Le mystère qui englobe la naissance est quelque chose qui a toujours intrigué Baylee. Sans doute à cause de parents absents du tableaux familial. Personne n’a su lui expliquer les circonstances de son arrivée à l’orphelinat. Tout le monde semblait surpris que personne ne sache vraiment comment elle était arrivée là, mais c’était un fait. Baylee était au sein de l’orphelinat depuis vraisemblablement toujours. De ce fait, elle s’est toujours posé un tas de questions, qui seront sans doute à jamais sans réponse.
L’enfant a grandi au milieu des moldus, sans jamais se douter d’avoir des facultés magiques. Après tout, quel orphelin n’aurait jamais rêvé d’être aussi exceptionnel. Baylee était de nature insouciante à cette époque, avec des rêves pleins la tête, des amis à n’en plus compter et une situation stable. C’est d’ailleurs dans les premières années de sa vie qu’elle se taille une amitié inoubliable et qui ne pourrait être brisée par rien ni personne. Cet ami, c’était Tom. Les circonstances qui les réunissaient n’avaient rien d’un hasard. Tous deux orphelins, ne sachant rien sur leur naissances respectives, voilà qui créait forcément des liens.
Ensemble, ce duo créait toutes sortes de problèmes. Des farces, ils en connaissaient un rayon. La rébellion et le refus de se soumettre à l’autorité, c’était leur art. Ensemble, ils étaient des troubles-fêtes, n’ayant jamais pu se faire adopter. Peu leur importait. L’adoption, c’était pour ceux qui avaient besoin d’une famille. Mais eux, ils n’avaient pas besoin de ça. Ils étaient déjà une famille.
En grandissant, les coïncidences ne cessèrent de se répéter. Baylee et Tom découvrirent ensemble leurs facultés magiques lors d’une farce qui commençait à virer au désastre. Si on lui demandait aujourd’hui, Baylee ne se souviendrait pas de la farce en question ni même quel était le désastre à l’époque. Elle répondrait simplement qu’elle se souvient encore de la fascination et de la sensation enivrante qu’elle ressentait au moment des premières manifestations de magie. C’est alors tout naturellement que les deux comparses reçurent respectivement leurs lettres pour Poudlard.
En 1983, Poudlard accueillit deux nouveaux sorciers. Ils furent répartis à Gryffondor. Baylee n’en fut pas tellement surprise lorsqu’elle appris que sa maison rassemblait activement les sorciers braves et hardis. Cela correspondait typiquement à son profil ainsi qu’à celui de son ami. Ainsi donc, les années passaient. Baylee était une élève considérée comme prodigieuse. Pourtant, elle échoua volontairement à ses examens, créant consternation et ébahissement de tous. Elle se souvient notamment d’une discussion particulièrement virulente avec le professeur MacGonagall, qui ne comprenait pas le pourquoi du comment.
D’après la brune, c’était une protestation silencieuse contre le système qui ne favorisait que certains élèves. «
Pourquoi seuls les sorciers forts dans les matières, que les professeurs ont sélectionné, devraient réussir ? Il y a un tas d’élèves qui ne sont pas forcément bons en métamorphose ou en astronomie et qui pourtant sont très doués en magie culinaire, ou magie ménagère ! » Cela semblait être un argument en béton d’après-elle. Tom avait ricané en écoutant son amie parler et défendre la veuve et l’orphelin. Mais il se fit vite corriger par leur directrice de maison, en avançant qu’il était aussi stupide et impétueux que son amie.
Avec le recul, Baylee se demande encore si cette rébellion était efficace. Peut-être bien que non, mais à l’époque, cela lui semblait être la chose bonne et juste. Ensemble, Tom et Baylee quittèrent Poudlard sans diplômes, avec le peu de connaissances qu'ils avaient. C'était absurde et irréfléchi avec un peu de recul. Mais Baylee était satisfaite simplement d’être en compagnie de Tom, le meilleur ami que tout le monde rêverait d’avoir.
En sortant de l’école, Baylee trouva du travail en tant que serveuse au Chaudron Baveur. Tom, quant à lui, trouva un petit emploi en tant que préparateur d’hiboux à la Gazette du sorcier. Deux emplois sans ambition, qui convenait très bien au duo inséparable. Leurs vies étaient simples, sans soucis ni chichis. Elle n’était pas aussi excitant que Baylee se l’était imaginée, et elle regrettait parfois de ne pas avoir quitté l’Angleterre. Peut-être que partir à l’étranger aurait pu lui apporter quelques réponses… Il n’était jamais trop tard.
Cette idée continua à se développer dans son esprit, germant telle une fleur sauvage. L’impulsion, ce n’était pas tellement une de ses qualités ou de ses défauts. Pourtant, après s’être torturée pendant plusieurs mois - même années, elle quitta son job et proposa à Tom de la suivre. Ce dernier refusa. Baylee se sentait trahie, déchirée et brisée. Tom, son frère, son ami, sa famille, ne voulait pas la suivre dans cette nouvelle aventure. Il s’était posé dans un appartement, s’était fiancée avec une sorcière de sang-pur (cela avait d’ailleurs surpris la lionne au vu de leurs origines douteuses), et avait tout un tas de plans d’avenir. Et partir en cavale à travers le monde n’en faisait pas parti.
Baylee fut submergée par la déception, la frustration puis par la colère. Une dispute s’en suivit, une dispute qui serait leur dernier contact et les dernières paroles adressées. L’orpheline quitta l’Angleterre en 1994, sans un regard en arrière pour sa seule famille. Ce voyage s’annonça fastidieux, compliqué… Par où commencer ? Son physique la poussait à se diriger aux Etats-Unis et en Amérique latine. Peut-être qu’elle trouverait quelque chose là-bas ?
Mais plus la sorcière cherchait des racines familiales, moins elle avançait dans sa quête. Elle se plaisait à découvrir de nouvelles cultures, des personnes nouvelles, mais cela ne comblait toujours pas ce vide qui s’était creusé dans son coeur à son départ. Baylee l’ignorait volontairement, prétendant ne pas savoir ce qui causait ce sentiment. Pourtant, aujourd’hui, elle regrette tellement d’avoir fait cela. Si elle avait su combien elle avait été idiote, elle ne s’en serait jamais voulue d’être partie en se disputant avec Tom.
Cette tristesse ne fit qu’empirer en 1997, à la réception d’un hibou. La lettre l’avait surpris bien évidemment, personne ne lui écrivait. En réalité, il n’y avait personne pour lui écrire. Elle se souvient d’avoir retourné l’enveloppe plusieurs fois, en essayant de reconnaître l’écriture, mais rien n’y faisait. Elle déchira alors le papier. Son coeur tomba, et les larmes lui brulèrent les yeux. Sa gorge s’était nouée, et une envie de vomir s’empara d’elle.
« Baylee,
Je me permets de t’écrire cette lettre. Je ne sais pas comment mettre les formes à ces choses, je ne sais pas si je fais bien les choses, mais il y a une chose dont je suis certaine. Tu dois connaître la vérité. Mon bien aimé époux, Tom, est mort. Il a été tué par tous les sorciers de Grande-Bretagne, une trahison de tous. Il a été accusé d’être un fervent partisan de Voldemort, mais toi comme moi savons que cela est impossible. Pas Tom. Dans la peur d’être arrêté, il a fuit, contre mes conseils. Et finalement, c’est un Mangemort qui est venu à bout de lui. Baylee, tu dois revenir ici, pour moi, pour lui. J’ai besoin de toi.
Margaret Smith-Selwyn. »
Elle relu la lettre une fois, deux fois, trois fois, mille fois… Mais les mots ne changeaient pas, ne bougeaient pas. La notion de temps et d’espace lui échappa. Elle se maudissait, elle se haïssait, se détestait même, de ne pas avoir été la pour sa famille. Elle ignorait même que Tom s’était marié. Elle avait perdu toute occasion de le revoir, se persuadant qu’ils voudraient se réconcilier un jour, en riant que c’était une dispute absurde qui les avait séparés. Mais non, cette réconciliation n’aurait jamais lieu. Jamais.
Ce mot sonna lourd dans son esprit, il sonna faux. Baylee était effondrée. Elle ne se souvint même pas de la manière dont elle est parvenue à Londres. Son corps la portait, mais son esprit avait disparu. La curiosité et la joie qui l’animaient semblaient détruites à tout jamais. Si Tom n’était plus là, la vie ne semblait pas la peine d’être vécue. Elle en était persuadée. Les funérailles avaient eu lieu avec très peu de personnes. En fait il n’y avait que Margaret et elle-même. Personne n’avait fait le déplacement pour un traître. Ou un prétendu-traître. Les soit-disant gentils voulaient ignorer leur erreur, et les soit-disant méchants n’en avaient rien à faire.
Baylee était perdue. Elle avait perdu son seul repère, et la tristesse qui la submergeait semblait sans fin. Après les funérailles, elle quitta Margaret sans un mot, et quitta l’Angleterre à nouveau. Cette fois, c’était l’errance sans but qui l’accueillait. Perdue dans le monde, elle se souviendra vaguement de la célébration de la défaite de Voldemort. Enfin, c’était Margaret qui le lui avait dit. Les deux femmes entretenaient une étrange correspondance, comme si elles n’avaient plus que l’une et l’autre. C’était vrai pour Baylee, mais pas pour Margaret. Malgré tout, elles appréciaient ces échanges épisodiques, pas toujours constructifs.
Les mois passaient pour Baylee, mais rien ne changeait malgré le monde qui tournait. Elle semblait comme figée dans le temps. La tristesse se muait jour après jour en un nouveau sentiment. Cela commençait à la consumer, petit à petit. Et ce n’est qu’après une nouvelle lettre avec Margaret qu’elle comprit ce que c’était : la colère. Baylee était en colère et désirait venger la mort de son ami. La veuve de Tom lui avait parlé d’un certain Gustave G. dans sa dernière lettre, parlant son idéal « Pour le plus grand bien ». Des mots anodins, mais des mots qui semblaient faire sens pour Baylee.
La lionne ne savait pas si Margaret s’était ralliée à lui, mais une chose était sûre à présent, Baylee souhaitait le rejoindre pour remettre les pendules à l’heure. Margaret lui avait vanté les projets d’égalité qu’il mettait en avant, un monde où tous seraient égaux et où il n’y aurait plus d’injustice. Oui, la mort de Tom était une injustice, quelque chose de terrible et d’inhumain. Alors il fallait y remédier. Oui. Pas d’autre choix. Ravivée par un nouveau but, Baylee explora les terres russes, où une rumeur parlait de la situation de Gustave G.. Elle découvrit un pays austère, mais pleins de surprises. La sorcière parvint à son objectif, celui de sa rallier à la cause de Gustave G..
En 2003, Baylee retourna en Angleterre avec pour but de répandre l’idéologie de Gustave G.. A présent devenue un de ses disciples, elle ferait tout pour que les sorciers et moldus comprennent combien tout ce qu’elle avait vécu, elle et Tom, était basé sur l’injustice. Gustave G. lui en donnait les moyens. Passant inaperçue au début, ce n’est que lors d’un attentat qu’elle est repérée. Baylee avait fait une erreur pleine d'arrogance en prétendant ne pas avoir besoin d'un masque et échappa de peu aux aurors qui avaient été appelés sur place pour arrêter les forces opposées.
Elle sortit d’un duel avec de nombreuses blessures, toutes superficielles, et s’échappa, reconnue par un auror qui était un de ses anciens camarades. Baylee se cache à présent dans Londres, et les parties du monde qui accueillent les criminels. Margaret lui rend souvent visite, pour l’aider et la tenir informée des prochaines actions. Parce que malgré tout ça, malgré sa tête mise à prix, Baylee ne reculera devant rien ni personne. Jamais. Pas tant que les assassins de Tom l’auront payé. Pas avant que tous les sorciers de Grande-Bretagne payent le prix à payer.