Adélia n'avait jamais compris ce qui poussait les sorciers à utiliser ainsi les chouettes et hiboux pour délivrer leurs messages. Les Moldus aussi avaient exploités des volatiles, dans le temps. Mais c'était bien ça qui la dérangeait : ils l'avaient fait bien avant et étaient désormais passé à autre chose. Alors que les sorciers, malgré tout ce que permettait la magie, continuaient de se servir de ce moyen primitif de communication.
Lorsqu'elle abordait le sujet avec quelques personnes, on la prenait souvent pour une folle - bon, c'était presque toujours le cas - puisque l'utilisation les chouettes et hiboux pour se faire parvenir les lettres relevait de la tradition chez les sorciers. Mais le fait était bien là : on exploitait des animaux à ses propres fins, on passait des mois à les dresser sans tenir compte qu'ils étaient aussi vivants que les sorciers ou les Moldus.
Tout cela entrainait de nombreuses situations que la jeune femme détestait. Comme aujourd'hui où, en rentrant de son travail au Chaudron Baveur, elle se retrouvait à grimper sur un étalage sous les yeux ahuris de la propriétaire de la boutique. Malgré tout, Adélia restait quelqu'un de civilisée, elle lui en avait demandé l'autorisation. Il ne fallait pas croire tout ce que racontait certaines personnes de sa connaissance à son propos.
- Vous auriez pas quelque chose d'autre ? Je suis trop petite ! râla la brésilienne.
La vieille vendeuse se rua vers l'intérieur, sûrement en quête d'un tabouret, trop contente d'échapper à la folle dingue qui s'était mis en tête de sauver la minuscule chouette prise dans les barbelés qui culminaient son toit. Mais qu'est-ce que ces barbelés foutaient là ? Certaines personnes n'avaient pas le cerveau qui tournaient très rond.
Trouvant que la propriétaire des lieux prenaient beaucoup trop de temps à revenir, Adélia marmonna un Wingardium Leviosa et l'étagère sur laquelle elle était perchée s'anima. Un peu incertaine, elle se tint au mur tandis qu'elle renait - doucement, mais sûrement - de la hauteur.
Une fois qu'elle eut atteint le rebord du toit, elle se hissa sur les tuiles arc-en-ciel qui garnissaient le haut du bâtiment et s'assit tranquillement, les deux pieds dans le vide. Avec un soupir à fendre le coeur, elle se pencha vers la chouette empêtrée dans ce piège infernal.
- Bah mon coco, t'as vraiment pas eut de chance toi ! Mais t'inquiète pas, je vais te sortir de là.
Elle avisa rapidement la lettre accrochée à sa patte. Si le courrier de sorciers irresponsables était en retard, ce ne serait pas non plus un grand problème. Il était même en son pouvoir de brûler la cause des désagréments de l'animal. Mais il valait mieux se concentrer sur le problème principal, à savoir la chouette coincé ici. Elle se préoccuperait de la marche à suivre quant aux courriers plus tard.
Earleen adorait se promener sur le Chemin de Traverse, lorsqu’elle avait terminé son travail. Cela lui rappelait lorsqu’elle allait acheter ses fournitures, avant chaque rentrée à Poudlard. Dans ces moments là, il y avait alors une telle effervescence qu’il était parfois difficile d’avancer à une allure normale. Heureusement, les soirs en période scolaire, le Chemin de Traverse était beaucoup moins emprunté. Il était donc plus difficile de se fondre dans la foule et de ne pas attirer l’attention.
Ne pas attirer l’attention, oui. Selon la blonde, c’était déjà une tâche assez difficile pour quelqu’un d’à peu près normal. Mais lorsqu’on se trouvait juchée sur l’étal d’une boutique pour je-ne-sais quelle raison et que l’on criait des paroles embrouillées à la vendeuse, la tâche était impossible. Et c’était le cas de cette jeune femme qui se trouvait devant les yeux d’Earleen, désormais en train de grimper sur le toit du magasin à l’aide d’un tabouret volant.
L’ancienne Poufsouffle fronça les sourcils. Mais qu’est ce que cette fille était-elle en train de faire, sur ce toit ? Visiblement, les passants autour se demandaient la même chose, puisqu’ils fixaient tous la femme, certains d’un air anxieux, d’autres de façon plus réprobatrice.
— Elle va se casser la figure, lança un sorcier en faisant un pas en avant.
C’est alors qu’Earleen entendit un cri, un petit bruit tout timide, qui semblait venir du toit. Elle recula, pour mieux avoir une vision d’ensemble, ce qui n’était pas facile, en raison de la présence de tous ces badauds. Enfin, elle put distinguer ce qui se trouvait là haut, et elle échappa une exclamation. C’était une chouette, une toute petite chouette, qui semblait être coincée dans des barbelés. Et la jeune femme avait vraisemblablement dans l’idée de la délivrer de ces fils de fer.
Earleen n’aimait pas se mettre en avant, c’était certain. Mais lorsqu’elle voyait un animal dans ce genre de situation, elle n’hésitait pas, et laissait s’exprimer cet amour pour les bêtes en tout genre qu’elle avait sans doute hérité de son grand-père. Elle courut vers l’entrée de la boutique, héla l’inconnue et cria :
— Besoin d’aide ?
L'autre ne répondit pas tout de suite, probablement prise dans sa tâche, aussi Earleen escalada à son tour l'étalage. Elle ignora le regard venimeux de la vendeuse et se hissa à la hauteur des pieds de la jeune femme.
Cette pauvre chouette s'était atrocement emmêlée dans les barbelés. De l'avis d'Adélia, il était bien possible que la retirer de là lui fasse plus de mal qu'autre chose. Mais rester coincé ici ne devait pas non plus être des plus agréables, à n'en point douter. Si elle pouvait aider, il ne fallait pas qu'elle hésite.
- Comment tu t'es mis dans une situation pareille ? ronchonna-t-elle.
L'amour des animaux lui était venu dès son plus jeune âge, dans la ferme de ses parents. Mais parfois, il lui arrivait de se demander comment ces gentilles bêtes parvenaient à se faire autant de mal par elles-mêmes. Adélia militait sans relâche auprès des humains pour que cesse l'exploitation animale et leur mauvais traitements, mais parfois, ils devraient eux aussi faire des efforts. Ce n'était pas toujours très corrects ce qu'ils faisaient. Et bien sûr, après, c'était elle qui trimait pour les aider.
- Oh oh ?! Est-ce que vous avez besoin d'aide ?
En équilibre précaire sur le bord du toit, Adélia faillit tomber sous la surprise que lui causa cet appel. Elle n'avait plus fait attention au monde autour d'elle et se fut avec surprise qu'elle se tourna vers la jolie petite blonde qui la dévisageait, curieuse. Celle-ci était déjà perchée sur son étalage - enfin, celui de la vendeuse - prête à l'aider. De nos jours, il était bien rare de trouver ainsi des personnes volontaires.
- J'ai sans cesse besoin d'aide ! Pour le ménage, les courses, les Gallions…
Il s'agissait d'une situation sérieuse, d'une très grande importance. Elle n'avait pas le droit de plaisanter ainsi alors qu'une pauvre chouette souffrait ; ses hululements plaintifs en témoignaient.
- Si vous êtes habiles de vos doigts, ce serait vraiment bien. Attendez, je vais vous laisser une place… Je n'ose pas trop toucher à tout ce bardas, je crois que je risque de faire plus de mal que de bien. Il y a plus doués que moi, dans la vie. Avec vos petites mains fines, vous arriverez sûrement à un meilleur résultat.
Adélia se décala pour laisser à sa nouvelle connaissance toute la place de s'asseoir près d'elle. Elle lui tendit le bras pour l'aider à grimper, sachant à quel point cette opération était peu aisée. Cette satanée propriétaire aurait pu y penser tout de même.
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