Alter ego(s) : Evan Jones - Gemma Landre - Mary Serero
Médailles :
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» Dim 19 Aoû 2018 - 14:39
Noirceur d'inconnu
Perdue dans ses rêves
Un obscure couloir qui semblait interminable s'étendait devant Héra. Vide, il offrait la voix à d'infinies possibilités plus troubles les unes que les autres. L'atmosphère lugubre qui planait autour d'elle n'était pas pour la rassurer ni lui inspirer la moindre confiance. Elle aurait voulu s'en échapper, mais quand elle se retourna pour trouver une issue, elle n'en perçut aucune. Seulement de la noirceur, encore et encore. L'espace était si sombre qu'elle ne pouvait y déceler ni sols, ni murs, ni plafonds. Ce serait probablement sans débouché, et elle craignait de s'y aventurer. Si elle voulait s'évader elle était contrainte d'avancer. Cette idée ne lui plaisait pourtant pas plus que celle de reculer … Mais elle ne pouvait rester statique. Le lieu mystérieux dans lequel elle se trouvait la mettait profondément mal à l'aise. Sans parvenir à l'effrayer, il la gênait à un point où ça en devenait dérangeant, éveillant en elle tout ce qu'elle s'appliquait à taire. De comment elle y était arrivé jusqu'à lui à ce qu'il était, elle ne savait rien mais tenterait de le découvrir.
Prenant une inspiration excessive pour se donner un semblant de courage, elle avança jusqu'à la première des innombrables portes qui s'offraient à elle pour l'ouvrir sans une once d'hésitation. Elle avait évoluét avec lenteur, le plus précautionneusement possible pour ne faire aucun bruit. Que savait-elle des habitants de cette étrange demeures - en imaginant qu'elle n'était pas abandonnée ? Si elle ne considérait pas toutes les possibilités, elle risquait de se précipiter vers le premier danger venu. La brusquerie soudaine dont elle avait fait preuve ne lui avait été utile qu'à ne pas abandonner.
Elle dévoila ce qu'elle dissimulait en un grincement sinistre. Une faible lueur émanait de l'intérieur. La sorcière, prudente, entra à pas feutrés. Ce qu'elle découvrit ne fit qu’accroître son malaise. Le parquet de bois vieillissant était marqué par le temps tandis qu'on avait partiellement arraché le papier peint enfantin qui avait un jour paré la pièce. De fins lambeaux rattachés encore à ses fondements pendaient mollement sous les violentes griffures qu'on leur avait infligées. Pour tout ameublement, de nombreux cartons à peine condamnés peuplaient l'ancienne chambre.
Héra ne connaissait que trop bien celle-ci. Même si elle avait alors été en bien meilleure état, il s'agissait de celle qu'elle avait occupée toute son enfance. Elle pouvait encore distinguer une trace de peinture qu'elle avait accidentellement apposé sur le cadran de la fenêtre. Celle-ci avait autrefois donné sur un paysage resplendissant, mais elle était désormais scellée par de nombreuses planches. Le dehors qui avait un jour été source de réconfort était dissimulé par les volets consciencieusement clos. Ils ne laissaient rien transparaître d'autre qu'encore les ténèbres.
Pour une raison qui lui échappait, la manière dont on avait réaménagé l'espace n'étonna pas la Greengrass. Cela lui semblait en réalité tout naturel, et elle ne se posa aucune question. Tout son intérêt était accaparé par les contenants et ce qu'ils pouvaient bien renfermer. Saisissant le bougeoir qui l'éclairait avec difficulté et sur une surface que trop réduite, elle l'approcha du plus proche d'entre eux pour délicatement l'ouvrir, rabattant un à un ses quatre côtés. Alors qu'elle s'attendait à découvrir de surprenants bibelots ou reliques rarissimes, elle ne trouva qu'un amoncellement de livre grisâtres.
Celui qui se trouvait sur le dessus de la pile était dénué de la moindre inscription. La sorcière qui s'était abaissée, ayant posé un genou au sol, le saisit pour l'observer avec plus de minutie. Elle effleura la couverture rugueuse de ses doigts fins. Cette matière ne lui évoquait rien, elle était rigide et légèrement en relief, froide comme si elle avait été de métal. Sa finesse et malléabilité empêchaient néanmoins qu'elle soit constituée de cette matière.
Elle cessa de l'inspecter puisqu'elle se détoura d'elle pour se concentrer sur ce qu'elle dissimulait. Ce n'était rien d'autre qu'un carnet de notes. L'écriture lui était familière puisqu'il s'agissait de la sienne. Elle n'était pourtant pas l'auteure de ces mots. Les lignes noircies contenaient en effet des phrases qui n'avaient pas le moindre sens, c'était à peine si on pouvait les considérer comme grammaticalement correctes.
Fronçant les sourcils, elle délaissa le calepin pour en saisir un nouveau. Il était formellement identique au précédent, et ce en tous points. À l'instar de tous les autres. Elle était incapable de comprendre ce qu'il se passait et l'atmosphère pesante ne l'aidait pas à relativiser. Dans le dernier des journaux cependant figurait un élément que ne contenait pas les autres. Une photo qu'Héra se hâta de rattraper s'en échappa. La scrutant, elle put y voir une femme aux côtés d'une adolescente. Toutes deux paraissaient si heureuses, se lançant un regard complice et riant. Ça n'aurait pas été si particulier s'il ne s'était pas agit d'Héra et sa mère. Jamais cette dernière n'avait pu voir sa fille à cet âge. Elle était morte depuis bien trop longtemps déjà, laissant un vide immense dans l'existence de l'enfant que jamais elle n'avait su combler.
Par Héra Greengrass
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