Ivona, voyante de rues sans aucun talents particuliers dans ce domaine, venait enfin de finir d'installer sa tente pour son stand, et au moins, ça en jetais. Même si elle n'avait pas pu s'installer sur le Chemin de Traverse, ou les clients étaient plus susceptibles de s’arrêter, la diseuse d'aventure était sûre d'attirer l'attention d'au moins un ou deux passants. Les temps étaient durs, elle faisait avec ce qu'elle pouvait.

La tente était d'un tissu violet, mystérieux, et son enseigne indiquait : Ivona Vablatsky, grande voyante venue de Russie pour vous dire ce que l'avenir vous réserve ! - 8 gallions la séance et ce, en lettres énormes dans une couleur criarde qui piquait le regard.

C'était ... à demi vrai. Bien - sûr, elle n'avait aucun don pour lire l'avenir, mais bon ; y avait - il un seul véritable voyant dans les alentours pour s'en rendre compte ? Non. Ivona, cependant, venait belle et bien de Russie. La femme à la chevelure blonde était anglo-russe, née sur le territoire anglais, mais qui avait grandis là-bas, avec son père, et avait fait ses études à Koldovstoretz, l'école de magie russe. Puis son père était mort, et elle était rentrée en Angleterre il y a bien une vingtaine d'années, enchaînant les boulots louches ou arnaquant les passants pour survivre. Avant, elle bernait les moldus en tant que magicienne de rue, mais le Ministère l'avait attrapé pour ça. On ne pouvait pas finir à Askaban pour ça, mais la sentence était comme même lourde ... Elle s'était donc remis au stand de voyance sur le Chemin de Traverse, mais bon, les emplacements n'étaient pas donnés. La diseuse bonne aventure avait squatté, et avait fini par se faire coincer ... Cette fois, elle l'avait échappé belle. Et elle était tombée sur des membres de la brigade de police magique indulgents.

Désormais, elle se remettait donc à un quartier beaucoup plus louche, l'Allée des Embrumes. Il y avait beaucoup moins de chance pour elle qu'ils passent par là. Elle hélait les passants, certaines se retournant parfois, et, si elle était chanceuse, tentaient même, pour rigoler, de deviner leur futur. Justement, un badaud, la trentaine, passait devant elle, un air décidé sur son visage.

- Et, mon garçon ! l'apela - t'elle. Tu veux lire ton avenir grâce à mes talents ? Je suis une grande voyante, probablement la plus douée de ma génération ! Alors, tenté ?

Ivona guida le jeune homme dans sa tente, un sourire carnassier sur les lèvres. Puis elle commença à débiter son discours, destiné à l'appâter.

- Saviez vous que je suis la descendante de la célèbre voyante Cassandra Vablatsky, l'auteur de Lever le voile du futur ? Grâce à mon sang, je suis en possession d'un don de voyance d'une puissance aujourd'hui inégalée.

Elle se déplaçait dans sa boutique de manière éthérée, ses voiles violets, bleus et roses se mouvant de manière lente et gracile autour d'elle. Ses bijoux et colliers clinquants tintaient entre les différentes couches de tissus qui l'enveloppaient comme un châle. Ivona s'assit à la table qui se tenait devant elle, observant le jeune homme devant elle d'un air qui se voulait mystérieux. Sur ladite table, se trouvait un jeu de cartes que la russe avait appris à manier comme personne, des simples tours de passe - passe à de vrais sortilèges autour de ce jeu ; un autre jeu de tarot, une boule de cristal et un livre écrit dans un sombre langage runique sur les arcanes obscures de la voyance. Le livre était un faux, bien sûr ; il suffisait de savoir lire les runes pour comprendre que tout cela ne voulait rien dire ; quand à la boule de cristal, elle l'avait eu pour quelques noises et son socle était de plastique.

- Le paiement s'effectue avant la séance, dit la quadragénaire. Pour la modique somme de huit galions, je pourrais vous dire ce que réserve votre avenir ...

Elle promena ses doigts fins et bagués de nombreux anneaux de toutes formes sur la surface lisse de la boule de cristal, cherchant à travers les méandres de son ignorance de quoi nourrir le futur du jeune naïf. De l'amour, de l'argent ou de la réussite sociale, c'était ce qui intéressait le plus les gens, enfermés dans leurs quotidiens minables sans même en avoir conscience.