeux. Ceux de son cousin exprimaient une telle douleur, une telle colère, qu'il lui sembla que ce n'était pas deux prunelles qui la fixaient ainsi, mais deux plaies à vif. L'apparence négligée de Casper lui avait serré le cœur... Ce n'était rien comparé à ce regard d'animal blessé. Elle déglutit et ne fit rien pour dégager sa main de la douloureuse étreinte de son cousin.
- Tu aurais dû.
La voix rauque de Casper avait posé ces mots dans le jardin d'hiver. Une sentence. Quelque chose de définitif et que Rosalind savait vrai.
- Tu m'as abandonné. Vous m'avez tous abandonné. Toi, Sullivan...
Sullivan... était loin. Depuis longtemps. Et comme elle, il avait laissé derrière lui le plus jeune de la meute. Une meute ? Oui, sans doute. Un sens de la famille, l'instinct des liens invisibles et profonds qui courraient entre les Fawley et que, malgré son asociabilité notable, Casper, au fond, comprenait mieux que quiconque.
- J'avais besoin de toi. Plus que toi tu avais besoin de moi visiblement.
Sous l'impact de ces mots, la jeune femme ferma les yeux. La peine déchirante de Casper faisait écho à la sienne, un chagrin enfoui et brumeux qui avait, quelques années auparavant, logé dans son corps et sa tête comme un parasite envahissant. Le souvenir de cette misérable année à Beauxbâtons lui revint brutalement en mémoire. Elle repoussa le sanglot qui montait dans sa gorge, le renvoyant dans les abysses desquelles il avait surgi. Elle aussi serra ses doigts autour de la main de son cousin, s'accrochant à ses phalanges. Elle ouvrit la bouche pour dire que ça n'était pas vrai. Qu'elle aussi avait eu besoin de lui, des siens, et que personne n'était plus là. Et qu'elle n'avait pas choisi, pas vraiment. Mais elle ne parvînt pas à émettre le moindre son.
Elle se sentit sombrer. Ce n'était plus possible de réparer. Il y avait des choses qui ne pouvaient pas guérir. Et le temps perdu, perdu... l'était pour de bon. Elle rouvrit les yeux et tourna le visage vers le fauteuil qu'elle avait quitté quelques instants plus tôt. La lumière chaude. Les plantes qui se balançaient doucement. Cet après-midi de printemps qui égrainait ses secondes avec une parfaite indifférence pour les tracas des vivants.
Elle ouvrit grand les yeux pour que les larmes qui y naissaient sèchent au plus vite et ne débordent pas. Elle ne voulait pas pleurer. Cela lui aurait paru indécent devant le regard ravagé de Casper.
- J'aimerais refaire le temps. Et dans ce temps nouveau, ne jamais t'y faire de mal, finit-elle par murmurer, tant pour Casper que pour elle. Que personne ne t'y fasse jamais le moindre mal. Mais je n'ai que ce temps là, constata-t-elle avec une voix enrouée par l'émotion, et je... je ne sais pas comment faire pour réparer...
Il savait qu'elle retenait ses larmes devant lui. Il n'en attendait pas moins de sa part. Héritière de Sang-Pur qu'elle était, comment aurait il pu en être autrement ? Depuis toujours, Rosalind était douée pour camoufler ses sentiments, dissimuler ses pensées et tordre ses émotions pour ne montrer d'elle que ce qu'elle voulait. Malgré cela, Casper avait toujours eu un véritable instinct la concernant. Les mots étaient inutiles entre eux. Même s'il n'avait pas la subtilité de comprendre tout ce que son coeur pouvait abriter, même enfant, il avait toujours su quand elle avait besoin de lui. Il pouvait ressentir sa peine en là où d'autre voyait un sourire. Ses larmes quand elles étaient invisibles. C'est pourquoi l'espace d'un instant, il faillit se mettre à pleurer aussi. Il se sentait nauséeux, dégouté, malade. Les doigts de Rosalind avaient un contact doux et chaud, mais il avait l'impression qu'il le consumait de l'intérieur. Il la lâcha brutalement et s'éloigna de quelques pas, s'enfonçant dans le jardin d'hiver. Enfant, il adorait cet endroit. Il se souvenait de toutes les cachettes qu'il privilégiait pendant leurs jeux innocents. Là bas, derrière le bosquet. Sous ce lierre luxuriant, à l'abris des pierres anciennes d'un muret sculpté. Il aurait voulu s'y réfugier et ne plus jamais en sortir, pour lutter contre cette vague qui le submergeait. Il se sentait couler dans des eaux troubles qui n'existaient que pour lui. Il manquait d'air, il étouffait... Un bruit de verre brisé le ramena à la réalité. Le service à thé était en morceaux, une chaise renversée...Il lui fallut un instant pour reprendre ses esprits, et cette douleur aiguë pour qu'il comprenne que c'était lui, dans un instant d'égarement, qui avait fait ça. Il leva les yeux sur sa paume endolorie. Ce n'est qu'en voyant un mince filet de sang qu'il pu à nouveau respirer. "-...Que veux tu réparer Rosalind ?" murmura-t-il en fixant ses mains blanches tâchées d'écarlate. "Il n'y a plus rien à sauver." La douleur causée par sa blessure n'était rien comparée à celle qu'il éprouvait en prononçant ces mots. En vérité, le jeune homme aimait la douleur physique. Elle était fulgurante, réelle. Elle le faisait se sentir vivant. Pas comme la culpabilité et l'angoisse, qui le rongeaient lentement de l'intérieur. "- Je voulais juste voir ton visage. Je voulais juste que tu m'aides. Il n'y avait que toi pour les éloigner." Il avait envie d'enfoncer les ongles dans sa chairs meurtrie et d'ouvrir sa blessure jusqu'à-ce-qu'elle soit une fente béante, une bouche d'ombre. La présence de sa cousine le retenait à peine de se faire plus du mal. "-Je n'arrêtais pas de les entendre. Tout le temps. C'était insupportable. Elles ne partaient jamais. Et ils me donnaient des calmants, des potions, qui m'endormaient. Parce que je n'arrêtait pas de hurler. Pour ne plus les entendre." Son corps tout entiers s'était mit à trembler de façon compulsive alors qu'il parlait. Les souvenirs de Sainte-Mangouste étaient toujours aussi vivaces. Ses yeux restaient grand ouvert, dans une expression hallucinée, car il avait peur de les fermer. Une fois qu'il les ré-ouvrirais, peut-être que Rosalind serait partie. Et qu'il se réveillerait dans cette chambre aux murs froids et immaculés, sanglé à son lit. "-Elles sont toujours là, tu sais ? Même quand je suis dans le silence et que je ferme les yeux, je sais qu'elles sont là. Elles ont toujours été là. Mais avant, ce n'était que des murmures. "Continua-t-il d'une voix qui avait perdu de toute sa substance. "-Et je savais qu'avec toi, je pouvais les affronter. Tout était plus facile avec toi." Il avait envie de se mordre la langue. De s'étrangler même, pour ne plus parler. Pourquoi disait il ça à Rosalind ? Pourquoi lui infligeait il le poids de ses souffrances ? Pourtant, il était incapable de s'arrêter. "-Mais après la Guerre..."Sa voix n'était plus qu'un souffle rauque. "- Elles ont un visage maintenant." Cette fille venue de son passé. Un des psychomage avait évoqué un trouble proche de l'hallucinose, pour Casper s' était plus que ça. Elle n'était pas simplement un symptôme. Elle était une part de lui. Accroché à son âme par les liens du sang et de la haine. Il n'était qu'une épave. Un pauvre fou. Il se haïssait et ne pouvait concevoir que Rosalind puisse encore l'aimer un seul instant. "- C'est ça que tu veux sauver Rosalind ?"
Contenu sponsorisé
Job x Education ...
Liens x rpg ...
Infos joueur ...
☰Inventaire
»
Page 1 sur 1 /
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum