Les vagues du passéMatin du Jour 3 ~ Avec Drago Malefoy Combien de temps, combien de secondes, de minutes ? Elle osa un bref coup d’œil et eut la vision de sa masse de cheveux ondulant dans un flou bleuté. Juliet referma bien vite ses yeux, le sel l’irritait. La jeune femme se sentait au bien, au fond de l’eau. Le liquide chaud à souhait semblait glisser contre sa peau. Elle avait la sensation d’être libre, libre de toutes mauvaises pensées, de tout mal-être. Ici ne restaient plus que le calme et le silence. Juliet aurait pu s’abandonner, se laisser totalement aller, la sorcière était sereine. Et pourtant, ses poumons la brûlaient. La douleur devenait si forte, à chaque un instant un peu plus, si bien qu’elle se sentit rappelée dans la vie réelle. Ce fut sa tête qui émergea en premier, et elle inspira longuement, laissant ses poumons se remplir à nouveau d’oxygène. Epuisée, Juliet sortit de l’eau et se laissa tomber sur sa serviette à même le sol, le sable fin qui s’y était infiltré collant sur l’épiderme humide de la jeune femme. Elle resta immobile et profita d’une brise passagère ainsi que de la vue magnifique qui s’offrait à elle. Une petite crique qu’elle avait dénichée à l’écart des autres touristes avec une minuscule plage de sables fin ombragée par de grands arbres aux longues feuilles vertes dont la jeune Ollivander ne connaissait pas le nom. Un paradis perdu, rien que pour elle, où elle avait la possibilité de profiter de cet endroit qu’elle aimait tant, la mer. Bercée par le léger clapotis des vagues, Juliet resta pensive sur sa serviette, les yeux perdus dans des brumes connues d’elle seule. Il était bon de faire une pause dans sa vie, de cesser de se demander comment agir, comment se comporter, de songer au travail qu’il restait au faire, au temps qu’il faudrait pour réaliser telle chose. Depuis son retour en Angleterre, la vie de la jeune femme était mouvementée, elle n’avait eu que très peu d’instants de répit et passait son temps à sortir de sa zone de confort. S’arrêter ainsi était bénéfique et lui permettait de souffler un peu. Peut-être n’avait-elle pas regardé plus loin que le bout de son nez en acceptant sans trop réfléchir ces vacances curieusement offertes par le ministère, mais elle ne le regrettait pas. Sentant ses paupières devenir lourdes, jeune Ollivander se reprit, s’asseyant pour chasser le sommeil qui arrivait à grand pas. Elle avait fait le choix de venir se baigner dans cette crique déserte dès son réveil, sans même prendre le temps de manger. A présent, elle était affamée et l’idée d’un bon petit-déjeuner la faisait saliver. Peut-être même trouverait-elle la motivation de se préparer des œufs et du bacon. Nager, ça creusait ! Son estomac criant famine, la blonde se leva complètement et enfila sa petite robe blanche en coton, même si ses cheveux mouillés dégoulinaient et son maillot de bain n’était pas encore sec. Elle récupéra les quelques affaires qu’elle avait pris avec elle et quitta tranquillement la petite plage.
Drago était de bonne humeur aujourd'hui. Le troisième jour était entamé, ce qui signifiait qu'il ne lui restait que deux journées supplémentaires à endurer. Tout le monde semblait se réjouir de ce séjour improvisé, mais pas lui. Sans parler de la générosité plutôt louche dont le ministère avait fait preuve pour l'occasion, le blond ne supportait pas le soleil et encore moins les vacanciers en tenue de plouc qui se pavanaient de plage en plage. Pour lui, c'était BeaufLand dans toute sa splendeur, une parade ridicule dont il aurait préféré se tenir éloigné, et d'ailleurs il n'aurait certainement pas fait le déplacement si on ne l'y avait pas forcé. S'il prenait seulement la peine de creuser plus que ça dans les tréfonds de sa mémoire à court terme, il pouvait admettre que quelques instants avaient été appréciables, notamment avec Héra et Pansy. Mais creuser si loin pour faire preuve d'optimisme lui était trop délicat. Le blond avait une réputation à tenir, et jamais il n'aurait voulu cautionner toute cette mascarade par une faiblesse aussi apparente qu'un sourire. C'est pourquoi Drago se contentait de promener son minois glacial de sa chambre à la plage en passant par le bar, pour faire acte de présence et imposer son dédain, et par désoeuvrement aussi.
Ce matin-là, et comme tous les matins, Drago voulait son thé noir. Rien de tel pour bien commencer la journée, et ça faisait partie de son rituel. Ce n'était clairement pas dans son bungalow minable qu'il allait pouvoir s'en concocter un, et les elfes de maison n'étaient visiblement pas une main d'oeuvre populaire sur cette île pour servir les plus grands. Il s'était donc résigné à se rendre au bar de l'hôtel par lui-même pour obtenir satisfaction. En chemin, le mangemort repenti grimaçait. Son dos lui faisait atrocement mal et pour cause, son lit - ou plutôt son matelas de deux centimètres d'épaisseur - lui faisait vivre des nuits d'enfer. Chaque fois qu'il voulait s'endormir, le malheureux devait ingurgiter une bonne dose de potion de sommeil sans rêve sinon son état en patissait d'autant plus le lendemain. Justement, il lui semblait qu'il n'avait pas assez corsé son breuvage la nuit dernière, raison pour laquelle il déambulait un peu hagard sur les pavés, jusqu'à bousculer une jeune femme qui passait par là sans possibilité d'anticiper sa silhouette.
- Navré, avoua-t-il sans conviction, éteint et exaspéré, avant de planter ses yeux clairs dans ceux de la passante.
Bien vite, il plissa ces mêmes yeux clairs pour assainir sa vision fatiguée. Etrange, les traits de cette jeune femme lui semblaient familiers. Ces cheveux aussi blonds que les siens, cette allure fine, ce regard profond qui lui répondait comme un miroir, cet éclat craintif qu'il avait connu plus malicieux...
- Ollivander ? lâcha-t-il à demi-mot sans trop y croire.
Pas de doute, c'était Juliet. Une petite Serpentard de leur bande, à l'aube de leurs premiers émois d'écolier, qui avait disparu de la circulation trop tôt, à l'issue de leur seconde année d'études. Il n'avait pu lui en vouloir, bien trop jeune pour saisir les raisons de ce départ prématuré, mais des questions étaient restées en suspend. Pourquoi Juliet avait quitté Poudlard ? Pourquoi avait-elle migré vers un autre continent ? Les réponses qu'il avait déduites à l'époque étaient assez banales ; probablement des histoires de famille, la vie et ses imprévus, ni plus ni moins. La revoir ici, toujours hors des terres anglaises, était d'autant plus surprenant. Il ne put limiter la malice de son rictus en réalisant que c'était bien elle qui se tenait devant lui. Une vieille copine de classe refaisait surface comme un fantôme... C'était à couper le souffle et, en même temps, un heureux hasard. Contrairement à d'autres spectres sur le retour, Juliet ne le confrontait pas à son sombre passé, seulement au temps regretté de l'insouciance. Un âge tendre et parfois cruel sur le plan enfantin, à mille lieues de la guerre et ses séquelles plus adultes... Juliet le renvoyait à sa propre insouciance et ce sentiment n'était pas désagréable.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Question un peu bête mais elle était sortie spontanément.
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» Mar 22 Mai 2018 - 0:52
Les vagues du passéMatin du jour 3 ~ Avec Drago MalefoyJuliet s’appliquait à replier sa serviette du mieux qu’elle le pouvait tout en marchant. Une tâche d’ailleurs plus compliquée qu’elle ne pouvait en avoir l’air. Toute son attention concentrée sur l’essuie, la jeune femme ne prit pas garde lorsqu’elle parvint à une intersection qui signait son entrée dans l’espace colonisé par les touristes. Et évidemment, ce qui devait arriver arriva, l’un d’eux la bouscula et sa serviette à peu près parfaitement pliée tomba sur la terre poussiéreuse qui bordait le chemin de pavé. Dans une frustration immense, bien que pour une chose futile, le blonde se tourna vers le maudit qui l’avait heurtée.
-Navré, lâcha-t-il uniquement, d’une voix grave aux accents fatigués.
La sorcière oublia immédiatement jusqu’à l’existence de la serviette. Si elle s’était attendue à ça… Elle l’avait déjà reconnu de loin plusieurs fois dans la semaine et était restée éloignée tant qu’elle le pouvait. Mais avoir Drago Malefoy en face de soi c’était incomparable. Un Malefoy qui semblait d’ailleurs ne pas être dans son état normal. Sa trajectoire était oscillante et chancelante, et son regard clair brumeux, si bien qu’elle en vint à se demander s’il n’était pas alcoolisé. Mais il était passé si proche d’elle qu’elle avait presque pu sentir son haleine qui était apparemment dénué de relents d’alcool. Juliet resta pétrifiée face au blond soudain surgi du passé qui la détaillait. Une fraction de seconde plus tard, un éclair de lucidité apparut dans ses froides prunelles. Il l’avait reconnue. Se doutait-il qu’elle aussi ? Lui comme d’autres de ses anciens camarades représentait tout ce que la jeune Ollivander cherchait à fuir. Une tranche de vie révolue, bien trop heureuse et dont le souvenir restait douloureux.
-Ollivander ? demanda-t-il dans un souffle.
-Malefoy. murmura la sorcière sur le même temps.
En un instant, Juliet se sentait redevenir la gamine de treize ans qu’elle avait été, avant que sa vie prenne un tournant décisif. Et c’était tout ce à quoi elle tentait d’échapper depuis la nouvelle de la mort de ses parents, lorsque la jeune femme s’était rendu compte qu’elle était restée bloquée avec les émotions d’une adolescente en cherchant à les cacher trop profondément… Et aujourd’hui, comment réagir ? L’homme qui venait de prononcer son nom était un inconnu. De lui elle ne conservait que le souvenir d’un jeune garçon et l’information qu’il n’était autre qu’un ancien Mangemort. En somme, aucune de ses connaissances ne pouvait l’aider à appréhender celui qui se tenait devant elle. Ils avaient été amis, pour sûr, mais dans une époque qui semblait floue de par le temps qui s’était écoulé depuis.
La jeune femme observa Malefoy. Son physique était sans surprise, son teint pâle, sa tenue élégante et chic dès l’aube et ses cheveux blonds si ressemblants à ceux de Juliet et pour lesquels ils avaient presque pu être pris pour frère et sœur. Mais dans ses yeux clairs paraissaient pourtant plus sombres que jamais, son regard impénétrable. Les yeux étaient le reflet de l’âme disait-on, et la sorcière ne pouvait qu’apprécier. Ceux de Drago s’efforçaient de rester le plus illisible possible, mais elle pouvait tout de même y percevoir une lueur tourmentée ainsi qu’une fatigue continue, bien loin de la lumière vivante, rusée qui éclairaient autrefois le visage de Drago Malefoy. Mais Juliet voulait bien admettre qu’elle-même devait avoir bien changé depuis tout ce temps, ses propres prunelles livrant probablement un tout autre message que celles de l’apprentie sorcière. Alors qu’un rictus étrange naissait sur son visage, Drago prit enfin la parole, alors que la blonde ne savait que dire, brisant un lourd silence qui s’était instauré entre eux deux dans l’allée vide.
-Qu’est-ce que tu fais là ?
Juliet ne put retenir une esquisse de sourire, tant par surprise que par nervosité. De la part de Malefoy, elle ne s’était pas vraiment attendue à une phrase aussi simple que celle-ci, il allait droit au but. En tout cas, il avait vite repris ses marques, n’hésitant pas un seul instant sur l’emploi du tutoiement. La jeune femme tâcha de lui répondre avec le plus d’assurance possible, mais incapable toutefois de retenir un soupir :
-Je suis en vacances. Je suppose que je ne fais pas vraiment dans l’originalité.
Son ton s’était révélé très froid, et consciente que par simple politesse elle ne pouvait pas se contenter de cette banalité, elle ajouta sans conviction :
-Je ne m’étais pas vraiment attendue à te voir ici. Tu vas bien ?
Une vague politesse qui sonnait plutôt mal, doublée de ce qui pouvait être considéré comme un mensonge puisque Juliet avait déjà constaté la présence du sorcier ces derniers jours.
Je suis en vacances. Je suppose que je ne fais pas vraiment dans l’originalité, répondit simplement la blonde. Je ne m’étais pas vraiment attendue à te voir ici. Tu vas bien ?
S'il allait bien ? Il dormait mal, le soleil le rendait écarlate, et la population de l'île l'irritait. D'ailleurs l'événement dans son entièreté le débectait, mais à part ça il se portait comme un charme.
- Ca va, lâcha-t-il sans conviction.
Drago était un râleur professionnel mais il savait quand s'abstenir. Or, retrouver une camarade de longue date faisait partie de ces moments où livrer sa mauvaise humeur n'était pas bienvenu, même si ses traits crispés en disaient long. Inutile de rentrer dans les détails de son calvaire. Pour l'heure il se contenterait de ne pas faire trop mauvaise impression.
- Donc tu es en vacances, paraphrasa-t-il en pensant que ce cadre ne serait définitivement pas son premier choix pour s'accorder une pause détente. Et tu vis toujours en Amérique ?
Il se souvenait parfaitement du départ de la jeune Ollivander, en seconde année, pour l'autre continent. Peut-être y avait-elle construit sa vie ? S'était-elle mariée ? Travaillait-elle ? Une vague de questions l'assaillit, comme si le cas Juliet poireautait depuis tout ce temps dans la section des affaires non-classées des étagères de sa mémoire, comme un mystère non-résolu.
Avant même d'obtenir une réponse, l'alchimiste se sentit faiblir. Encore cette satanée fatigue... Il passa une main fébrile sur sa nuque pour la débloquer et enquilla :
- J'allais me prendre un thé, marmonna-t-il, tu te joins à moi ?
Si elle pouvait lui faire un bref résumé en chemin, ça l'arrangeait...
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» Mar 1 Jan 2019 - 21:55
Les vagues du passéMatin du jour 3 ~ Avec Drago MalefoyJuliet se sentait mal à l’aise. Elle avait longtemps imaginé qu’est-ce que ça lui ferait de retrouver un de ses anciens camarades. L’adolescente s’était longtemps accrochée à l’espoir de les revoir. Mais la jeune femme avait grandit, elle avait essayé de passer à autre chose. Et face à cet homme qui portait dans son sillage le fantôme du garçon qu’il avait été mais qui aujourd’hui n’était plus pour elle qu’un inconnu, elle ne savait comment se comporter.
Drago ne semblait pas trouver la situation plus confortable qu’elle. La blonde voyait bien son visage crispé, ses yeux dans le vague.
-Ca va, répondit-il brièvement.
Et cette nonchalance dont il faisait preuve… Apparemment il économisait ses mots, ses phrases étant les plus courtes possibles. Juliet ne voyait rien à répondre à cela. Peut-être que c’était l’occasion de couper court à la discussion et d’en profiter pour aller prendre ce petit-déjeuner qu’elle attendait tant. Mais le sorcier n’en avait pas fini.
-Donc tu es en vacances. Et tu vis toujours en Amérique ?
Un Drago Malefoy qui s’intéressait de cette façon aux autres avant de raconter sa vie, c’était une nouveauté. Encore une preuve qu’elle ne pouvait se fier à ce qu’elle savait sur son ancien ami. Du temps était passé, impitoyable, et les gens – à commencer par elle-même – avaient changé.
-Je ne crois pas non, commença-t-elle avant de s’arrêter, les sourcils froncés, s’apercevant de l’absurdité de cette réponse.
Juliet ne le croyait pas, elle ne vivait plus en Amérique. Bien sûr qu’elle avait quitté les Etats-Unis, elle avait commencé à s’installer à Londres, acheté un appartement, faisait les démarches pour obtenir un emploi qui lui plaise. Mais d’un autre côté, même après avoir effectué toutes ces démarches, la jeune femme réalisait difficilement que l’Amérique était derrière elle. Bien qu’elle n’ait jamais souhaité s’intégrer complètement, elle s’était attachée aux Etats-Unis, aux Blake, cette famille qu’elle avait tout d’abord rejetée. Elle avait aimé New York et son tumulte, s’était tout de même – bien que difficilement – fait quelques amis. Ce pays avait été pendant un certain temps son foyer, et allait peut-être finalement lui manquer, alors même qu’elle était de retour sur sa terre natale.
Drago semblait… s’étirer ? Il n’avait vraiment pas l’air en forme. Avant qu’elle n’ait eu le temps de continuer il demanda :
-J’allais me prendre un thé, tu te joins à moi ?
Juliet hésita un instant. La possibilité de s’échapper lui paraissait alléchante, d’autant plus que la perspective d’œufs et de bacon lui faisait de l’œil. Mais d’un autre côté... la jeune femme avait souvent fuit, évitant les confrontations. C’était finalement elle qui avait cessé toute correspondance avec ses amis lors de son départ, qui avait refusé de revoir les Ollivander, qui le refusait d’ailleurs encore maintenant. Peut-être que pour une fois elle pouvait juste rester. Et puis un thé ça ne se refusait pas. Elle acquiesça et le suivit. Drago lui lança un regard qui l’incita à poursuivre. La jeune Ollivander s’efforça d’être claire :
-Non, j’ai décidé de revenir en Angleterre assez récemment. L’envie de renouer avec le pays, de finalement faire ma vie ici. Et il était temps de récupérer l’héritage de mes parents, après sept ans.